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Comme les hommes, les peuples et les nations qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département du Calvados et à la bataille de Normandie

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L'étau:
Les maquis,
Les réseaux,
La carte du mur
de l'Atlantique,
La mise à jour
des défenses
du mur de l'Atlantique,
La stratégie d'Hitler,
Commandement et
organisation alliée,
Le dilemme d'Anzio,
le plan de marche
des troupes alliées,
Bombardements
préliminaires
en Allemagne,
L'opération Crossbow,
Le pillage de la SNCF
après l'Armistice
Le plan rail,
Plan vert,
Sabotages et bombardements:
les effets,
Bombardements ultimes,
Les révélations d'Ultra,
Les jedburghs,
Fortitude: Où
repousser les alliés?,
We must give
the order!,
Le parachutage
de la 6ème Airborne,
The bloody Omaha,
Eisenhower
et le D-Day,

L'installation d'Omaha,
La conquête
d'Isigny,

L'attaque
de Trévières,

Le débarquement
sur Gold,

Le débarquement
sur Juno,

Le débarquement
sur Sword,

L'isolement
des têtes de pont,

Ultra au secours
des alliés,
La contre-attaque
allemande contre
les alliés,
Sur le front
américain,
Où est passée
la 2ème Panzer?
La bataille de
Villers-Bocage,
La tête de pont
sur l'Odon,
De Gaulle à Bayeux
Réorganisation
du commandement
allemand,
La bataille
de Caen,
Ultra et le
front britannique,
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10-18 juillet,
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«Goodwood»,
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«Bluecoat»
et «ULTRA»,
Ultra et
le dilemme allemand,
Ultra, Mortain
et Falaise,
Opérations sur
le front britannique
(7-8 août),
PATTON en scène
Le piège de Falaise,

La capture d'Alençon
par la 2ème DB,
La prise de Carrouges,
La conquête d'Ecouché,
L'étau,
Opérations anglo-
canadiennes du 9 au
12 août 1944,
Opérations alliés
du 13 au 20 août,
La fermeture de
la poche de Falaise,
La bataille du
Mont-Ormel-Coudehard,
Sauve qui peut!

Maquis et résistance, renseignements, débarquement des alliés et libération du Calvados
(suite de la page 3)

La zone est des Moulins jusqu'à Saint-Laurent sera beaucoup plus disputée par deux bataillons du 116ème R.I. qui seront arrêtés au sud-ouest aux portes de Saint-Laurent, tandis les réserves flottantes du 115ème R.I, équipées d'armes lourdes approcheront le village par le Nord-Est et le reste du 115ème s'assembleront au sud-ouest, toujours sur l'ordre du Gerow. Des combats confus vont se dérouler pendant une bonne partie du reste de la journée, les combattants américains continuant à se renforcer avec le débarquement du 18ème R.I. du Brigadier général Willard G.Wyman, accompagné de son adjoint, bientôt suivi par le 26èmeR.I. qui prendront des positions défensives pour la nuit.

La position du Vème Corps d'armée qui manquait de tout (manque de véhicules blindés ou non, d'artillerie, de munitions et d'approvisionnements) était inconfortable car seulement enfoncée d'un mile et demi en profondeur entre St-Laurent et Colleville et de plus, les soldats du Vème Corps d'armée US enterraient leurs morts. le bilan de la journée sur Omaha s'établissait à plus de 2.000 morts ou blessés ou disparus. Pourtant, l'armée allemande ne cherchera pas à reprendre le terrain perdu: les alliés avaient en effet fait débarquer près de 150.000 hommes et, sous l'effet de Fortitude, les Allemands qui croyaient avoir affaire à une attaque de diversion étaient de fait noyés par la masse des assayants...

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Vue aérienne d'Omaha beach à D + 1.
Cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
A 1000, la défense allemande sur le glacis (NDR: traduction faite du mot "draw" utilisé içi de façon très "imagée" par les militaires américains) de Saint-Laurent est tombée entre les mains du 2ème bataillon du 18ème R.I. Pendant ce temps, deux bataillons du génie aménagent les sorties de plage sous la potection des armes lourdes du 3ème bataillon du 116ème R.I., qui sont enfin parvenues à leurs destinataires et le soutien des canons d'un destroyer. Cette fois, l'artillerie et les armes lourdes peuvent commencer à débarquer sur Omaha la sanglante, tandis que les fantassins américains dans l'arrière pays s'abritaient derrière les premières rangées de haies normandes qu'ils découvraient.

Désormais, l'action militaire du D-day sur Omaha devra être consacrée à la conquête des zones de Vierville-sur-Mer, Saint- Laurent, et Colleville. Des actions menées séparément et non coordonnées. Vierville-sur-Mer est tombée entre 1000 et 1100 entre les mains de quelques 600 hommes appartenant aux 1er et 2ème bataillons du 116ème R.I. auxquels était joint le 5ème bataillon de Rangers, contraint de contourner une mitrailleuse allemande.

La zone est des Moulins jusqu'à Saint-Laurent sera beaucoup plus disputée par deux bataillons du 116ème R.I. qui seront arrêtés au sud-ouest aux portes de Saint-Laurent, tandis les réserves flottantes du 115ème R.I, équipées d'armes lourdes approcheront le village par le Nord-Est et le reste du 115ème s'assembleront au sud-ouest, toujours sur l'ordre du Gerow. Des combats confus vont se dérouler pendant une bonne partie du reste de la journée, les combattants américains continuant à se renforcer avec le débarquement du 18ème R.I. du Brigadier général Willard G.Wyman, accompagné de son adjoint, bientôt suivi par le 26èmeR.I. qui prendront des positions défensives pour la nuit.

La position du Vème Corps d'armée qui manquait de tout (manque de véhicules blindés ou non, d'artillerie, de munitions et d'approvisionnements) était inconfortable car seulement enfoncée d'un mile et demi en profondeur entre St-Laurent et Colleville et de plus, les soldats du Vème Corps d'armée US enterraient leurs morts. le bilan de la journée sur Omaha s'établissait à plus de 2.000 morts ou blessés ou disparus. Pourtant, l'armée allemande ne cherchera pas à reprendre le terrain perdu: les alliés avaient en effet fait débarquer près de 150.000 hommes et, sous l'effet de Fortitude, les Allemands qui croyaient avoir affaire à une attaque de diversion étaient de fait noyés par la masse des assayants...

