Page 1
page index

Page 2

Page3

Page4

Page5

Page6


Comme les hommes, les nations et les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département du Calvados et à la bataille de Normandie

Pour naviguer dans les pages du département, cliquer d'abord sur la page à consulter
Page 1:
page 2:
page 3:
page 4:
page 5:
page 6:
L'étau:
Les maquis,
Les réseaux,
la carte du mur
de l'Atlantique,
La mise à jour
des défenses
du mur de l'Atlantique,
La stratégie d'Hitler,
Commandement et organisation alliée,
Le dilemme d'Anzio,
le plan de marche
des troupes alliées,
Les bombardements
préliminaires
en Allemagne,
L'opération Crossbow,
Le pillage de la SNCF
après l'Armistice
Le plan rail,
Plan vert,
sabotages et bombardements:
les effets,
Les bombardements ultimes,
Les révélations d'Ultra,
Les jedburghs,
Fortitude: Où
repousser les alliés?,
We must give
the order!,
Le parachutage de la 6ème Airbornee
The bloody Omaha,
Eisenhower et le D-Day,
L'installation d'Omaha,
la conquête d'Isigny,
L'attaque de Trévières,
Le débarquement
sur Gold,
Le débarquement
sur Juno,
Le débarquement
sur Sword,
L'isolement des
têtes de pont,
Ultra au secours
des alliés,

La contre-attaque
allemande contre
les alliés,

Sur le front
américain,

Où est passée
la 2ème Panzer?

La bataille de
Villers-Bocage,

Epsom,
la tête de pont
sur l'Odon,

De Gaulle à Bayeux
Réorganisation
du commandement
allemand,
La bataille
de Caen,
Ultra et le
front britannique,
Opérations
britanniques du
10-18 juillet,
opération
«Goodwood»,
«Bluecoat»,
«Bluecoat»
et «ULTRA»,
Ultra et
le dilemme allemand,
Ultra, Mortain
et Falaise,
Opérations sur
le front britannique
(7-8 août),
PATTON en scène
Le piège de Falaise,

La capture d'Alençon
par la 2ème DB,
La prise de Carrouges,
La conquête d'Ecouché,
L'étau,
Opérations anglo-
canadiennes du 9 au
12 août 1944,
Opérations alliés
du 13 au 20 août,
La fermeture de
la poche de Falaise,
La bataille du
Mont-Ormel-Coudehard,
Sauve qui peut!

Maquis et résistance, renseignements, débarquement des alliés et libération du Calvados
(suite de la page 4)

Ultra au secours des alliés

On se doute que le quatrième jour suivant le débarquement était un jour d'épreuve pour les alliés. Qu'allait faire Hitler après l'installation des plus de 160.000 hommes de troupe alliés sur les plages de Normandie. On peut avancer sans crainte de se tromper qu'il va engager une vigoureuse contre-attaque pour bouter les alliés hors de France. Et que les alliés étaient toutes ouïes afin de déterminer où et comment cette attaque allait se développer.

L'une des premières surprises des alliés fut d'apprendre que la 17ème SS PzGr Division qui faisait effectivement partie du Panzer Gruppe West avait été mise à la disposition de la VIIème Armée allemande (environ pendant une heure et demi avant d'être mise à la disposition du Panzer Gruppe West)et qu'elle arrivait dans les environs d'Isigny et de Carentan afin, sans nul doute, de reprendre le contrôle de ce verrou à la base du Cotentin qui commandait aussi bien la route de Saint-Lô que celle de Cherbourg.

Les casseurs de code de Bletchley Park, qui suivaient les coûteuses et sanglantes pérégrinations de la 2ème SS Panzer Division partie de Montauban et contrainte de prendre le train à Périgueux, furent donc très surpris d'apprendre à la lecture du message radio-codé 0800/18 KV 8707 2129/18, que la 17ème Panzer Grenadier Division apparaissait dans le paysage de la bataille de Normandie pour passer sous le contrôle du Panzergruppe West commandé par le général Geyr von Schweppenburg. (1) Il venait de juste de parvenir le 8 juin 1944 à son quartier général pour y prendre ses ordres et son commandement qu'Ultra avait vent de sa mission. C'est grâce au décryptage d'un second message daté du 9 juin donnant des instructions à la 17ème SS PzGr Division, que Son poste de Commandement avait été localisée par la même occasion.(1)

