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Comme les hommes, les peuples et les nations qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département du Calvados et à la bataille de Normandie

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L'étau:
Les maquis,
Les réseaux,
La carte du mur
de l'Atlantique,
La mise à jour
des défenses
du mur de l'Atlantique,
La stratégie d'Hitler,
Commandement et organisation alliée,
Le dilemme d'Anzio,
le plan de marche
des troupes alliées,
Bombardements
préliminaires
en Allemagne,
L'opération Crossbow,
Le pillage de la SNCF
après l'Armistice
Le plan rail,
Plan vert,
Sabotages et bombardements:
les effets,
Bombardements ultimes,
Les révélations d'Ultra,
Les jedburghs,
Fortitude: Où
repousser les alliés?,

We must give the order!,
Le parachutage de
la 6ème Airborne

incrédulité du
commandement allemand,

The bloody Omaha,
Eisenhower et le D-Day,
L'installation d'Omaha,
la conquête d'Isigny,
L'attaque de Trévières,
Le débarquement
sur Gold,
Le débarquement
sur Juno,
Le débarquement
sur Sword,
L'isolement
des têtes de pont,
Ultra au secours
des alliés,
La contre-attaque
allemande contre
les alliés,
Sur le front
américain,
Où est passée
la 2ème Panzer?
La bataille de
Villers-Bocage,
La tête de pont
sur l'Odon,
De Gaulle à Bayeux
Réorganisation
du commandement
allemand,
La bataille
de Caen,
Ultra et le
front britannique,
Opérations
britanniques du
10-18 juillet,
opération
«Goodwood»,
«Bluecoat»,
«Bluecoat»
et «ULTRA»,
Ultra et
le dilemme allemand,
Ultra, Mortain
et Falaise,
Opérations sur
le front britannique
(7-8 août),
PATTON en scène
Le piège de Falaise,

La capture d'Alençon
par la 2ème DB,
La prise de Carrouges,
La conquête d'Ecouché,
L'étau,
Opérations anglo-
canadiennes du 9 au
12 août 1944,
Opérations alliés
du 13 au 20 août,
La fermeture de
la poche de Falaise,
La bataille du
Mont-Ormel-Coudehard,
Sauve qui peut!

Maquis et résistance, renseignements, débarquement des alliés et libération du Calvados
(suite de la page 2)

Les bombardements ultimes avant l'assaut des plages normandes

Quand ils ont constaté que l'usage des réseaux ferrés français et belges restait incertain, les Allemands ont cherché à réagir. Il leur restait quelques ultimes possibilités: tenter de réparer les dégâts les plus importants, de développer les moyens de transports routiers (réquisition de camions et de voitures), et assurer la maintenance des routes et des ponts.

Sur le premier point, la montée en puissance de la capacité de bombardements alliée a rapidement montré que l'occupation à plein temps de trois bataillons du génie à la direction des travaux de réparation des dégâts sur les lignes les plus importantes, effectués par des civils réquisitionnés, se révélait assez vite vaine, en raison de l'insécurité que faisait régner les "jabos" sur les sites les plus atteints et ce, d'autant plus que von Rundstedt avait été invité à fournir du personnel de génie afin de diriger la maintenance du réseau ferré italien réduit en miettes. Il a fallu commencer à retirer des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers occupés aux travaux de construction du mur de l'Atlantique.

Le bombardement par un chasseur bombardier
du pont sur la Seine au Port du Gravier
cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
par Gordon A. Harrison
Sur la question de la maintenance des itinéraires routiers, s'est rapidement posée la même question: où trouver es hommes nécessaires, sinon les retirer de leurs chantiers du mur de l'Atlantique gérés par l'Organisation Todt. En tout, une première tranche de 18.000 hommes a été retirée de ces chantiers en avril 1944, suivie le 8 mai 1944, d'une seconde tranche de 10.000 hommes, approuvée par l'OKW. Sur la question de la réquisition des camions en France, les résultats se sont révélés nettement insuffisants. L'OKW et von Rundstedt se sont alors vus contraints de réquisitionner les chevaux, les bœufs et toutes les charrettes agricoles qu'ils pouvaient trouver...

De toute manière, l'entrée en services d'essaims de chasseurs-bombardiers chargés de harceler l'ennemi du lever au coucher du soleil allait rendre cette tâche plus difficile encore. Et les chasseurs-bombardiers affectés à l'A.E.A.F. de Leigh-Mallory se sont attaqués avec succès à tous les ponts sur la Seine depuis Rouen, jusqu'à Mantes-Gassicourt, détruits pour un coût de revient moyen de 220 tonnes de bombes par pont selon les calculs du commandement allié.

Il était indispensable, pour la réussite de leur débarquement, d'isoler complètement la zone dans laquelle les alliés devaient constituer leur tête de pont, tout en cherchant à dissimuler l'objectif principal de la Normandie. La méthode qui va donc être adoptée est d'accentuer encore plus dans les semaines précédant le D-Day, les bombardements sur le Nord et le Pas-de-Calais, pour diluer les véritables objectifs visés dans un véritable "maelström" de cibles. Néanmoins, voici l'essentiel des cibles détruites dans le but d'isoler complètement le champ de bataille de la Normandie et de rendre les aérodromes militaires allemands inutilisables [Note importante du rédacteur: Cette énumération n'est pas complète car elle ne comtabilise pas les sorties effectuées par la seconde force aérienne tactique de la RAF au titre de l'EAEF (Allied Expeditionary Air Force) sous les ordres de l'Air Chief Marshal Sir Trafford Leigh-Mallory, voir à ce sujet la note 10 page suivante]:
Le bombardement de la batterie de la pointe du Hoc
par des Bostons (Douglas A-20 Havoc/P-70/DB-7)
de la 9ème USAF
cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
  1. le 23 mai 1944, la VIIIème US Air Force s'attaque, entre autres, aux aérodromes de Caen-Carpiquet, Orléans Bricy, tandis que la IXème USAF attaque celui de Beaumont-le-Roger.
  2. dans la nuit du 24 au 25 mai 1944, ce sont les batteries de Trouville, qui sont massivement bombardées par la R.A.F.
  3. le 25 mai 1944: les batteries de Fécamp sont bombardées par la VIIIème U.S.A.F.
  4. le 26 mai 1944: la IXème USAF attaque les aérodromes de Beaumont-sur-Oise et Chartres, les ponts sur la Seine de Vernon, Poissy, Oissel, Evreux/Fauvile et Oissel, ainsi que les aérodromes de Creil et Cormeilles-en- Vexin.
  5. Le 27 mai 1944: 690 chasseurs-bombardiers de la IXème USAF sont envoyés en patrouille pour détruire tout ce qu'ils peuvent trouver à détruire comme installations ferroviaires, ponts routiers ou ferré, et installations d'aérodromes.
  6. Dans la nuit du 27 au 28 mai 1944: l'Aérodrome de Rennes est bombardé lourdement par la RAF, ainsi que le triage et le dépôt de Nantes.
  7. Dans la nuit du 28 au 29 mai 1944: la RAF bombarde le triage de Laval et le triage et la gare d'Angers.
  8. Le 31 mai 1944, 200 bombardiers ou chasseurs-bombardiers de la IXème USAF s'attaquent au Pont et à la route de Bennecourt, et des ponts à Courcelles-sur-Seine et Rouen.
  9. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1944, la RAF attaque avec succès le triage et la gare de Trappes, la station d'écoute du mont Fèvre, la station de brouillage des liaisons radios alliées du mont Couple, la gare et le pont de Saumur, et la batterie côtière de Maisy-Grandcamp.
  10. Dans la nuit du 1er au 2 juin 1944, la RAF attaque et détruit la station d'écoute de l'Abwehr à la Ferme d'Urville, attaque la jonction ferrée de Saumur.
  11. Le 2 juin 1944, 242 B17 la VIIIème U.S.A.F. attaquent des cibles ferroviaires en région parisienne et à Paris. 224 autres attaquent les aérodromes de Conches, Beaumont-sur-Oise, Caen-Carpiquet, Brétigny, et Creil. (90 B17 et B24 sont sérieusement endommagés. Dans le même temps, 175 chasseurs bombardiers de la IXème USAF sont envoyés en patrouille pour harceler des centres d'approvisionnement en carburant, des ponts, des triages de gares...
  12. Dans la nuit du 2 au 3 juin 1944, la RAF attaque à nouveau le triage de Trappes avec 128 bombardiers lourds et la station de radar (station spécialisée dans les émissions de fausses ondes radar afin de tromper les bombardiers et chasseurs alliés) de Berneval avec 103 bombardiers lourds.
  13. Le 3 juin 1944: 650 chasseurs et bombardiers légers de la IXème USAF sont envoyés en patrouille, pour détruire tous les ponts routiers qu'ils peuvent trouver en réparation et des batteries dans toute la France du Nord-Ouest.
  14. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1944, la RAF mène une nouvelle expédition sur les installations de la Ferme d'Urville, ainsi qu'un raid de tromperie contre les batteries de Calais et de Wimereux.
  15. Le 04/06/1944, la VIIIème U.S.A.F. attaque 8 batteries côtières avec 283 bombardiers lourds, un aérodrome des aiguillages et des ponts (sur 10 cibles) avec 400 bombardiers lourds tandis que la IXème USAF attaque un pont routier et des batteries côtières avec 500 bombardiers légers.
  16. Le 5 juin 1944, 423 B17 et 206 B24 de la VIIIème U.S.A.F. attaquent toutes les batteries côtières entre Caen et Cherbourg, y ajoutant les batteries côtières du Havre et de Boulogne, toujours dans le but de tromper l'ennemi (avec 372 B24).
La préparation des planeurs Horsa de la 6ème Airborne Britannique
Cliquer sur l'image pour suivre le lien
A partir du lundi 29 mai 1944, l'état-major du Commandement suprême a considéré que les conditions requises par le plan "Neptune" étaient remplies et les concentrations des premières troupes d'assaut de la Force "O" (pour Omaha) ont commencé à embarquer à partir du mardi 30 mai sur l'un des cinq convois concentrés dans les ports de Portland, Weymouth, et Poole. Les troupes d'assaut anglaises, concentrées un peu plus à l'Est, faisaient symétriquement le même mouvement vers les "Libertys'ships", tandis que les parachutistes de la 6ème division parachutiste britannique préparaient leurs planeurs horsa dans un alignement impeccable.