Le D-day et Eisenhower

Quand il a visité en destroyer les cinq plages de débarquement en Basse-Normandie au soir du 6 juin 1944 et parlé avec les principaux commandants des Corps d'armée, ainsi qu'avec Bradley et Montgomery, le général Dwight D. Eisenhower a pu se faire une opinion sur les résultats de la journée du D-Day. Il a également pu constater que si tous les objectifs de la journée n'avaient pas été atteints, les Allemands avaient du céder du terrain sous la masse des forces alliées qui leur était opposées. Ainsi, se vérifiaient dès le premier jour du débarquement la validité des opérations de tromperie de "Fortitude" combinée avec la puissance du plan de paralysie du réseau ferré, et la chasse aux réserves de carburant menée par l'Aviation. Quant à la résistance des Allemands sur Omaha Beach, elle validait la clairvoyance des opérations de tromperie conduites et contrôlées jusque dans leurs plus petits détails. Le résultat aurait-il été aussi patent si les 100.000 soldats allemands expérimentés du LXVIIème Corps d'armée de la XVème Armée allemande, massés, dans l'attente d'un hypothétique débarquement allié dans l'ouest du département de la Somme, s'étaient trouvés en Normandie?

La réponse à cette question est évidemment négative. Toujours est-il qu'Eisenhower demanda, dès ce soir là que, sous la houlette de Montgomery et Bradley, les corps d'armée débarqués se tiennent d'un seul tenant en continu, ce qui contraignit effectivement les états-majors de Corps d'Armée à instituer une coordination continue de leurs actions militaires avec les états-majors voisins pour établir une seule tête de pont continue. Outre la prise d'urgence des villes d'Isigny et de Carentan, le Commandant suprême a exigé que l'on prépare, dès le lendemain, l'installation de pistes d'aérodromes (sous la protection des canons de la marine) pour permettre aux chasseurs-bombardiers d'appui des troupes terrestres d'agir sur place et non plus depuis la Grande-Bretagne (gain de temps dans les interventions de l'ordre de 30 minutes). Dès le surlendemain, ces ordres étaient exécutés et les premières formations de chasseurs-bombardiers (surnommés les "jabos" par les Allemands) s'installaient sur le sol français.

A ce propos, le général Eisenhower a livré les commentaires suivants dans son rapport sur "les opérations en Europe des Forces alliées" (1):
«Le manque d'infanterie fut la raison la plus déterminante de la défaite ennemie en Normandie, et s'il fut incapable de pallier cette faiblesse, ce fut surtout à cause du succès des menaces alliées dirigées sur le Pas-de-Calais. Cette menace, qui s'était déjà révélée si fructueuse en trompant l'ennemi sur les véritables objectifs de nos préparatifs d'invasion, se prolongea après le 6 juin. Elle eut pour résultat essentiel de clouer la XVème Armée (allemande) à l'Est de la Seine, alors que nous construisions notre force dans la base de départ (NdR: traduction de «lodgement») à l'Ouest. Je ne puis pas assez exagérer l'importance décisive de cette très heureuse menace, qui nous rapporta d'énormes profits, tant au moment de l'assaut, que pendant les opérations des deux mois suivants. La XVème armée allemande, qui, si elle avait été engagée dans le combat (en Normandie) en juin ou juillet, aurait sans doute pu nous battre par le simple jeu des effectifs, resta l'arme au pied dans toute la période critique de la campagne. ce n'est que lorsque la percée fut réalisée (opération Cobra) que ses divisions d'infanterie furent amenées à l'Ouest en franchissant la Seine, trop tard pour exercer la moindre influence sur le cours de la victoire.»
Sur la question de l'installation des aérodromes pour chasseurs-bombardiers, il a indiqué dans le même ouvrage (1):
«Un facteur essentiel pour assurer les succès de nos opérations aériennes d'appui rapproché résidait dans la création de pistes d'atterrissages sur le sol français, à partir desquelles nos avions de chasse pouvaient travailler. On entreprit le travail d'aménagement de ces pistes dès que nous eûmes posé le pied sur la côte et, grâce au remarquable labeur de nos services du génie, je fus en mesure d'annoncer au matin du 9 juin que, pour la première fois depuis 1940, l'aviation alliée opérait en partant du sol français. Moins de trois semaines après le D-day, 31 escadrons de chasseurs bombardiers alliés opéraient à partir des bases de la tête de pont.»
Mais l'on peut être certain que cette visite du 6 juin 1944 du général Eisenhower aux plages de débarquement en Normandie avait bien pour objet de vérifier comment le piège de Fortitude fonctionnait et quelles étaient les mesures d'adaptation à apporter au plan initial de Neptune.

Comme il naviguait à toute vapeur le long des côtes de France, le destroyer qui le transportait racla le fond, ce qui provoqua une telle avarie qu'Eisenhower dut changer de bateau pour rentrer à Porthmouth.

L'installation de la base d'Omaha (2)

Sur les 34.250 hommes débarqués sur OMAHA le 6 juin 1944, la première armée US dénombrera environ 3.000 morts, blessés ou disparus, la plupart du temps au cours des deux premières vagues de l'assaut. La nuit du 6 au 7 juin 1944 avait quelque peu décanté les positions américaines et allemandes, les Allemands s'étaient retirés des positions dans lesquelles il ne leur était pas possible de tenir. Mais dans la journée, cinq divisions de la 1ère armée US devaient être à terre et opérationnelles sur les deux plages d'Omaha et d'Utah, ce qui était plus délicat, ces dernières manquant de chars de moyens de transport et d'artillerie (mais bénéficiant le cas échéant du soutien de l'artillerie de la marine). Mais à Omaha, 100 tonnes seulement d'approvisionnement avaient été débarquées au lieu de 2.400tonnes...

Les opérations sur Omaha beach du 7 au 9 juin 1944
Plan tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Sur Omaha, il subsistait des poches de résistance à nettoyer et des obstacles qui seront déminés à la faveur de la marée basse du matin. Dès le matin, les 1ère et 29ème Divisions d'infanterie US (cette dernière incomplète) opéreront côte à côte de façon à atteindre les objectifs de la veille. Selon les plans dressés par les généraux Charles H. Gerhardt et Cota, la 29ème DI (rejointe dans l'après midi par le 175ème RI) opérait plutôt à l'ouest d'une ligne St-Laurent-Firmigny et la 1ère DI à l'Est, en direction de Gold.