L'origine du bombardement du château de la Caine
Se reporter à Ultra in the West, de Ralph Bennett.
Le lendemain de la capture du message, c'est à dire le 10 juin 1944 probablement en fin de matinée, et après le passage d'un avion de reconnaissance de la 2ème TAF, 40 Typhoons armés de roquettes, suivis par 61 Mitchells (bombardiers moyens bimoteurs), tous de la 2ème force aérienne tactique britannique (dépendant de l'E.A.E.F.), noyaient le château de La caine (à une vingtaine de km au sud de Caen) et tout le poste de commandement de la 5ème Panzer Armée sous un déluge de feu tuant tous les officiers d'état-major, y compris le chef d'Etat-major Cramer, mais épargnant le général Geyr von Schweppenburg, seulement commotionné. Bien sûr, le matériel de transmission fut détruit en grande partie par ce bombardement et l'attaque prévue pour le lendemain dût être repoussée d'abord de 24 heures puis de 15 jours.(14)

Mais c'est dans la nuit du 7 au 8 juin 1944 que la RAF avait bombardé la route à 6 voies et la forêt de Cerisy afin de détruire un dépôt et les unités de reconnaissance de la 17ème SS PzGr Division en concentration à Avranches, et non dans la nuit du 9 au 10 comme l'a écrit sans doute par erreur Antony Cave Brown dans son deuxième tome de «la Guerre secrète» (p. 291 de l'édition du Pygmalion).

La contre-attaque allemande improvisée face aux offensives alliées

Sur le front britannique

Qu'est-ce que les Allemands attendaient? La 2ème Panzer Division affectée dès le 6 juin 1944 au soir par Hitler au champ de bataille normand. Les premiers éléments de reconnaissance de cette division étaient partis d'Amiens par la route dans la nuit du 6 au 7 juin pour rejoindre Paris par Beauvais et après avoir traversé la Seine, pour prendre de là, la route de la Normandie. Mais les éléments les plus lourds, à savoir les chars "Tigre" et "Panthers", étaient seulement partis par chamin de fer toujours de nuit au soir du 10 juin pour Alençon. C'est pourquoi un premier bataillon de reconnaissance de cette grande unité blindée allemande avait été aperçu près de Caumont le 13 juin.

Or, arrivait simultanément dans le secteur de Saint-Georges d'Elle la 3ème Division de parachutistes, élément avancé du IIème Corps de parachutistes allemands qui commença par conforter les défenses de la 352ème DI allemande le long de l'Elle. La Panzer Lehr était de son côté pleinement engagée en défense et en profondeur au sud de Bayeux et ne pouvait donc pas se déployer en attaque, pas plus que la moitié de la 21ème Panzer Division toujours disposée en défense au nord de Caen. Il ne restait donc au Maréchal à Rommel et au général Geyr pour réaliser leur offensive pour bousculer les alliés que la moitié de la 21ème Panzer et la 12ème SS Panzer division en attendant la mise en ordre de bataille de la 2ème Panzer Division, ce qu'ils estimaient insuffisant, les blindés engagés étant positionnés en défense et non en formation d'attaque. Pour les mettre en position d'attaque, il fallait les dégager derrière des positions d'infanterie. Or, von Rundstedt, parfois contredit par l'OKW, s'efforçait de rassembler le maximum de formations d'infanterie, qui devaient affronter les plus grandes difficultés pour atteindre le front normand, notamment le sabotage des voies ferrées pâr la Résistance et le "strafing" aussi bien sur les routes que sur les voies ferrées des chasseurs et chasseurs-bombardiers alliés.