Les contre-mesures allemandes neutralisées

Les révélations d'Ultra
Une des premières versions d'Enigma
Cliquer sur l'image pour suivre le lien
Plusieurs pays ont travaillé en colla-
boration sur le décryptage d'Enigma:
d'abord la Pologne, puis la Pologne et
la France, qui a d'ailleurs livré les clés
du 3èmetrimestre 1940 à l'I.S., et enfin
l'Angleterre suivie par les USA.
Pour la petite histoire, les Allemands
avaient commis la faute de conserver
toujours le même format d'entête
dans leurs messages,ce qui simplifiait
la tâche de mise à jour des clés de
décryptage par les briseurs de code
de Bletchley Park.
Dans la décision du général Eisenhower décrite au paragraphe suivant, les indiscrétions d'ULTRA, le système de décryptage des messages radiocodés expédiés par les unités et les états-majors Allemands avec la machine "ENIGMA", installé dans Bletchley Park ont du peser lourd. En effet, les alliés avaient pu, par différents moyens, réussir à déchiffrer les clés de codage des messages émanant des différentes armes allemandes et même de l'OKW. Grâce à ce système de décodage, les alliés avaient pu, par exemple, en suivant les pérégrinations du général Gudurian, inspecteur général des Panzer truppen, localiser précisément le stationnement des troupes blindées allemandes et même provoquer dans la nuit du 3 au 4 mai 1944, le bombardement avec succès, du camp de Mailly et des unités de la division SS Hohenstaufen. Ce bombardement était simultanément réclamé par la centrale d'Eleuthère (centrale de renseignement de l'ORA) et la RAF continuera à bombarder les derniers éléments de cette unité sur son long trajet vers Paris et la Normandie grâce à ces renseignements.(1)

Ultra n'avait pas seulement révélé la position des divisions de Panzer mais également confirmé le bien-fondé et la réussite des opérations aériennes contre les sources de carburant de l'armée allemande, les aérodromes et le réseau ferré et même contre les lignes de télécommunications. Les services de la Luftflotte 3 avaient même pronostiqué, à la suite des bombardements des ponts sur la Seine, un débarquement possible à Dieppe ou près de Dieppe. A un moment où les Allemands estimaient que les raids aériens alliés rendaient "tout traffic de jour entre la Seine et la Côte atlantique trop hasardeux pour être risqué". (Pour se documenter sur ce point, il faut lire "Ultra in the West, de Ralph Bennett, HUTCHINSON & Co Ltd, 3 Fitzroy square, London W1P 6JD. Dans ce livre, seule la collaboration entre les services de décryptage Anglais, Français et Polonais a été mis entre parenthèses)

Mais ULTRA n'était pas la panacée: la machine et ses algorythmes n'avaient pas localisé les 91ème, 352ème Divisions d'infanterie ni le 6ème Régiment de parachutistes (un moment à l'entraînement dans la zone d'Abbeville. Et encore moins le déplacement depuis Bruxelles à Amiens du LXVIIème Corps de la XVème Armée allemande, incluant celui des 344ème et 348ème Divisions d'infanterie de la Wehrmacht. Ce dernier point n'avait d'ailleurs pas de conséquences directe, puisque ce déplacement avait nécessairement été révélé aux alliés par le Dr Robert Fécan, transformé en double Cross à Amiens et Elizabeth, radio du réseau du MI5 "Alibi".

Les jedburghs jettent le trouble (2)
L'une des décisions les plus mystérieuses du SHAEF fut certainement celle de chercher à encadrer à partir du mois de mai 1944 les maquis par le parachutage, avec les armes, d'hommes spécialement formés à cette tâche et aux actions de guerilla qui se proposait de mettre de l'ordre dans la Résistance, qui, à travers ses rivalités entre les gaullistes et les communistes notamment, leur apparaissait comme le "chaudron du diable". En vue de cet objectif, quelques 2.200 volontaires britanniques et américains avaient été soigneusement sélectionnés et formés, parmi lesquels a été retenu un jeune officier, frais émoulu de Princeton, William Colby, qui deviendra directeur de la CIA en 1974. Les parachutistes SAS français ont été retenus pour conduire cette action en Bretagne et pour servir d'éclaireurs à l'offensive de PATTON. Il faut préciser que les responsables des équipes de Jetburghs avaient le pouvoir d'attirer voir de diriger en phonie les chasseurs bombardiers et les bombardiers lourds ou légers alliés.