La principale attaque de la 1ère DI US conduira le 18ème RI US sur les collines au nord de Trévières et de Mandeville Mosles au sud de l'Aure. Les autres unités établiront le contact avec les unités britanniques de Gold vers l'Ouest et le Sud-ouest de Port-en-Bessin en prenant la position du Mont Cauvin (sous le contrôle du 16èmeème R.I.). Le reste de la 1ère DI s'est attaché à nettoyer la zone de Colleville. Bien sûr, l'infanterie craignait une contre-attaque de blindés allemands qui ne vint pas, à part quelques chars soutenant l'infanterie allemande du côté d'Engranville, les Allemands étaient beaucoup plus préoccupés par l'avance des unités anglaises qui s'infiltraient autour de Bayeux.

La carte ci-dessus est dressée au niveau des bataillons débarqués dont certains ont rapidement été soutenus par des chars. Les Américains se sont donc assez rapidement emparés des positions entre Hupain et le mont Cauvin, pendant que l'ennemi tentait de résister aux attaques simultanées des américains et des britanniques depuis Port-en-Bessin jusqu'à la vallée de la Drôme. Dans la journée, le 18èmeème R.I. construisit deux passages pour traverser l'Aure et occuper Mosles et Mandeville, tandis que son 1er bataillon, soutenu par cinq chars capturait la hauteur d'Engranville en défaisant une compagnie d'infanterie allemande. Pendant ce temps, le 26èmeème RI, tenant la droite de la division faisait tomber Formigny.

Du côté allemand, les Anglais avaient ouvert le flanc des lignes allemandes, un trou que le général Kraiss tenta de combler avec la 32ème brigade mobile (en vélo) appelée en renfort depuis Coutances. Or, les chasseurs bombardiers, l'artillerie navale et la chute de Formigny menaçait sérieusement la bonne fin de cette mesure qui n'empêcha pas la défense allemande de s'effondrer, ce qui allait quelque peu aider les forces américaines d'Omaha à récupérer leur retard du D-day sans pouvoir pour autant empêcher l'ennemi de s'échapper de la vallée de la Drôme, malgré les ordres d'Hitler de tenir jusqu'à la dernière cartouche.

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le 726ème RI allemand a achevé de s'extirper de ses positions côtières à l'exception de celles du point d'appui de Douvres-la-Délivrande, et au matin du 8 juin, c'était la 352ème DI qui rompait le combat sur l'ordre du général Kraiss qui avait finalement été approuvé par son supérieur, le général Marcks. De ce fait, la 1ère DI US qui contrôlait la route de Bayeux, se mit à converger vers la ville en même temps que les unités anglaises.

Les positions du Vème Corps US entre les 9 et 13 juin 1944
Plan tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Du côté ouest de la zone d'Omaha, les choses n'allaient pas fort pour les deux bataillons de Rangers qui avaient conquis la pointe du Hoc: quelque 90 hommes étaient coincés, entre Vierville et Saint-Laurent, par le 914ème RI allemand et n'avaient pu tenir que parce que 2 LCVP étaient venus à leur rescousse leur amenant 30 hommes en renfort ainsi que des vivres et des munitions. Les 155ème et 116ème RI ne progressaient que lentement, traînant les armes collectives qu'à dos d'homme. Jusqu'à ce que le 116ème RI, commandé par le colonel Canham reçoive l'appui de 10 chars vers midi.

La conquête d'Isigny

Dès lors, la situation des forces allemandes était sérieusement menacée, d'autant plus qu'à 1730, le 175ème RI débarqué au complet était dirigé sur Gruchy et que les 29 canons de la 29ème DI sont débarqués. Le 91ème R.I. allemand et son artillerie de soutien, en réalité déjà malmenés, n'avaient plus qu'à se retirer rapidement de leur position par la route d'Isigny sous peine d'être encerclés et défaits, ce qu'ils vont faire dans la nuit En effet, les américains de la 29ème DI US se concentrent dès le 8 juin sur le verrou d'Isigny qui tombera le 9 juin 1944.

Et, dès le lendemain, les sapeurs américains commencent à aménager les pistes d'atterrissages des aérodromes indispensables, aussi bien pour évacuer les blessés que pour accueillir les chasseurs bombardiers. la construction de ces aérodromes militaires se révèlera particulièrement indispensable après la destruction par la tempête du mulberry d'Omaha dont la construction a été immédiatement entreprise

La chute d'Isigny n'a pas eu seulement pour effet de creuser un trou dans les défenses allemandes de la 352ème DI, elle a eu pour effet de livrer le terrain à la 1ère Armée US d'abord jusqu'aux rives de l'Aure, puis une fois cette rivière traversée, jusqu'aux rives de l'Elle. Enfin, elle allait permettre de combler le trou entre les têtes de pont d'Omaha et d'Utah et de faciliter singulièrement la chute de Carentan. Elle a permis à la 1ère armée a détaché une Task Force pour appuyer la 101ème Airborne dans la consolidation de la capture de Carentan.
Le mulberry d'Omaha en construction.
Il sera détruit par la tempête du 19 juin 1944
Photographies tirées de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison

L'attaque de Trévières

A partir du 8 juin, le Vème Corps d'armée US s'est trouvé dans l'obligation de mettre son aire d'installation avec l'avance des troupes britanniques sur sa gauche (à l'Est). La 2ème DI U.S. commandée par le Major-général Walter M. Robertson qui avait commencé à débarquer dans la journée du 7 juin avait suffisamment d'unités à terre pour prendre position sur le front au nord de Trévières le 9 juin à midi. Son principal objectif était de se saisir de la forêt de Cerisy qui, selon ULTRA, apparaissait comme une aire de concentration des forces d'une probable contre-attaque ennemie.

Alors qu'à l'Est, la 1ère DI US devait fournir son principal effort dur les communes d'Agy, La commune et Vaubadon, la 29ème DI US devait prendre le contrôle de la rive Nord de l'Elle depuis l'Est de la Communette jusqu'à son contact avec les troupes du VIIème Corps. Chacune des unités chargées de l'attaque devaient attaquer à raison de deux régiments de front. Dans le même temps, les positions gagnées depuis le débarquement devaient être organisées en profondeur.

La résistance allemande fut d'abord molle après le nettoyage d'Isigny par les unités de la 29ème DI US. Le 175ème RI poussa vers le sud avec seulement des combats sporadiques contre le 914ème RI allemand. Près de La Forêt, la 352ème DI allemande tenta de défendre un dépôt d'approvisionnement dont l'évacuation lui coûta quelque 125 morts. et en fin de journée, le régiment avait atteint la zone de Lison-la Fotelaie.