A propos de la confusion régnant dans les états-majors allemands, le maréchal Montgomery livre les faits suivants particulièrement savoureux, dans son ouvrage «Normandy to Baltic», des faits qui rendent hommage aux acteurs de l'opération de tromperie Fortitude (Sud) dont le Dr Robert Fécan à Amiens était en quelque sorte la vedette américaine cachée et dont le secret fut sauvé, le 2 avril par son fils:
«Quelle était la réaction du haut commandement allemand quant à l'assaut et de la pénétration rapide des défenses côtières?
«Nous savions maintenant que l'ampleur de la surprise que nous avions atteinte était plus que nous puissions avoir imaginé. La rupture des communications ennemies provoquées par notre bombardement, et la panne de son radar provoqué par nos contre-mesures, avaient laissé l'ennemi dans le doute pendant un temps considérable quant à l'ampleur et de la puissance réelle de notre assaut. Il s’est écoulé un moment considérable avant qu'une information adéquate retourne à Hitler, et même beaucoup plus avant que des ordres cohérents soient diffusés depuis les quartiers généraux jusqu’aux formations de combat.
«Que la 21ème Panzer Division contre-attaque, et la 12ème SS se soit déplacée, le 6 juin, était imputable à l’initiative de leurs commandants. Non seulement l'ennemi a apprécié que notre débarquement dans la péninsule de Cotentin était interprété simplement comme un effort de diversion, qu’ils pourraient traiter facilement, mais cette interprétation a persisté que l'opération entière était une opération de diversion qui était seulement le prélude à l'invasion alliée principale à livrer dans le Pas-de-Calais. En conséquence, l'ennemi a complètement mal apprécié la portée de nos débarquements et de nos manœuvres les suivant, et cela a affecté sérieusement ses décisions permettant d’appeler en Normandie les divisions du Nord de la France.
«La réaction du commandement suprême allemand à la réception des nouvelles de notre débarquement est établie dans une conversation téléphonique à 1655 heures le D-day entre le chef d’Etat-major de von Rundstedt et le chef d’Etat-major de la VIIème Armée. Hitler désirait que la tête de pont soit annihilée dès le soir du 6 juin. Cet ordre, fantastique rétrospectivement, montre comment était bien peu connue à Paris ou à Berlin l'importance de l'opération alliée. En raison de mauvaises communications, il est douteux que ces ordres n’aient jamais été réellement transmis aux divisions concernées. Le chef de l'état-major allemand avait apparemment déjà dit qu'il trouvait la tâche impossible à effectuer, mais Rommel avait ordonné que la 21ème Panzer attaque immédiatement.
«L'interrogation après la guerre des généraux allemands qui étaient en Normandie montre la confusion considérable qui existait dans les formations ennemies le D-day. Un bon exemple est celui de la 21ème Panzer, dont le commandant, entendant des nouvelles de notre approche juste après minuit sans avoir reçu aucun ordre de ses supérieurs jusqu'à 0700 heures du matin. Bien qu'il ait été ordonné de n'entreprendre aucune démarche jusqu'à l'arrivée des instructions à partir du groupe d'armées «B», il a décidé, sur sa seule initiative, d'attaquer la 6ème Division Aéroportée britannique, et a donné des ordres à cet effet à 0630 heures. À 0700 heures il n'avait obtenu aucun ordre ferme quant au rôle que sa division était de jouer dans l'invasion de résistance, et ce n'était qu'à 1000 heures qu'un ordre d'opération est arrivé, qui a décommandé son mouvement contre la 6ème Division Aéroportée et lui a commandé d’assister à l’ouest les forces couvrant Caen.
«Pour ajouter à la confusion provoquée par la panne des communications, il était évident que les plans ennemis pour contrer notre attaque étaient vagues et que, en raison des différents entre von Rundstedt et Rommel, aucun plan coordonné quant à la façon traiter un impact important en Normandie n'avait été élaboré de fait, ainsi que la façon dans laquelle les divisions ennemies de réserve étaient disposées et les retards provoqués par notre bombardement conçu pour empêcher des formations ennemies de parvenir dans la zone de combat. Notre stratégie offensive et nos attaques étaient conçues «pour tailler des croupières» à l’intérieur, et forcer Rommel à… boucher des trous.
«Comme nous avions prévu, l'ennemi n'avait pas compris nos intentions locales. Incertain au début des flancs, de la taille et du succès de nos débarquements de troupes aéroportées, il s’est immédiatement préoccupé d'une exploitation rapide vers les ports de Cherbourg et de Rouen et de la conception possible de la frappe vers le Pas-de-Calais à lier avec l'assaut principal qu’il prévoyait. Ses premières réactions étaient des tentatives pour bloquer et détruire notre tête de pont sur la rive droite de l'Orne; pour s'opposer en force au VIIème Corps US à Montebourg (afin de protéger Cherbourg)…
«Ces trois efforts étaient essentiellement défensifs. Ses efforts offensifs se sont composés d’attaques locales fortes par trois divisions de Panzer - 21, 12 et Lehr - tout le long du front entre l'Orne et la Seulles. Ces attaques auraient dû être coordonnées, mais grâce aux attaques aériennes alliées, à la pénurie d'essence, aux mauvaises communications, et à l'incapacité de l'infanterie de tenir ses positions, elles ont dégénérées dans une série d'engagements locaux amers...» (3)»
Telles sont les raisons profondes pour lesquelles, dans l'après-midi du 10 juin 1944, Montgomery lança entre les deux unités blindées allemandes, le 30ème Corps d'armée britannique dont la 7ème Amoured Division, celle des "Rats du désert", avec l'ordre de traverser Tilly-sur-Seules et de contrôler les hauteurs de Villers-Bocage. Au moment même où les avions de la 2ème Force aérienne tactique britannique matraquaient le château de La Caine à 20 km au sud-est de Caen et détruisaient tout l'état-major de Panzergruppe West commandé par le général Geyr von Schweppenburg, lui même commotionné. Simultanément, le Vème Corps U.S. montait une attaque en profondeur sur le flanc gauche de la 1ère DI US afin de protéger le flanc ouest de la manœuvre de la 7ème Division blindée britannique. Mais la Panzer Lehr résista fortement à Tilly-sur-Seules. Tilly sera prise et reprise tour à tour. Au point que Montgomery décidera de contourner ce "strong point" pour conquérir Villers-Bocage, toujours dans le but d'isoler Caen.