La tâche des jedburghs sera dévolue à l'organisation Monica au nord de la Somme, afin de conforter dans l'esprit des Allemands, la priorité de l'opération Fortitude. Mais cette mission subira de sérieux retards, le major Chalkley responsable de cette mission ayant été interné en Espagne lors de son retour au début du mois d'avril 1944 vers l'Angleterre à la suite d'une mission d'inspection dans le Nord de la France. Cette mission, parfaitement prévue par le COSSAC spécifiait:
Forces des patriotes: le sabotage dans le Pas-de-Calais et ses environs redoublera d'intensité, et des oraganisateurs spécialement formés partiront dans cette région pour mettre en route certaines actions limitées, opérées par des groupes de résistants, trois semaines environ avant OVERLORD (NdR: Le plan de débarquement proprement dit sera dénommé "Neptune" après la formation du SHAEF en remplacement du COSSAC).
Du fait de l'absence du Major Chalkley, l'opération de diversion dans le Nord s'appuyant sur Monica ne débutera qu'à partir du 21 juin 1944, sous la houlette du Major Chalmers.

En revanche, les Jetburghs britanniques et américains entreront immédiatement en action pour barrer la route à la 2ème SS Panzer Division dirigée à partir du 6 juin 1944 depuis Montauban vers la Normandie.

Dans le sud de la France, il s'y ajoutera l'opération Vendetta, qui, lancée au demeurant depuis Alger, semble avoir largement dépassé les frontières françaises, pour troubler également les idées d'Hitler quant aux intentions alliées sur plusieurs pays méditerranéens, sous contrôle nazi. Or cette opération complexe se tiendra en marge de la collaboration franco alliée, à commencer par le général de Gaulle et déclenchera le mouvement d'insurrection générale qui coûtera fort cher à la population civile française. Elle est certainement à l'origine de la volonté politique de doter la France de l'arme nucléaire et de mettre de la distance entre la France et la direction de l'OTAN, après l'arrivée à l'Elysée du général de Gaulle.

Il existe peu d'informations sur l'opération "Vendetta" dont l'objet avoué, selon l'ordre de mission de l'équipe des "jeds" parachutés dans le Morbihan, spécifiait:
«Arrivés dans le Morbihan, vous y organiserez les mouvements de résistance existants et préparerez une manoeuvre de diversion pour attirer le maximum de troupes allemandes loin de la zone des combats.» ("La guerre secrète" d'Antony Cave Brown, tome 2, p. 182)
La seule chose dont on soit certain, c'est que les 325 messages diffusés parla radio de Londres en direction de la Résistance française pour le D-day, faisaient bien partie de l'opération "Vendetta" et que ni de Gaulle, ni le BCRA n'avaient été informés de leur objet réel.

A propos de ces massages s'inscrivant dans l'opération "Vendetta, Robert Aron rapporte, dans le second tome de son «Histoire de la Libération de la France» (édition librairie Arthème Fayard, p. 150) que dans une lettre du général Kœnig datée du 21 novembre 1957, l'émission simultanée de ces messages avait deux raions d'être:
«Entraver au maximum et d'un seul coup l'ensemble des transports stratégiques et tactiques ennemis; démoraliser l'ennemi qui ne se sentirait plus en sécurité sur aucun point du territoire.»
Il n'en restera pas moins qu'après les massacres perpétués par les troupes nazies, notamment à Oradour-sur-Glane, Marsoulas et Mussidan, il incombera au général Kœnig d'éteindre l'incendie provoqué par les services secrets alliés en donnant des ordres formels, au demeurant depuis la radio de Londres, à la Résistance et à toute la pyramide de son Commandement.
Fortitude: Où repousser les alliés? (3)
Au début du mois de juin 1944, la question se posait toujours de savoir où, exactement, les alliés allaient débarquer sur les côtes françaises. Sur les Côtes de provence? Sur celles de Biscaye? Sur les Côtes bretonnes qui étaient dotées de ports intéressants? Sur les Côtes normandes, entre Cherbourg et le Havre qui présentaient des similitudes avec le pas de Calais? Voir sur les côtes de Belgique et des Pays-Bas? Le plan de tromperie de «Fortitude», dirigé par le colonel Bevan, avec le concours de la LCS et de Churchill avait proposé tour à tour toutes ses solutions, pour donner cependant la préférence à un débarquement dans le Pas-de-Calais en créant de toute pièce un gigantesque groupe d'armées fictif: le FUSAG (First US Armies Group) commandée sur le papier par le fougueux général Patton.

Mais la raison en était simple: il était vraiment plus facile de faire avaler l'hameçon par les Allemands dès lors que cette Armée fictive, uniquement dotée d'un état-major et de quelques compagnies de transmission répondait à une crainte exprimée par Romel à la suite de son inspection de la Côte d'Opale au mois de décembre 1943, ce qui avait entraîné la concentration en urgence au mois de janvier 1944 dans la région d'Abbeville d'une cinquantaine de milliers hommes expérimentés appartenant à des unités venant la plupart du temps de Russie, puis le déménagement depuis Bruxelles sur Amiens, dès le mois de février 1944, du LXVIIème Corps de la XVème Armée allemande à la tête des 344ème et 348ème Divisions d'infanterie de la Wehrmacht versées dans la réserve.

Quand le SHAEF donnait du grain à moudre à l'OKH...
Plan sommaire extrait du livre de Roger Hesketh (p. 285) du livre intitulé
"FORTITUDE (Editions The Overlook Press , Woodstock & New-York,
dont la lecture attentive est vivement conseillée.
Mais pour être certain que ce piège fonctionnerait, les alliés devaient donner des gages aux services de renseignements allemands, à commencer par l'Abwehr. Pour cela, le SHAEF va donner du grain à moudre aux services d'écoutes de l'Abwehr. Un véritable "signals service" a donc être créé à l'échelle d'un tel groupe d'armées, afin d'occuper les services d'écoute de la Wehrmacht et une sélection d'espions double et triple cross mise en place va être alimentée, sous le contrôle de la London Controlling section (LCS) en renseignements d'autant plus vraisemblables qu'ils seront confirmés par les messages du "signals service" dont que les Anglais avaient veillé à faire parvenir les clés de décryptage à leur ennemi. Parmi les espions double cross alimentant les services allemands en informations généreusement payées par les Allemands pour être trompés, figurait une vieille connaissance de l'Abwehr qui avait négocié sa libération: BRUTUS, c'est à dire alias Armand, de son vrai nom Garby-Czerniawski, du SOE britannique, évadé le 14 juillet 1942, avec le concours de l'Abwehr, qui l'a fourni en faux papiers...

L'ensemble du dispositif de FORTITUDE, a été analysé dans un livre de Roger Hesketh, sous le titre «Fortitude, the D-day Deception campaign» (the overlock press Woodstock & New York) qui décrit très précisément les moyens et les hommes utilisés pour ce faire, à l'exception de l'histoire du Dr Robert Fécan d'Amiens et d'Elizabeth, qui y étaient mêlés en amont. Contrairement aux indications qui sont affirmées par certains historiens, les débuts de Fortitude n'ont pas commencés sous les hauspices du COSSAC en 1943 car cet état-major interallié n'était pas doté des pouvoirs lui permettant de mettre en oeuvre les moyens nécessaires et la création du FUSAG supposait un accord parfait avec les Américains et surtout avec le général Eisenhower. En revanche, Fortitude intègre le plan Bodygard, qui a été lancé par les britanniques.