Le 115ème RI US reconnut les passages de l'Aure la nuit, durant laquelle le 2d lieutenant Kermi C. Miller à la tête d'une patrouille a défait par surprise une quarantaine d'ennemis et fait une douzaine de prisonniers. Faute d'oppositions ennemies, les passages de l'Aure, contrôlés par les troupes américaines, étaient traversés par deux bataillons à 1100. Bientôt suivis par un troisième qui fut harcelé par des tirs lors du nettoyage du bois de la Calette. avant d'affronter une troupe allemande à bicyclettes près de Vouilly. Poursuivant par la suite son avance au sud de Le carrefour, le régiment à finalement atteint à 0230 son objectif le 10 juin.

Alors que le reste du régiment attendait les ordres pour prendre son bivouac, il fut attaqué par un canon d'assaut de 88mm auquel les fantassins n'avaient rien à opposer. Le 2ème bataillon américain perdit 150 hommes dont 11 officiers dans cette action ennemie, qui n'eût apparemment pas de suite. Le lendemain, le bataillon était réorganisé avec 110 remplaçants et occupait la rive Nord de l'Elle sans problème. De même le 26ème RI US atteignit ses objectifs Agy et Dodigny à la nuit. Le seul troisième bataillon rencontrant de la résistance à la lisière de la forêt de Cerisy.

La bataille de Trévières: 10 juin 1944
Plan tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
C'est au centre du dispositif du Vème Corps que la bataille de Trévières s'est manifestée. en partie à cause de la présence de la 352ème DI allemande fortement retranchée et du manque d'armes lourdes et d'armes collectives de la 2ème DI, U.S. fraîchement débarquée. Finalement une compagnie de Chars et une compagnie de chars Destroyers lui a été attachée. Pendant que le 38ème d'Infanterie attaquait Trévières par le Nord, le 9ème R.I. US contournait la ville par l'Est pour couper la retraite de la route Trévières-Rubercy. Le 2ème bataillon qui avait atteint Engranville au Nord de l'Aure reçut à 1100 l'ordre d'attaquer.Il passa une bonne partie de la journée à batailler sans armes lourdes pour couvrir son flanc des tirs venant de Trévières. A minuit cependant, l'objectif de Rubercy était atteint. Mais 4000 yards séparaient encore le bataillon de la 1ère DI U.S.

Il ne fallait pas être grand expert en stratégie pour comprendre que le contrôle situation de Trévières par les Allemands devenait intenable. Bien que le 38ème RI US éprouve les pires difficultés à manoeuvrer dans les rangées de haies normandes sans mortier, ni même de mitrailleuses... Les Américains étaient donc fréquemment piqués au sol. Jusqu'à ce que 2 batteries du 38ème bataillon d'artillerie viennent les soutenir et que l'intrépidité du Capitaine Omery C. Weathers fasse traverser l'Aura à ses hommes au prix de sa propre vie. Très tard dans l'après-midi, le régiment avait atteint ses objectifs et reçut l'ordre de prendre Trévières qui tombait vers minuit, excepté une petite frange au sud qui ne fut nettoyée que lendemain matin.

La décision d'abandonner Trévières, malgré les ordres formels de l'OKW, avait été prise dès le 9 juin au soir par le général Marcks, commandant le LXXXIV Corps, sur la proposition du général Kraiss afin d'établir une nouvelle ligne de défense dix km plus au sud, avec 2500 hommes seulement, 14 pièces d'artillerie, 16 canons antiaériens et 5 chars. Une misère quoi! Ce que ne savaient pas les 1ère et 2ème DI US, c'est que pendant 2 jours, les 10 et 11 juin 1944, elles se trouvaient devant un trou béant dépourvu de troupes allemandes, (ce que les Américains ont appelé "the Caumont gap" qu'elles auraient pu occuper sans combattre), dont l'occupation immédiate aurait notablement diminué le nombre de morts dans la bataille des haies à venir, alors que Meindl s'efforçait de faire venir sur place à marches forcées les unités allemandes suivantes: la 77ème DI, la 17ème SS PzGr, le 3ème Régiment de parachutistes, le 38ème SS Panzer grenadier Regiment, le 2ème Corps de parachutistes allemands étant spécifiquement chargé de défendre le secteur de Carentan à Saint-Lô.

Le débarquement sur Gold

L'assaut incombait à partir de 7h 25 le 6 juin 1944 à la 50ème division d'infanterie britannique, qui débarquera avec deux brigades la 231ème à droite et la 56ème à gauche. Les unités d'assaut seront opposées à des éléments de la 716ème DI statique de défense côtière (général de corps d'armée Willelhm Richter) et à des éléments de la 352ème DI (général de Corps d'armée Dietrich Kraiss) postés à l'Ouest de Gold beach qui ne sont pas engagés par l'assaut d'Omaha.

A la différence de l'engagement des unités d'assaut américaines, les soldats anglais de la force G pour Gold ont bénéficié d'un bombardement aérien assez efficace et d'un soutien de la Navy assez considérable: six croiseurs (les HMS Pete, Diadem, Orion, Ajax, Argonaut, Emerald) accompagné de 13 destroyers et d'un navire néerlandais, le Flores (3).

Deuxième chance pour les britanniques, les péniches de débarquement délaissent la partie la plus à l'Ouest de Gold divisée en quatre zones (d'Ouest en Est How", "Item", "Jig" et "King"), c'est à dire la partie gardée par 352ème DI. Mais en revanche, le secteur est battu par les batteries de Mont-Fleury, Ryes, Marefontaine, Creully, Crepon et surtout Longues-sur-Mer) qui viennent s'ajouter aux canons de 50 et 75mm sous casemates de la plage. Enfin les fantassins suivent généralement les chars DD et les chars britanniques "fléau" anti mines, à l'exception des compagnies du 1er Hampshire. Un peu avant le débarquement, l'Ajax qui a logé un obus de gros calibre dans deux tourelles de la batterie de 150mm de Longues-sur-Mer. mais la batterie tire toujours avec ses deux autres canons lors du débarquement.(4)

Le village du Hamel, défendu par une unité de la 352ème DI qui a installé un redoutable canon de 88mm à l'Ouest du village, qui contrôle une partie de la plage "Item", donne quelques soucis aux Tommies, qui devront attendre de trouver des chars pour prendre à revers la position allemande pour la contrôler.