Mais en réalité, la 7ème Division blindée Britannique qui s'apprête à fondre sur Caen a derrière elle la 2ème Panzer Division qui n'a pas encore achevé totalement sa concentration. Le général von Lüttwitz contre-attaque avec les troupes dont il dispose, à savoir deux régiments d'infanterie soutenus par deux bataillons d'artillerie probablement soutenus par quelques chars qui progressent sur la route Caumont-Villers-Bocage. C'est maintenant la divison britannique qui est tournée et doit se réfugier sur une hauteur à deux miles à l'Ouest de Villers-Bocage. Le 14 juin 1944, l'attaque de la journée précédente est renouvelée vers Parfouru-Léclin, jusqu'à l'Aure. Mais cette fois, l'attaque de la 2ème Panzer Division est cassée par l'artillerie de Vème Corps US qui est installée sur les hauteurs au nord de Caumont-L'éventé. Les hauteurs de Villers-Bocage resteront entre les mains de la 2ème Panzer Division et de la 3ème division parachutiste allemande pendant quelque six semaines supplémentaires. Mais la fameuse contre-attaque allemande réclamée par Hitler pour rejeter les alliés a échoué... comme on le verra plus loin.

Sur le front américain

Dans la zone du Vème Corps, Le 11 juin, fut marqué par un seul combat à la lisière sud de la Forêt de Cerisy où le 1er bataillon du 38ème RI US a affronté un groupe d'ennemis bien retranchés au carrefour Haute-Littée. Mais dans l'ensemble, les 10 et 11 juin 1944, les 1ère et 2ème divisions US faisaient face à un trou profond de 10 miles allant de Bérigny à Longraye, ligne sur laquelle la Panzer Lehr Division devait attaquer. Cette débandade allemande était directement le résultat de l'effondrement de la 716ème DI allemande, qui avait suivi la capture de Bayeux et le matraquage du flanc gauche de la 352ème DI allemande. Il ouvrait un véritable boulevard en direction de Caumont et vers les zones boisées des environs du Bois de l'Homme et du Bény-Bocage. Dans la réalité, un seul bataillon de reconnaissance de la 17ème SS PzGr tenait, le 10 juin, la zone de Caumont.

Les succès américains autour de la bataille de Carentan
Plan extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", par Gordon A. Harrison
Dès le lendemain, les premiers éléments de la 17ème SS PzGr commençaient à apparaître au sud de Balleroy et à l'Est de St-Paul-de-Verney. Au soir du 11 juin, alors que la 101ème Airborne Division infiltrait les quartiers extérieurs de Carentan, l'état-major de la 1èreArmée US décida d'affecter un nouveau régiment d'infanterie en soutien de cette action pendant que le principal de la Vème Armée continuait à pousser vers le Sud. Il était en effet indispensable de protéger le flanc est du VIIème Corps entre la Douve et la Vire. La tête de pont d'Auville-sur-le-Vey était donc par le 3ème bataillon du 41ème RI de la 2ème Division blindée US qui venait de débarquer le 9 juin 1944 à OMAHA. A quoi s'est ajouté le 12 juin 1944, le 175ème R.I. US chargé de reconnaître en force la région de Montmarin-en-Graignes et de s'emparer de ponts sur le canal Vire-Taute pour parer une éventuelle contre-attaque allemande depuis le sud. Ces unités du Vème Corps étaient provisoirement placées sous le commandement du Brigadier général Anthony McAuliffe, commandant l'artillerie de la 101ème Airborne Division.