Selon Roger Hesketh, le lancement de l'ordre de bataille fictif du FUSAG est daté du 3 février 1944 sous la référence SHAEF/18201/6/OPS (Fortitude, The D-Day deception campaign, de Roger Hesketh, édition "the Overlock Press Woodstock & New York", p. 89), sur un ordre de bataille fictif proposé par le général de Guingand dans une lettre datée du 25 janvier 1944, c'est à dire juste après l'expédition, en janvier 1944, de quelque 50.000 soldats d'élite allemands au Nord et dans la zone d'Abbeville par quelque 127 trains TCO. La directive générale de Fortitude SHAEF est datée du 26 février 1944, alors que les alliés savaient parfaitement, par le Dr Robert Fécan et Elizabeth, que le LXVIIème Corps (réserve) de la XVème Armée allemande avait déménagé à Amiens depuis Bruxelles avec la bénédiction d'Adolph Hitler, ce dont Roger Hesketh ne dit mot. Et cette directive générale reprend effectivement à son compte un plan imaginé par le COSSAC, qui n'était pas opérationnel, sur un ordre de bataille fictif qui sera fixé en réalité par le SHAEF.

Dans son ouvrage concernant le plus vaste plan de tromperie imaginé pour induire en erreur des chefs de guerre dans toute l'Histoire de l'Humanité, dont on ne peut que recommander la lecture, Roger Hesketh livre d'ailleurs plusieurs cartes de la localisation par l'OKH (oberkommando des Heeres, état-major général de l'armée de terre et des groupes d'armées de terre) des unités parfaitement fictives du FUSAG,à la date du 19juin 1944 (voir ci-contre). Une carte de l'OKH, datée du 3 juillet 1944, beaucoup plus précise et encore plus détaillée au 1/1.000.000 ,et a été au demeurant publiée, sous la plume de Richard Holmes, en page 12 de l'excellent ouvrage intitulé «Le débarquement» (Editions Gründ).

Pour couronner le tout, le Dr Robert Fécan et Elizabeth avaient manifestement été placés en position de vigie de façon à alerter la LCS au moindre signe de changement de situation de l'armée allemande. Enfin pour faire plus vrai, une véritable armée de chars, de canons en caoutchouc avait été déployée dans le sud de l'Angleterre ainsi que des péniches de débarquement factices de Ramsgate à Hastings.

Eisenhower: «We must give the order!»

Le temps magnifique du mois de mai 1944, tout à fait propice à un débarquement, a été, en réalité, relayé, dès le 2 juin 1944, par des tempêtes. La décision de concentration des troupes d'assaut avait commencé dans un climat de secret absolu dès le 30 mai. En effet, le 29 mai 1944, lors d'une réunion de coordination Southwick House se tenant sous l'autorité de Dwight D. Eisenhower, le Group Captain J.M. Stagg de la R.A.F. avait annoncé une amélioration optimiste du temps qui était escomptée dans la premère semaine de juin. En foi de quoi le message "Exercice Hornpipe + 6" qui fixait la date du D-Day au 5 juin 1944.(4)

Or, la date limite de débarquement fixée par la feuille de route du Commandant suprême était déjà dépassée. Sur l'agenda d'Eisenhower, figurait l'information communiquée par télégramme du général Marshal, chef d'Etat-major général américain, à savoir le départ pour Londres le 7 juin des chefs d'Etat-major US afin d'encadrer s'il y avait lieu toute décision critique concernant la poursuite des opérations selon l'importance des réactions et contre-attaques allemandes. Le 4 juin 1944, Eisenhower présentait un condensé d'Overlord en présence de Churchill qui avait amené de Gaulle en train spécial. L'atmosphère y fut fraiche, c'est le moins que l'on puisse dire, de Gaulle découvrant l'étendue des secrets qui lui avaient été dissimulés alors qu'il voulait que la Francve apparaisse comme un partenaire des alliés. Les 200 officers de laison attachés au SHAEF étant tenus à l'écart de NEPTUNE, de Gaulle refusera de prendre la parole à la radio le 6 juin et se préoccupera activement de mettre immédiatement en marche derrière le front des troupes alliées le système de remplacement de l'administration de Vichy afin de mettre en échec l'AMGOT (Allied Military Governement Occupied Terrotories), en liaison avec la résistance...

Or, la lourde Machinerie de Neptune avait déjà été mise en marche. C'est alors qu'un avion météo de la R.A.F., patrouillant au-dessus de Terre-Neuve recueillit un ensemble d'informations démontrant que le temps allait se gâter sérieusement au moment même où Eisenhower faisait parvenir un message codé se résumant à Halcyon + 4, c'est à dire signifiant que le D-day restait fixé au 5 juin 1944. Cette information va déclencher un branle-bas de combat , le météorologue britannique G.K.N. porte-parole du centre météo de la RAF émettant la note d'avertissement suivante:
«A moins que le temps dans la Manche ne se révèle totalement exceptionnel en 1944, il est hors de question de fournir des prévisions régulières scientifiquement valables et fiables plus de deux jours à l'avance , ou parfois même plus de vingt-quatre heures à l'avance.»
A la conférence de Southwick House du 2 juin, le Group Captain J.M. Stagg, ne put rien promettre d'autre que des vents de forces 4 ou 5 et des nuages bas et finalement les officiers chargés de conseiller le général Eisenhower prirent le parti de ne rien décider. A la conférence du commandant suprême du Samedi 3 juin 1944, Stagg resta tout aussi pessimiste en annonçant une accumulation de nuages sur la Manche et des vents de force 5, ce qui va entrainer le retardement d'un jour du débarquement désormais fixé au 6 juin 1944. Désormais, près de 2 millions d'hommes, marins, fantassins, parachutistes eu aviateurs prêts au combat étaient entassés dans un bon millier de bateaux couvrant les estuaires depuis Felixstowe en Mer du Nord jusqu'à Milford Haven dans le Pays de Galles. Toutefois, un convoi de 138 bateaux transportant la 4ème division d'infanterie US dut être rattrapé in extremis alors qu'il avait largement dépassé l'île de Wight grâce à un vieux biplan Valrus dont le pilote a finalement réussi à larguer l'ordre de retour du quartier général de la marine sur un des navires.

Pendant ce temps là, le lieutenant-colonel Oskar Reile, chef de l'Abwehr pour le front Ouest, avait averti l'OKW et l'état-major d'OB Ouest que le 1er juin 1944, entre 13h30 et 14h30, une station de radio britannique avait diffusé à plusieurs reprises la première partie de la célèbre strophe de Verlaine :"les sanglots longs des violons de l'automne,...". Ce message est le dernier que l'Amiral Canaris avait su décrypter avant qu'il ne soit déchu de son poste de commandement de l'Abwehr.(5) Mais tout aussi curieusement le même message était déjà passé sur les ondes sans suite, et von Rundstedt s'était alors réservé pour lui seul le pouvoir de mettre ses Armées en alerte. Il n'en reste pas moins que la 15ème Armée allemande s'était bel et bien mise sur pied de guerre.

Au moment où le cortège accompagnant Churchill à Southwick House pour fêter comme il se doit la prise de Rome par le général Clark, la tempête se déchaînait confirmant la validité des prévisions du Group Captain J.M. Stagg. Pourtant Stagg et son équipe détectèrent une accalmie entre deux dépressions dans l'après-midi du 5 juin jusqu'au 6 juin qui rendait l'opération possible. Peu après 21h, le 3 juin 1944, Stagg se retrouva à nouveau dans la bibliothèque de Southwick en présence de la quinzaine d'officiers généraux de ce qui allait devenir la plus grande opération de débarquement réalisée dans l'histoire de l'humanité. il annonça que le vent du lundi après minuit ne serait plus aussi fort de telle sorte que le largage des troupes aéroportées serait possible et que la couverture nuageuse permettrait tout de même des bombardements précis. Bref, si les conditions de débarquement n'étaient pas idéales, elles seraient du moins possibles.