Les opérations sur Gold du 7 au 9 juin 1944
Les cercles rouges hachurés représentent les points de résistance allemands
et les barres rouges les batteries allemandes.
Plan extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Mais dans l'ensemble tous les objectifs de la journée sont atteints et le débarquement de la 7ème armoured Division va bon train, malgré une contre-attaque allemande essuyée dans le secteur de Creully-Crépon dans l'après-midi. Le rythme de débarquement et de déminage des quelque 2500 obstacles minés de Gold est bon. La plage étant pratiquement sécurisée dès le soir du 6 juin.

Dès le 7 juin, les britanniques établissent le contact avec les soldats américains de la 1ère D.I. Pourtant les Allemands tiennent toujours une étroite bande de terrains depuis Port-en-Bessin et vers le sud, le long de la vallée de la Drôme, qui constitue une des clés de l'accès à Bayeux. En effet, un trou béant que les britanniques s'appliquaient à approfondir s'était ouvert entre la 352ème DI allemande et l'aile gauche de la 716ème D.I. où le 916ème R.I. allemand s'effritait. C'est en vain que le général Kraiss tentera de boucher ce trou en voulant concentrer la 30ème brigade mobile venant en vélo depuis Coutances au nord Ouest de Bayeux, alors que le QG de Kraiss croyait que la 352ème DI tenait toujours l'arc de front allant de Vaux-sur-Aure à Sommervieux.

Au sud de Bayeux, le Kampfgruppe Meyer a été constitué par le 2ème bataillon du 915ème RI et un bataillon de fusiliers de la 352ème DI, quelque peu disséminée. Malheureusement pour Kraiss, la 30ème Brigade mobile s'effondre, sous les attaques conjuguées de la 50ème division brigade britannique à l'Est et de la 1ère DI américaine à l'Ouest et les artilleurs de la brigade, après avoir épuisé leurs dernières munitions sont contraints de pétarder leurs canons et de combattre à pied. Cependant que les "jabos" et l'artillerie de marine taillent en pièces la partie droite (à l'est) de son dispositif. L'effondrement de ses troupes était si complet que déjà deux bataillons britanniques de la 56ème brigade d'infanterie entraient déjà dans Bayeux. La ville était nettoyée dès midi, de façon à accueillir triomphalement au début de l'après-midi la 7ème Armoured Division!...

Pendant ce temps, sur la côte, le 47ème Royal Marine Commando capturaient Port en Bessin au cours d'un combat rude commençant à 1600 le 7 juin et se terminant le lendemain matin. D'une manière générale, la route de Caen-Carentan est maintenant très occupée. A l'Ouest, par les Américains, sauf dans le secteur très disputé de Trévières. Au centre, par les brigades de la 50ème Division britannique bientôt renforcées par la 7ème Armoured Division dans le secteur de Gold. Et à l'Ouest, par la 3ème DI canadienne dans le secteur de Juno.

Cela n'a pas empêché les éléments de la 352ème DI et du 726ème R.I. allemands de s'échapper dans la nuit du 8 au 9 juin 1944 du piège qui leur était tendu par les alliés dans la vallée de la Drôme, sur l'ordre du général Kraiss, finalement approuvé par le commandant du Corps d'armée défait, le général Marcks. Ce dernier officialisait finalement la ligne défensive de repli constituée par le Kampfgruppe Meyer ligne qui allait depuis l'est de Blay vers Haley pour aboutir au sud d'Agy.

Désormais, les Anglais avaient les mains libres pour construire le mulberry d'Arromanches et pour assurer leur base de départ. Déjà, dans les secteurs d'Omaha et de Gold, les hommes du génie s'affairaient pour construire les premières pistes des aérodromes, formées généralement de treillis soudés posés sur le sol arasé par les bull-dozers, sur lesquelles les premiers chasseurs bombardiers devaient atterrir au plus tard le lendemain matin, conformément aux ordres du patron.

24.970 hommes avaient été débarqués avec leurs matériels et équipements, et la 7ème Armoured division était déjà partie pour Bayeux dès le lendemain du débarquement. L'opération avait coûté quelque 400 morts, blessés ou disparus.

Le débarquement sur Juno beach

Les opérations sur Juno du 7 au 9 juin 1944
Les cercles rouges hachurés représentent les points de résistance allemands
et les barres rouges les batteries allemandes.
Plan extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Le "job" du débarquement était confié à la 3ème division canadienne commandée par le général de division R.F.L. Keller. Les unités d'assaut étaient constituées du Royal Winnipeg Rifles, du Regina Rifles Regiment, du Queen's Own Rifles du Canada et du North Shore Regiment qui avaient, en quelque sorte, pour mission de venger leurs camarades tombés ou faits prisonniers lors du coup de main de Dieppe. Les unités d'assaut qui devaient prendre d'assaut une portion de plage entre Larivière et Langrune-sur-Mer, divisée en trois secteurs, dénommés d'Ouest en Est : "Love", "Mike" et "Nan", pour faciliter l'appui feu de l'artillerie de la marine. étaient accompagnées en soutien, des 8ème et 10ème régiments blindés canadiens équipés de 76 chars DD (DD pour double drive) avec des juppes de toiles graissées censées les faire flotter, suivis des autres "Funnies" inventés par le général Hobbart dont les plus connus sont les chars fléaux ou crabes.(5)

En face d'eux, des éléments de la 716ème division de défense côtière sous le commandement du général de Corps d'armée Willehlm Richter, soigneusement retranchés répartis en trois compagnies du 736ème R.I.... pas plus de 400 hommes. Les canadiens ont répertoriés 7 strong points: WN26 à Langrune-sur-Mer, WN27 à St. Aubin-sur-Mer, WN28 à Bernières-sur-Mer, WN28a à Beny-sur-Mer, WN29, WN30 et WN31 à Courseulles. Ces points fortifiés étaient soutenus par 11 batteries lourdes fixes de 155 mm et 9 batteries moyennes de 75 mm. (6)

Les unités d'assaut se répartissaient en deux secteurs:
  1. Mike à l'Ouest: 2 compagnies du Royal Winnipeg Rifles, une du Canadian Scottish and deux du Regina Rifles, appuyés par des chars du 1er Hussard, avaient pour objectifs Courseulles jusqu'à l'embouchre de la Seulles.
  2. Nan à l'Est : 2 compagnies du Queen's Own Rifles devaient débarquer et prendre Bernières, un petit village du front de mer. 2 autres companies du North Shore (New Brunswick) Regiment devaient capturer St-Aubin, une autre cité côtière. Des chars DD du Fort Garry Horse devaient soutenir les deux groupes, avec Le Régiment de la Chaudière venant du Québec en reserve.
Les opérations ont débuté à 7h45. Comme les premiers chars mis à l'eau ont sombré corps et biens dans la forte houle, les chars ont été débarqués à même la plage, juste derrière l'infanterie sous un déluge de feu. Apparemment la préparation aérienne n'avait pas produit d'effet pas plus que les bombardements par les canons de la marine, qui ont duré une heure et demi et n'ont détruit statistiquement que 14% des défenses allemandes. Et la mer était si démontée dans le secteur, qu'il était impossible aux démineurs de désarmer les pièges de Rommel qui se combinaient avec les rochers à l'affleurement peu visibles avec la marée montante.