Selon son habitude, Ike laissa s'exprimer les officiers généraux présents, seuls les Air Marshals Tedder et Leigh-Mallory trouvèrent les conditions d'intervention des forces aériennes risquées en raison des conditions atmosphériques. Il faut préciser que le mauvais temps ne venait que s'ajouter à une autre mauvaise nouvelle: le 29 mai, Leight-Mallory avait appris, fort vraisemblablement par des renseignements recoupés par ULTRA, que sur l'ordre de Rommel, la 91ème Division aéroportée allemande avait été expédiée dans la Manche, dans le secteur de Ste-Mère-L'Eglise, dont notamment le 6ème régiment parachutiste qui avait été entraîné spécialement aux combats aéroportés ... dans la zone d'Abbeville («La guerre secrète» d'Antony Cave Brown, tome II, p. 219 de l'Edition Pygmalion, Paris). Puis après avoir sollicité l'avis de Montgomery, qui avait immédiatement répliqué : "je vous dis, allons y", Eisenhower prit sa décision.
«La question,» a ajouté Eisenhower «[est] juste de savoir pour combien de temps vous pouvez suspendre cette opération jusqu’à la fin des temps et la laisser suspendue comme cela.»(6) La discussion s'est poursuivie quelques minutes plus tard.
«À 2145 Eisenhower annoncé sa décision. « Je suis tout à fait positif, nous devons donner l'ordre. …. Je n’aime pas cela, mais c’est comme cela …. Je ne vois pas comment nous aurions la possibilité de faire toute autre chose... Il reste encore une possibilité que le temps puisse s'aggraver tellement que la décision devrait être rapportée.» (2)
La réunion définitive, peu après minuit, confirmera la situation météorologique, 5.000 bateaux et péniches de débarquement furent lancées sur les flots tumultueux de la Manche, tandis que les premiers parachutistes à destination de la Manche et du Nord-Est de Caen se voyaient distribuer les cartes qui définissaient leurs missions. Par mesure de prudence et compte tenu des incertitudes du temps, on sait que Eisenhower fit taper par sa secrétaire deux communiqués de presse, le premier annonçant le succès de l'opération de débarquement, le second constatant son échec. Avant même qu'Eisenhower ait visité toutes les têtes de pont, le second communiqué fut détruit et le premier publié.

Le débarquement des alliés dans le Calvados

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Les routes aériennes et navales des unités chargées de l'assaut du 6 juin 1944
cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Neptune visait le débarquement sur les plages codées d'ouest en est Utah, Omaha pour les Américains, et Gold, Juno et Sword, pour les Anglo-Canadiens, deux divisions parachutistes américaines, les 82ème et 101ème Airbornes, étant parachutées à l'Ouest d'Utah; et la 6ème Airborne britannique au Sud-Est de Sword afin de protéger les ponts et les zones inondables qui auraient pu contrecarrer la pénétration des troupes d'assaut et la prise rapide de Cherbourg.

Les parachutages des divisions aéroportées américaines et l'assaut d'Utah beach ont été longuement exposés dans les deux premières pages de ce site consacrées à la libération de la Manche. Les développements qui suivent seront uniquement consacrés au largage des parachutistes britanniques, à l'assaut des quatre plages Omaha, d'une part, et Gold, Juno et Sword, d'autre part.

Le parachutage de la 6ème Airborne britannique (7)

Les parachutistes américains et britanniques ont été largués sur leur zone dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Toutefois, ils n'ont pas été les premiers soldats parachutés sur le sol français. Ils ont en effet été devancés peu de temps auparavant par les parachutistes SAS français du camp secret de Fairford pour mener des opérations GROG dans le Morbihan et COONEY dans les Côtes du Nord, qui avaient pour objet de saboter les voies ferrées et les lignes téléphoniques afin de contrecarrer l'arrivée de renforts allemands en Basse-Normandie...

Les zones de "drop" de la 6ème Airborn Division britannique
cliché extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Les zones principales de parachutages N (Ranville) et W (Saint Aubin d’Arquenay Bénouville) sont parfaitement dessinées sur la carte.

Les premiers parachutistes chargés de baliser le terrain avec des lucioles (pathfinders) seront largués en principe à 200 m d'altitude à O20. Un quart d'heure plus tard (O45 à 105) deux brigades seront larguées toujours à basse altitude et malgré une certaine dispersion (près de 50 p. 100) rempliront parfaitement leur mission, à savoir, capturer le pont surt le canal de Caen (opération Pagazus), le pont sur l'Orne (opération Horsa) et réduire la batterie de Merville, qui ne contenait plus que des canons de 75mm au lieu des canons de 150 mm attendus. De plus, elles sèmeront une telle confusion dans les troupes allemandes que la 21ème Panzer craignant un encerclement se repliera.

S'agissant de l'opération Pegasus, elle a été menée par le célèbre major John Howard qui a conduit ses hommes de la compagnie D du 2ème Bataillon d'infanterie légère d'Oxfordshire et du Buckinghamshire ayant atterri à bord de trois planeurs Horsa. Les hommes de la même compagnie à bord de trois autres Horsa ont capturé l'autre pont sous le commandement du capitaine Brian Priday.(8)

La prise de la batterie de Merville se révèlera plus périlleuse. Quelque 550 hommes sur les 700 parachutés à cette fin vont périr dans les marais de l'arrière pays inondés par les Allemands. Bien que les 200 Allemands retranchés soient en surnombre, les quelque 150 parachutistes britanniques vont capturer la batterie et pétarder les canons de 74mm, bien que les canoniers allemands se défendent à partir des autres casemates. Le temps pressant, car l'Arethusa doit balayer la batterie avec ses canons de marine, les survivants ont juste le temps d'envoyer un pigeon voyageur et de lancer une fusée jaune avant de quitter les lieux, que les Allemands réoccuperont dans l'après-midi.(9)

A 320, c'est le général Gale, commandant la division, qui a atterri avec son état-major et les premiers éléments d'artillerie anti-char avec leur servants en planeurs. Le général Gale, avec à peine la moitié de ses 4.800 hommes - beaucoup de parachutistes s'étant égarés et dispersés, tiendra tout de même la barrière naturelle de l'Orne, semant un belle pagaille entre la Vire et l'Orne en capturant bon nombre de soldats allemands appartenant à la 716ème D.I. et à la 21ème Panzer Division.

Le reste de la division sera projeté en planeurs sur les deux DZ (drop zones) principales vers 2100.

Neptune: l'incrédulité du commandement allemand (10)

Dans ce Maelstrom d'informations truquées et peu compatibles avec les ordres de l'OKW, que pouvait faire la VIIème Armée allemande à partir du 6 juin 1944? Alertée par le canal de l'Abwehr, et de son chef pour le front Ouest, le lieutenant Oskar Reile, qui avait percé la signification de la première partie du message «Les sanglots longs des violons de l'automne», la centrale de Berlin, maintenant contrôlée par Schellenberg avait informé l'amiral Doenizt de la possibilité d'une attaque à partir du 4 juin 1944.

De son côté, la XVème Armée, qui avait intercepté la seconde partie du message , «bercent mon cœur d'une langueur monotone» se met en alerte maximale à partir du 5 juin 1944 au soir. En revanche, vu le mauvais temps, Rommel rentre chez lui à Herrlingen qui figure sur son chemin en vue d'une rencontre avec Hitler à Obersalzburg. Une rencontre qui n'aura jamais lieu. En fait, Rommel ignore que les renseignements météo de la Luftwaffe ne sont plus vraiment fiables depuis que les alliés ont éliminé tous les postes allemands d'observation météo du Spietzberg... Bref, les commandants de la VIIème Armée sont en kriegsîel à Rennesétait en goguette, et le haut commandement croit que le débarquement en Normandie est une opération de diversion.

Dans le bunker d'OB-West à Saint-Germain-en-Laye, on ne s'émeut pas non plus: la phrase d'alerte a déjà été utilisée le mois précédent et n'a donné lieu à aucune suite particulière. Elle est interprétée comme un simple signal d'exercice. Et de toute manière, le patron von Runstedt a décrété qu'il incombait à lui seul de mettre les troupes en alerte...

Du côté de la Kriegmarine, on a calculé qu'un débarquement dans les conditions météo actuelles étaient impossibles. Et l'on n'a même pas dépêché les patrouilles de vedettes rapides normalement prévues. Bref, les autorités militaires ne seront prévenues qu'au contact des parachutistes avec les troupes allemandes. Le premier contact a lieu le 6 juin 1944 avec les parachutistes de la 101ème Airborne, au QG du 3ème bataillon du 919ème régiment de la 709ème D.I., lequel est situé à St-Floxel près de Montebourg, en présence de son commandant le lieutenant colonel Hoffman.

La seconde alarme a lieu à 0215 dans le secteur du LXXXIV Corps d'armée lors de l'assaut par les parachutistes de la batterie de Saint-Marcouf. Elle est suivie de bulletins d'alarme des 716èmes et 716ème DI qui ont fait des prisonniers. Cette fois il n'y a plus de doute possible: le général major, Max Pensel chef d'état-major de la VIIème Armée sonne l'alarme générale après avoir localisé que les opérations d'invasion s'étendaient au moins de Carentan à Caen.

A OB-West, on a d'autant mieux compris que l'opération devait également viser Cherbourg que l'on sort déjà les cartes pour préparer une contre-attaque pour le 7 juin. Tout va se jouer sur la venue des renforts depuis la Bretagne et sur la combativité du 6ème Régiment de parachutistes allemands commandé par le major Friedrich August Freiherr qui s'est illustré à Monte Cassino et qui lui, est à son poste à Périer dans le département de la Manche.

Bref, les généraux allemands, pris de court, sans chef doivent improviser une défense qui était censée être longuement préparée à l'avance. Du côté anglais, c'est la même chose. Les Allemands improvisent une contre-attaque que les parachutistes de la 6ème division britannique se font un malin plaisir de troubler au point que la 21ème panzer division devra se retirer précipitamment du champ de bataille. Pendant ce temps là, le Fürher dort et il est interdit de le réveiller... Depuis St-Germain, von Rundstedt demande à la Panzer Lehr et la 12ème SS Panzer division de faire mouvement vers Caen, un privilège qui est réservé au Fürher. Son ordre est immédiatement annulé par Jold en attendant la fin du sommeil du «caporal bohémien». Il pendra cependant se décision au cours de la journée...

Pour l'heure, seule la 21ème Panzer Division est au contact avec les Anglais. Barrer la route de Paris parait indispensable à l'OKW et à Hitler. Pour repousser les alliés, Hitler va finalement donner à la VIIème Armée la Panzer Lehr, la 2ème SS Panzer division stationnée à Montauban, la 1ère SS Panzer basée à Anvers (l'ordre de mission de ces deux divisions blindées sera intercepté par Ultra) et la 2ème Panzer division stationnée autour d'Amiens, qui doivent former le Groupement blindé de l'Ouest dont le commandement est confié, au général Geyr von Schweppenburg. L'ennui, c'est que la communication radiocodée par Enigma de cette nouvelle information sera décodée et localisée par les grandes oreilles d'ULTRA.

Pourtant, l'OKW connaît parfaitement les plans des Américains: à Fontenay-sur-mer, l'Ost bataillon n°439 a capturé sur le corps de l'officier Beachmaster d'Utah beach, qui a été tué dans sa péniche de débarquement qui a dérivé, le plan de des opérations confiées au VIIème Corps: isoler le Cotentin et conquérir Cherbourg. Mais les chars ne peuvent pas évoluer facilement dans les marais du Cotentin. Le travail doit donc être confié au 2ème Corps des parachutistes. Toutes ces forces qui doivent coverger vers le champ de bataille de la Normandi arriveront-elles à temps? Tel était bien le pari du plan "rail" imposé par le général Eisenhower.

«The bloody Omaha» Omaha la sanglante

A la fin de la marée montante du matin du 6 juin 1944, la mer et les vagues déferlantes sur le sable de la plage d'Omaha étaient rouges du sang des soldats américains tombés au champ d'Honneur. C'est pourquoi le nom de «bloody Omaha» (traduction "Omaha la sanglante") s'est enracinée aussi bien dans l'esprit de nombreux anciens combattants américains que dans la tête des normands qui ont vécu cette journée.

Les convois alliés lourdement chargés se frayaient une route dans la "crasse" et des vagues de 5 à 6 pieds de haut, un vent de 15 à 20 nœuds et une visibilité de 8 miles. Ils étaient précédés des unités navales de déminage, le tout avançant vers les côtes françaises protégé par un parapluie de chasseurs évoluant entre 3.000 et 5.000 pieds. Mais au fur et à mesure que les convois se rapprochaient de la côte française, les nuages se concentraient entre 3.000 et 7.000 pieds. Ce temps força les 329 bombardiers lourds B24 chargés de préparer l'assaut à bombarder aux instruments. Et par mesure de sécurité, un laps de temps de quelques secondes supplémentaires fût ajouter au top des instruments. Cela eut pour effet de larguer 13.000 bombes à trois miles derrière la plage d'Omaha.

A 0250, l'Ancon, navire amiral de l'Amiral Hall, hébergeant également le quartier général de la force O et du Vème Corps d'Armée US chargé de l'assaut, mouillait son ancre dans la zone d'Omaha. Les libertys'ships commençaient à charger les LCVPs' qui entamaient leur progression vers la plage d'Omaha. C'est à ce moment que l'Amiral Krancke, commandant de la Kriegmarine en Normandie, basé au Havre, mit en alerte les sous-marins allemands, ordonna aux 5ème et 9ème flottilles des patrouilles de vedettes lance-torpilles, rappela la 8ème flottille de destroyers de Royan à Brest et mit les flottilles de sous-marins en état d'alerte.

Une heure après avoir quitté le port du Havre, la 5ème flottille réduite à trois unités rencontrait six navires de guerre alliés escortés par une bonne quinzaine de destroyers. Les vedettes accueillies par des tirs d'artillerie nourris, lancèrent leurs torpilles et se retirèrent rapidement derrière un rideau de fumée poursuivies par une nuée de chasseurs. Un destroyer norvégien, le Svenney, fut atteint au niveau de la chaufferie par une torpille et sombra corps et biens.

Les plages du secteur d'Omaha
Carte extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Les batteries côtières allemandes ont ouvert un feu sporadique à 0535, 15 minutes avant que le bombardement naval des alliés n'entame un tir de contre-batterie à 0540. Les tirs de la marine se poursuivaient au-dessus de la tête des troupes d'assaut. Il est rapidement apparu que les artilleurs de la marine méconnaissaient des cibles vitales et en particulier les défenses côtières couvrant les approches des plages. De plus, un grand nombre de roquettes ont manqué leurs cibles... Bref, les bombardements naval et aérien n'avaient pas vraiment eu l'effet escompté sur les troupes ennemies. Toutefois, les Allemands faits prisonniers après la conquête d'Omaha, ont indiqué que les tirs d'artillerie avaient fait sauter de larges portions de champs de mines. En outre, avec la montée de la marée, les tirs de soutien de la marine de plus en plus précis éviteront aux assaillants d'être rejetés à la mer. Enfin, les bombardements aériens à plus de trois miles de profondeur du littoral avaient mis à mal les emplacements de l'artillerie de soutien des défenseurs allemands, et les réserves.