Bref, la situation des soldats canadiens étaient comparables à celles des soldats américains à l'assaut de la plage d'Omaha. Sauf que les canadiens ont préféré décharger immédiatement les blindés en soutien sur la plage, qui, à Courseulles-sur-Mer, ont butté sur un fossé antichar haut de plus de 2 mètres.

Les opérations sur Juno du 7 au 9 juin 1944
cliquer 2 fois sur l'image pour l'agrandir.
Plan tiré du site anglais de Wikipedia
Voici quel a été l'essentiel du déroulement de la journée du 6 juin 1944 pour les soldats canadiens à l'assaut de Juno Beach tel qu'il est traduit de la page web de wikipedia (Angletere):
«Le premier jour de l'invasion, il a été dénombré environ 1.000 tués et blessés; aucun enregistrement précis n'avait été réalisé pour préciser combien avaient été tués sur la plage et combien ont été provoqués à l'intérieur des terres. Une fois que les Canadiens ont dégagé la digue (environ une heure après avoir quitté les barges de transport) ils pouvaient avancer vers leurs objectifs dans l'arrière-pays. La suite réservée par les allemands aux débarquements était lente; aucune des troupes mobiles allemandes n'avaient été autorisées à lancer une contre-attaque pour rejeter les Canadiens avant le jour suivant.
«Vers midi, le principal de la 3ème Division canadienne était à terre, avec des éléments de tête ayant pénétré de plusieurs kilomètres pour saisir des ponts traversant la Seulles. vers 18h00, ils avaient conquis la ville de Saint-Aubin-sur-Mer. Une simple troupe composée de quatre chars du 1er Hussard a atteint la ligne de l'objectif final de la division avant la tombée de la nuit (la route de Caen-Bayeux), mais elle a été forcée de se retirer faute d'infanterie de soutien.
«Vers la fin du D-day, la 3ème Division canadienne avait pénétré plus loin en France que n'importe quelle autre force alliée, avançant approximativement 10 kilomètres au prix de presque 1.000 soldats blessés ou morts, dont 335 tués. La 7ème Brigade d'infanterie s'enfonçait dans Banville et Reviers, alors que la 8ème brigade avec le 10ème régiment blindé atteignait Colomby-sur-Thaon. Une partie de la 9ème brigade, les North Nova Scotia Highlander (au Nord de la Nouvelle-Écosse), ainsi que le 27ème régiment blindé, contrôlaient Villons-les-Buissons.
«Vers la fin du jour suivant, les forces Canadiennes avaient établi une liaison avec les forces britanniques qui avaient débarqué à Sword Beach. Toutefois, il y avait eu un espace où la 3ème Division d'infanterie britannique aurait du être ont été réorientées vers Lion-sur-Mer. (NdR: il; s'agit à l'évidence du "strong point" de Douvres la Délivrande qui ne sera pas tout de suite réduit).
«L'avance canadienne avait repris très tôt au matin du 7 juin, afin de prendre les objectifs originaux du D-day. Autour de midi Bretteville-l'Orgueilleuse, Norrey et Putot ont été occupés par la 7ème brigade avec peu de résistance. La 8ème brigade a été occupée à réduire de petites poches de troupes ennemies autour d'Anguerny et de Colomby-sur-Thaon, et dans une tentative infructueuse pour prendre deux stations radar à l'ouest de Douvres. Le 9ème R.I. s'est avancé vers l'aéroport de Carpiquet et était la première unité à rencontrer ce qui allait devenir deviendrait une série épuisante de contre-attaques de deux divisions du 1er Corps de SS Panzer SS, les 12ème et du 21ème Panzer divisions.»
Mais à la vérité, une bonne partie du territoire affecté aux Canadiens et aux Anglais séparant Junot de Sword et formant un saillant ayant pour axe la voie Caen-Douvre-la Délivrande restait entre les mains des Allemands, et en particulier de la 21ème SS Panzer division, comme on peut le constater sur la carte dressée par le département d'Etat américain. Pour en savoir plus sur le débarquement des 21.500 canadiens à Juno beach, il est conseiller' de visiter le Centre Juno Beach à Courseulles sur-Mer.

Le débarquement sur Sword Beach

La conquête de la plage la plus à l'Est, «Sword» incombait à la 3ème DI britannique commandée par le général T.G. Rennie. Ce sont le 1er bataillon du South Lancashire et le 2ème de l’East Yorshire qui ont mené l’assaut avec l’objectif prioritaire de prendre Caen en fin de journée et relever la 6ème airborn Division qui tenait à l’Est Pegasus bridge ainsi qu’une bonne partie du canal de Caen à la mer jusqu'à Ouistreham et même de l’Orne. Cette dernière tâche incombera à la 1st special Brigade service, commandé par Lord Lovat qui a débarqué derrière le cornemusier familial, un fusil de chasse à la main…

Comme dans les autres plages, l’assaut avait été précédé d’un bombardement aérien puis d’un bombardement naval. Mais malgré tous les efforts des hommes grenouilles chargés de dégager la plage des secteurs entre Hermanville et Colleville-sur-Orne, divisée en deux secteurs Queen Red et Queen white, la situation des hommes du 2nd East Yorkshire débarqués sur Queen red restera difficile, à tout le moins jusqu’à la réduction des défenses de la 716ème division côtière allemande soutenue par les deux batteries de 155mm de Ouistreham , bien que les chars du 22ème Dragon les aient précédés dès 0720.

En réalité, et pendant une partie de la matinée, la 3ème division ne parviendra qu’à débarquer une brigade à la fois sur Queen White, ce qui a retardé sérieusement le déploiement de ses unités, jusqu’à ce que la batterie de Colleville-sur-Orne, et le bastion Hillman au sud de cette localité protégé par un fossé anti-char, dont le bombardement avait été quasiment oublié, soient réduits par le 1er bataillon du South Lancashire Regiment fortement appuyé par les chars des 13ème et 18ème Hussards.(7)

Les opérations sur sword du 7 au 9 juin 1944
Les cercles rouges hachurés représentent les points de résistance allemands
et les barres rouges les batteries allemandes.
Plan extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
A 0731, les 177 Français du commando Kieffer abordent et traversent la plage pour se regrouper dans les ruines d'une colonie de vacances avant d’exécuter leurs missions. Les commandos français doivent «nettoyer» Riva Bella et neutraliser le bunker du casino pendant que leur homologues britanniques, qui ont débarqué derrière eux, doivent s’emparer du port et surtout des écluses qui permettent d’inonder l’arrière-pays. Le casino tombe (ndr: le mot est parfaitement approprié) vers 0930 après que le capitaine ait réquisitionné un char dans les obus vont faire s’écrouler le casino sur une tourelle d’artillerie équipée d’un redoutable canon de 88 mm. Progressant pendant ce temps vers le port, les autres commandos de Lord Lovat l'atteignent à 1000 en constatant avec intérêt que les écluses n'ont pas été minées. Dès lors le commando 6 rejoint Pegasus Bridge par l'intérieur qu'il atteint à midi.(8)

Pendant la matinée, les troupes anglaises ont progressé à peu près conformément au planning de Neptune, sauf en ce qui concerne la zone de Douvres-la-Délivrande. Les soldats des Norfolk et Warwickshire renforcés par des canons d'assaut se dirigent vers Biéville. Autant dire que Caen est à portée de main. Mais en fin de matinée, le général Marcks est arrivé sur le champ de bataille et il a parfaitement compris que la 21ème SS Panzer division (forte de 16.000 hommes, 147 panzers kw IV, de 40 canons d'assaut, et de 28 pièces de 88mm) peut enfoncer un saillant entre les troupes anglaises et canadiennes. Il ordonne alors au colonel Oppeln Bronikowsky, commandant le 22ème régiment de chars de changer de passer sur la rive gauche (à l'Ouest) du canal de Caen et donne des ordres similaires au 192ème régiment de Panzer grenadier.

Voici ce qu'a écrit à ce propos Raymond Cartier (9):
«Oppeln se hâte. Sa tâche est difficile. le seul passage praticable est un pont de Caen resté debout. Le 22ème Panzer travers la ville en flamme. Les chasseurs bombardiers le prennent en chasse à la sortie. Il gravit à toute allure la colline de Lebisey, travers le village, dedscend dans une petite vallée boisée. Lorsqu'il arrive devant Biéville, les bataillons du Norfolk et du Warwickshire, renforcé par quelques canons automoteurs, viennent de prendre la localité. Caen est à sept kilomètres. Caen, l'objectif principal de la journée. il n'est pas encore 6 heures du soir.
«La rencontre est rude. Repoussés, les chars essaient de tourner Biéville par le vallonnement de Périers. Des détachements du Shrapshire Light Infantry et de la Yeomanry en détruisent une demi-douzaine. Tombant du ciel, 8 bombardiers en piqué Typhoon en incendient plusieurs autres. Le 22ème Régiment de chars revient en arrière, se regroupe aux lisières de Caen. Son intervention a empêche la conquête de la ville dès le premier soir. Elle n'a pas porté de coup d'arrêt à l'invasion.
«La contre-attaque du 192ème Régiment de Panzer grenadier est allé plus loin. Tombant dans l'interval des zones Sword et Juno, son "rush" atteint la mer. les grenadiers dégagent les centres de résistance de Saint-Aubin, de Luc et de Douvres-la-Délivrande, se mettent en défensive, attendent les chars. Ils attendront en vain: 247 bimoteurs et tractant des planeurs viennent d'atterrir entre eux et les unités blindées de la 21ème Panzer Division... en position de défense au nords de Caen
«A la fin de l'après-midi, Rommel arrive à La Roche-Guyon. Il trouve les décisions de Hitler. La 12ème SS Panzer Divison stationnée au sud de Rouen et la Panzer Lehr, qui se trouve dans la région de Dreux, sont mises à sa disposition.Par contre le Fuhrer interdit tout prélèvement sur la XVème Armée et il a même annulé un ordre de Dolmann appelant en Normandie un partie des troupes de Bretagne. Il a définitivement décidé que le 6 juin est une feinte et que la véritable invasion reste à venir.»
Afin d'éviter l'isolement de la 6ème Airborne, et pour résister efficacement à la pression allemande sur la rive Ouest du canal de Caen, la RAF va, avant même le coucher du soleil, déclencher l'opération "Mallard", (247 bimoteurs et leurs planeurs second volet du parachutage de la division parachutiste britannique en amenant, avec armes anti chars et bagages, une nouvelle brigade de parachutistes, en fait spécifiquement chargée de paralyser les unités de la 21ème Panzer sur la rive gauche (Ouest) du canal de Caen. (10) Les 7, 8 et 9 juin 1844 seront consacrés à la fusion des têtes de pont alliés. Mais l'îlot de Résistance de Douvres-la-Délivrande résistera jusqu'au 16 juin 1944, la cité étant elle-même capturée par les alliés le 17 juin 1944.

Pendant ce temps, Montgomery prépare son offensive pour capturer le plus vite possible Caen et son port, tandis que le général Geyr von Schweppenburg qui prend le commandement de toutes les unités blindées accordées par Hitler en vue de bouter les alliés hors de France s'installe au château de Caine avec son état-major. Quant à la 2ème Panzer Division, partie des zones d'Amiens et de Poix dans la Somme, elle a réussi en se déplaçant uniquement de nuit, à rejoindre Paris via Beauvais, à traverser la Seine et à rejoindre discrètement la zone au sud de Caen. Mais pour l'heure, elle n'a pas encore reçu d'ordre de mission du commandement de la Panzer Armee de L'Ouest.