Les canons des navires de guerre d'appui feu sont donc les seuls soutiens sérieux des assaillants à cette heure de marée basse. C'est en effet l'heure de la marée basse qui a été choisie pour l'assaut de telle sorte que les "asperges" de Rommel, les grilles belges et autres pièges soient à découvert et puissent être désamorcés par les équipes du Génie baptisées "underwater demolition team". Et, heureusement pour les assaillants, ils se rapprocheront au fur et à mesure que la marée montante progresse dès lors qu'ils disposent de 10 brasses de fond, en bombardant une.par une les positions allemandes dotées d'armes collectives qui balayent et mitraillent le glacis de la plage.

Sur Omaha, la mer et les brisants malmènent les bateaux. C'est la 1ère Division d'infanterie US sous les ordres du major général Clarence R. Huebner qui mène l'assaut avec deux régiments de front, le 116ème régiment d'infanterie à droite (à l'Ouest) et le 16ème sur la gauche. Chaque régiment lançant à terre à marée basse deux bataillons avec la mission initiale de réduire les défenses passives de la plage et de sécuriser les parties de plage qu'ils occupent. Derrière eux doivent suivre le 18ème R.I. et le 26ème, avec le commandement du général Gerow, commandant le Vème Corps d'Armée US. C'est le 116ème R.I. qui est responsable de la capture de la batterie de la pointe du Hoc, avec le concours de trois compagnies provenant du 2ème bataillon de rangers. Cette batterie partiellement casematée est censée abriter une batterie de six canons de 155mm qui n'aurait pas été démolie par les bombardements préliminaires.

A H moins 50 minutes, deux compagnies de chars DD ont été mises à l'eau à un peu plus de 5 km de la plage. Sur les 32 chars mis à l'eau, seuls 5 atteindront la grève et quatre parviendront sur la plage. Un des obusiers de 105 mm montés sur des caisses de veux chars du 11ème bataillon d'artillerie de campagne subira le même sort ainsi que 6 autres du 7ème bataillon d'artillerie ainsi encore que 5 autres de la 16ème compagnie de canonniers de l'infanterie. Quant aux péniches transportant l'artillerie de campagne censée couvrir l'infanterie d'assaut, elles ont sauté sur des mines... Bref, alors que le temps ne permettait pas aux chasseurs bombardiers de soutenir les soldats chargés de l'assaut, ces derniers ne pouvaient disposer que du soutien des canons de la marine fort distants à marée basse, alors que les marqueurs de l'infanterie étaient peu visibles dans la pluie, le vent et la fumée des impacts d'obus ennemis.

L'assaut

Pour éviter aux fantassins d'être massacrés de face en sortant des LCVP,
les péniches faisaient demi tour pour les faire sortir dans les déferlantes
Cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Quant aux hommes débarquant des LCVP, ils entendent les balles s'écraser sur l'acier des rampes de leur péniche de débarquement, et peuvent voir, quand ils sont au creux des vagues, les gerbes d'eau provoquées par les balles de mitrailleuses entrant dans l'eau. Seuls les hommes lourdement chargés, débarquant parfois avec de l'eau jusqu'au cou, qui réussiront en courant à atteindre la digue qui limite l'emplacement des marées sur la plage principale, peuvent espérer échapper au massacre à condition de n'être pas pris en enfilade sous le feu des mitrailleurs et canonniers allemands qui tirent sur un "tapis d'hommes" souvent encore dans l'eau. Encore faut-il ajouter que cette digue disparait sur la partie ouest de la plage, vers la pointe du Hoc, tandis qu'un courant de deux noeuds déportent les embarcations vers l'Est.

Autre mauvaise surprise, Rommel lors de sa précédente visite a fait remplacer le vieux régiment de la 719ème Division de forteresse auquel s'attendaient les assaillants par la 352ème D.I. soigneusement retranchée. La moitié des équipes de démolition du génie a pu seulement opérer le nettoyage des obstacles sous les grêles de balles de mitrailleuses... Bref sur les neufs compagnies lancées avec la première vague d'assaut, seules deux compagnies atteindront le secteur des Moulins, et des éléments de quatre compagnies à réorganiser, le secteur de Colleville, Une compagnie étant carrément déportée à l'Est mettra une heure et demi pour aborder la plage. Seules, deux compagnies (Compagnie C du 2ème bataillon de Rangers et Compagnie A du 116ème R.I.) atteindront la plage de Vierville, une péniche étant touchée à quatre reprises par des obus de mortier. Et, coup de chance pour le 116ème d'infanterie, huit des 16 chars moyens d'appui pourront être débarqués, suivis de deux autres compagnies de chars transportés par LCT.

Dans les 45 premières minutes de l'assaut, le quart des effectifs débarqués a été perdu. le feu ennemi étant tellement intense que leurs objectifs les plus rapprochés étaient dissimulés par la fumée et les explosions. On peut au demeurant se demander si les dégâts n'auraient pas été moindre si des obus fumigènes avaient été tirés pour tendre un rideau de fumée entre les assaillants et l'ennemi. Dans cet enfer, pourtant, les passagers de quatre péniches portant des hommes du 2ème bataillon de Rangers 2 et du 116ème R.I. ont pu accoster entre les sorties des plages de Saint-Laurent et de Colleville et traverser toute la plage en ne subissant que deux blessés. Apparemment, le renforcement de ce secteur avait été oublié...

Une partie de l'échec du débarquement de la première vague d'assaut était due à l'incapacité des soldats de la 6ème brigade spéciale du génie et des démolitions navales à faire sauter les obstacles sur la plage comme il était prévu: outre une désorganisation des équipes dispersées sur la plage découverte à marée basse et transformée en champ de tirs, un tiers des hommes avait été abattu. Il n'en reste pas moins qu'à 0700, trois des 16 bulldozers avaient pu être mis en service afin de nettoyer la plage pour la vague d'assaut suivante qui, avec la marée montante, allait bénéficier d'une distance plus courte à parcourir pour s'abriter alors que les canons de la marine avaient également pu se rapprocher.

La deuxième vague d'assaut était constituée de deux bataillons du génie du 81ème bataillon chimique chargés de poursuivre le déminage de la plage, d'observateurs de l'artillerie de la marine, du personnel sanitaire et de l'artillerie anti-aérienne. On pourrait se demander ce que l'artillerie antiaérienne allait faire dans cet enfer alors que la Luftwaffe brillait surtout par son absence dans le ciel d'Omaha beach. Mais les Bofors' de 40 mm qui armaient ces unités, avec leur cadence de tirs de 2 obus à la seconde équipée de fusées de proximité, ont du sérieusement réconforter les hommes de la première vague et forcer les défendeurs à baisser quelque peu la tête pour s'abriter des éclats. En outre, les impacts de leurs obus étaient forcément visibles pour les pointeurs des gros calibres de l'artillerie de la marine...