Si la 21ème SS Panzer Division reste sur la défensive le 7 juin 1944, la 12ème SS Panzer Division commence à se concentrer entre Caen et Bronay, et la Panzer Lehr, après avoir traversé Sées en flammes sous les bombardements et être parvenue péniblement à Falaise, également en feu s'assemble en formation de combat en bouclier de Tilly-sur-Seules. Von Rundtedt veut en effet que toutes les Panzer Divisions contre-attaquent pour casser le front allié depuis Bayeux jusqu'à Courseulles-sur-Mer. Le général Geyr von Schweppenburg, qui n'a pris son poste que dans la nuit du du 8 au 9 juin 1944, a décidé de se fabriquer le 9 juin 1944 une base de départ solide dans l'attente de l'entrée en ligne de tous les chars de la Panzer Lehr: ce jour là, il ne dispose que des 12ème et 21 SS panzer divisions et que d'un groupe de combat (Kampfgruppe) de la Panzer Lehr.(11)

C'est à ce moment là que Rommel s'aperçoit que les concentrations américaines menacent de couper le Cotentin à la base et d'isoler Cherbourg (ce qui est conforme au plan des mouvements du VII ème Corps d'armée US capturé sur le corps du Commandant de la plage d'Utah dès le 6 juin 1944) . Il ordonne à la 17ème SS PzGr qui avait réussi en grande partie à traverser la Loire dans la nuit du 6 au 7 juin de rejoindre les zones d'Avranches, puis de St-Lô et fait diriger le IIème Corps de parachutistes, commandé par le général Eugen Meindl vers Coutances.(11)

L'isolement des têtes de pont par bombardements

Au moment même où les alliés transformaient leurs têtes de ponts en un seul tenant, le général Eisenhower poursuivait sa stratégie d'isolement du champ de bataille normand. Et bien lui en a pris car s'il ne l'avait pas fait, une offensive allemande à l'occasion de la tempête la tempête du 19 juin 1944 aurait probablement pu balayer une ou plusieurs têtes de pont alliées. Il est très difficile d'imaginer ce que cela pouvait signifier pour les civils qui devaient plusieurs fois dans la journée se précipiter dans les abris. Voici cependant un compte-rendu énumératif de ces bombardements (12, lire une note importante): .
Dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, 25 Lancasters ont largué des bombes
de 12000 livres anglaises sur le tunnel de Saumur, forçant la 2ème SS Panzer
Division à se dérouter vers Périgueux et Poitiers.
Photo RAF
Comme on va le constater ci-après, on ne peut regretter que le détail des sorties de la seconde T.A.F. de la RAF n'ait pas été publié, d'autant plus que les missions qui ont été remplies venaient en surplus des lourdes servitudes qu'impliquaient les opérations imposées à Neptune et les opérations de tromperies de divers volets de Fortitude et ses opérations de diversion.

Face à la tenacité des alliés, quelle était la réaction d'Hitler et de l'OKW? On en a une idée à travers les récits du général Alleman d Adolf Heusinger, chef de la section "opérations" du quartier général de l'OKH (Oberkommando des Heeres - Commandement de l'armée de terre), (pp.213 et 214) d'un livre intitulé "BEFEHL IN WIDERRSTREIT" (Edition BERGER-LEVRAULT, 1952)




Notes sur les Sources:
  1. «Rapport sur les opérations en Europe du Corps expéditionnaire allié» par le Général Dwight D. Eisenhower, pp. 54 et 57, de l'édition Berger-Levrault de 1947 (Paris).
  2. L'essentiel des informations est tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre IX (pp. 336 à 341), par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  3. Voir la page "Gold Beach" de Wikipedia.
  4. Voir la page web Gold Beach, les britanniques.
  5. Voir la page web "Juno Beach"
  6. Voir la très intéressante page "Juno Beach, from Wikipedia, the free encyclopedia" qui donne des détails extrêmement précis sur les opérations de débarquement et celles menées du 6 au 9 juin 1944.
  7. Sword beach, «Le débarquement» par Richard Holmes, édition Gründ
  8. Voir la page web Sword beach, les britanniques.
  9. «La Deuxième guerre Mondiale, 1942-1945», par Raymon Cartier, pp. 312 et 314, de l'édition de 1963, Larousse et Paris-Match)
  10. «La guerre secrète d'Anthony Cave Brown», p. 276 de l'édition du Pygmalion à Paris et p. 60 du supplément au LONDON GAZETTE, du 2 janvier 1947 du rapport de Air Chief Marshal Sir Trafford Leigh-Mallory, intitulé «AIR OPERATIONS BY THE ALLIED EXPEDITIONARY AIR FORCE IN N.W. EUROPE FROM NOVEMBER 15111, 1943 TO SEPTEMBER 3OTH, 1944).
  11. L'essentiel de ces informations est tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre IX (pp. 348 à 350), par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  12. Note importante du rédacteur: cette énumération n'est pas complète car elle ne comptabilise pas les sorties effectuées par la seconde force aérienne tactique de la RAF (TAF) au sein de l'EAEF (Allied Expeditionary Air Force) sous les ordres de l'Air Chief Marshal Sir Trafford Leigh-Mallory. La 9ème US Air Force faisait normalement partie de l'EAEF, sauf quand le général Eisenhower en décidait autrement. Pour estimer les sorties de la 2nde TAF, il faut, par exemple, soustraire des chiffres publiés par l'Air Chief Marshal Sir Trafford Leigh-Mallory dans son rapport daté du 2 janvoer 1947 (par exemple, p.60 ou encore, p 80) intitulé «AIR OPERATIONS BY THE ALLIED EXPEDITIONARY AIR FORCE IN N.W. EUROPE FROM NOVEMBER 15th 1943 TO SEPTEMBER 3Oth, 1944» (publié de façon posthume, dans le 4ème supplément du London Gazette daté du 31 décembre 1946, (Rumb, 37838) de ceux publiés par le Pentagone pour la 9ème US Air-Force. Or, la 2nde TAF était abondée par des unités aériennes canadiennes, australiennes et néo-zélandaises, et comportaient des bombardiers moyens et légers ainsi qu'un bon nombre de chasseurs-bombardiers dont notamment des avions lance-roquettes qui répandaient l'épouvante dans les rangs des unités blindées allemandes. En outre, l'AEAF assurait l'observation aérienne, les transports et la traction des planeurs, et même l'observation de l'artillerie terrestre, ainsi que la lourde tâche de la chasse de nuit. Rappelons que ce sont des pilotes de la 2nde TAF, qui ont bombardé la prison d'Amiens et que, par exemple, ces pilotes triés sur le volet ont, par la suite, été spécialisés dans le bombardement des prisons, ou des sites d'armes V.





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dernière mise à jour le 28 avril 2015.