Les rangers escaladant la pointe du Hoc sous la protection
des destroyers US Satterlee et britannique Talybont.
cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Sur l'aile droite (la plus à l'ouest), les hommes de la première vague reçurent normalement leurs renforts de deux bataillons et leurs armes lourdes. Mais à gauche (vers l'est) les hommes débarqués en renfort subirent le même feu destructif, la compagnie A étant virtuellement neutralisée. Les renforts furent décimés et il fallut plusieurs heures pour rassembler les survivants, sauver trois mortiers et trois mitrailleuses... Pourtant, la compagnie C déportée d'un km vers l'Est et couverte par un rideau de fumée va parvenir à débarquer et à réorganiser le front abrité par la digue.

Pendant ce temps, les rangers chargés de l'assaut de la Pointe du Hoc, qui avaient dérivé vers l'Est et devaient refaire le chemin en sens inverse, recevaient le renfort de la compagnie C du 5ème bataillon de Rangers. Mais seulement respectivement le tiers et la moitié des deux compagnies de 65 hommes ont survécu en prenant le contrôle de la plage, avant d'entreprendre l'escalade de la pointe du Hoc, avec les soutien des tirs préparatoires et de soutien croisés de deux destroyers, le Satterlee US et le Talybont britannique, qui durent être relevés à 1730 par les destroyers Barton and Thompson pour avoir épuiser plus de 70% de leurs munitions en quelques heures. Après leur escalade, les Rangers découvriront des emplacements de tir désertés les canons de 155mm recherchés ayant été entreposés bien en arrière de la côte. De là, les rangers pouvaient avoir un poste d'observation exceptionnel pour guider les tirs de la marine alliée.

Dans la zone des Moulins, la situation restait inchangée pour le Major. Sidney V. Bingham, Jr., bien que le 3ème bataillon ait réussi à débarquer à l'est de sa position. L'unité, dépourvue de liaison régimentaire était désorganisée et paralysée sous le feu croisé de l'ennemi.

Toutefois, les choses ont commencé à changer après 0830 dans cette zone, quand le 5ème bataillon de Rangers amputé de sa compagnie C a rejoint le 116ème régiment d'infanterie dont les hommes sont toujours blottis derrière leur digue. Les rangers franchissent par bond les 120 à 150 mètres qui les séparent de l'abris de la dune, bientôt suivi du groupe de commandement du général Cotta, lui même suivi par le 3ème bataillon du 116ème R.I. Tous se forment en colonnes de 20 à 30 hommes et rejoignent la zone de concentration qui leur est assignée par la route côtière en direction de Saint-Laurent. Les sorties de Saint-Laurent et Colleville sont maintenant contrôlées par les armes américaines. L'explication est relativement simple: après plusieurs heures de tirs intenses, les tireurs allemands n'ont plus les mêmes réflexes et en outre leur matériel commence à défaillir et les munitions à s'épuiser. Or, derrière les lignes allemandes, les bombes qui ont raté le front de mer ont du créer une véritable désert. C'est ainsi que démoralisé par l'entêtement des soldats américains, et le feu des canons de la marine, une première position allemande d'une vingtaine d'hommes qui se rendent tombe.

A 0900, un autre "strongpoint" tombe entre les mains du 3ème bataillon du 116ème R.I. Les Américains s'infiltrent avec persévérance, mais ils manquent d'armes lourdes et de chars, tant et si bien que les Allemands dominent encore le terrain à partir de l'artillerie positionnée sur les points les plus élevés de l'arrière-pays. Mais la mer monte toujours. Et avec la marée, un LCT porteur de chars et un LCI, tous les deux tirant avec obstination, atterrissent sur la plage de Colleville en prenant à partie les "strongpoints" qui tiennent toujours tandis que deux destroyers installés à 1000 yards de la ligne de marée haute arrosent abondamment les positions allemandes à l'Est des Moulins.

Vue aérienne d'Omaha beach à D + 1.
Cliché tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
A 1000, la défense allemande sur le glacis (NDR: traduction faite du mot "draw" utilisé içi de façon très "imagée" par les militaires américains) de Saint-Laurent est tombée entre les mains du 2ème bataillon du 18ème R.I. Pendant ce temps, deux bataillons du génie aménagent les sorties de plage sous la potection des armes lourdes du 3ème bataillon du 116ème R.I., qui sont enfin parvenues à leurs destinataires et le soutien des canons d'un destroyer. Cette fois, l'artillerie et les armes lourdes peuvent commencer à débarquer sur Omaha la sanglante, tandis que les fantassins américains dans l'arrière pays s'abritaient derrière les premières rangées de haies normandes qu'ils découvraient.

Désormais, l'action militaire du D-day sur Omaha devra être consacrée à la conquête des zones de Vierville-sur-Mer, Saint- Laurent, et Colleville. Des actions menées séparément et non coordonnées. Vierville-sur-Mer est tombée entre 1000 et 1100 entre les mains de quelques 600 hommes appartenant aux 1er et 2ème bataillons du 116ème R.I. auxquels était joint le 5ème bataillon de Rangers, contraint de contourner une mitrailleuse allemande.






Notes sur les Sources:
  1. Sur ce point, on peut se reporter au tome 1 de «Mes camarades sont morts», par Pierre Nord (pp. 130 à 144 de l'édition "J'ai lu", ainsi qu'au très documenté ouvrage, de Ralph Bennet Bennet «Ultra in the West», (pp 47 à 67 de l'Edition Hutchinson & Co (publishers Ltd), qui comporte tout de même quelques omissions dans son premier chapitre)
  2. «The rempart of Lies» d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre XIV, p. 179 à 183 et autres) de l'Edition du Pygmalion (Paris)
  3. Ce chapitre a fait l'objet d'une synthèse entre les renseignements du dossier "Sherrington" et le livre de Roger hesketh, FORTITUDE, aux éditions Overlook Prtess, Woodstock & New York. Cette synthèse n'a jamais été dressée par aucun historien. Or, le dossier Sherrington qui est à l'origine du plan rail décidé par Eisenhower, a également initié FORTITUDE, dont le principe a également été approuvé par la commandant suprême. Mais on ne peut en comprendre les détours que si l'on connait le rôle joué à Amiens par le Dr Robert Fécan.
  4. «The rempart of Lies» d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre XIV, p. 225 et suivantes) de l'Edition du Pygmalion (Paris)
  5. «The rempart of Lies» d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre XIV, p. 240 et suivantes) de l'Edition du Pygmalion (Paris)
  6. Les paroles du général Eisenhower, telles qu'elles ont été rapportées par les notes de l'Air Vice Marshal James M. Robb, SHAEF CofS for Air, sont précisément les suivantes:
    «The question,” Eisenhower pointed out, «[is] just how long can you hang this operation on the end of a limb and let it hang there.” The discussion continued a few more minutes.
    At 2145 Eisenhower announced his decision. «I’m quite positive, we must give the order!... I don’t like it, but there it is... I don’t see how we can possibly do anything else. There remained still a possibility that the weather might become so much worse that the decision would have to be reversed.»
    D'après les notes de l'Air Vice Marshal James M. Robb, SHAEF CofS for Air dont la citation est reprise par "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre VIII (p. 274), par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  7. .
  8. Se reporter à l'excellent résumé publié sur la page "Histoire du Jour J- La 6ème Airborne"
  9. «Le débarquement du Jour J à la libération de Paris» par l'historien Richard Holmes, par les Editions Gründ.
  10. Voir également les sites «D-Day-overlord.com» et l'excellent site officiel de la batterie de Merville.
  11. Ce paragraphe ainsi que les suivants font la synthèse des renseignements livrés par Cross Channel Attack, Chapitre VIII par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993, et du chapitre XXV (Tome 2) de l'oeuvre de Raymond Cartier consacrée à la seconde guerre Mondiale (librairie Larousse et Paris Match).





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dernière mise à jour le 28 avril 2015.