Après la Chute de Carentan le 13 juin 1944, les Allemands ont bien tenté de contrattaquer. Mais entretemps, le général Bradley avait donné l'ordre, dans la nuit, de renforcer la zone de Montmartin-en-Graigne par le 2ème bataillon du 66ème Régiment blindé, qui formait donc avec le 3ème bataillon du 41ème Régiment blindé, une véritable Task Force. La contre-attaque allemande du 13 juin fit long feu: la Task Force constituée dans la nuit arrivant au début de l'après-midi défit l'attaque allemande dont les pertes ont été estimées à 500 soldats. Désormais, les zones géographiques dévolues aux Vème et VIIème Corps US étaient sécurisées à la veille de l'entrée en lice du XIXème Corps d'armée US qui devenait opérationnel le 14 juin 1944.

Après la chute de Carentan, il était tentant pour les Américains de conquérir la colline 192 qui dominait la route Saint-Lô-Bayeux. Cet objectif fut confié le 13 juin au 23èmeème RI US qui était flanqué de la 29èmeème Division d'infanterie. La colline qui fut pilonnée par les chasseurs bombardiers et par 6.500 salves d'artillerie. Finalement la colline résista aux assauts des 1ère DI US (perte de 92 hommes) et 2ème D.I US (perte de 540 combattants). Quant aux attaques de la 29ème DI US soutenues par le 747ème bataillon de chars, il s'arrêta dans la soirée (pertes de 547 combattants) malgré un généreux support d'artillerie déclenché depuis Saint-Clair-sur-Elle et Couvains.

Or, la préoccupation essentielle du général Bradley était tournée essentiellement vers la capture de Cherbourg. le fait que les Anglais étaient eux-mêmes stoppés au Nord de Tilly-sur-Seules ne pouvait que cnduire le Vème Corps à adoptére une position défensive sur le Corrridor de la Vire et de la Taute. Il y était d'autant plus conduit que la tempête du 19 au 23 juin 1944 qui a détruit le mulberry d'Omaha ne pouvait que l'y conduire.

Tous ces combats sur le champ de bataille américain se déroulaient en même temps que l'offensive que le Maréchal Montgomery avait lancée depuis les têtes de pont britanniques pour isoler et prendre Caen. Le bureau G2 du Vème Corps avait en effet détecté très vite, outre la présence de la 17ème PzGr Division, celles des 11ème Panzer et 1ère SS Panzer Divisions respectivement vers le sud et le Nord est. Et le bureau G2 de la 1ère Armée pronostiquait donc que l'ennemi mijotait une attaque majeure. Qui des alliés ou des Allemands allait surprendre l'autre?

Alors que les troupes britanniques semblent piétiner, les troupes américaines lancent avec succès leurs attaques le 12 juin 1944 à 0800 en déployant les 18ème et 26ème RI US sur un front de 3 miles derrière deux vagues du 102ème escadron de cavalerie. Progressant rapidement jusqu'à la route Caumont-Saint Lô; les américains ne rencontreront devant eux qu'un bataillon de reconnaissance de la 2ème Panzer Division. Bref, la 2ème Division blindée allemande n'est pas loin. Mais Où?

Mais où est donc passée la 2ème Panzer Division?

C'est encore Ralph Bennett qui apporte une réponse à la question. Il explique que la progression des troupes anglo-canadiennes a été empêchée par les attaques persistantes qu’Hitler réclamait quand il a rejeté la demande de Rommel de se concentrer sur le front américain - par exemple, pour le LXXXIème Corps près de l’embouchure l'Orne, le 12 à propos duquel, dont Ultra avait livré des explications suffisantes. Or Rundstedt exigeait beaucoup plus de ses blindés (1ème SS Pz, 2ème Pz et 116ème Pz) positionnée près de la tête de pont anglo canadienne en raison d'une alerte d'invasion en Belgique et en Hollande. (2100/11 KVs 7605.7615 0313/12).(4) Bien que ce rapport complet de Rundstedt ait été daté du 10 juin, il n'était pas disponible dans les dépêches décodées avant le 14 juin. Il n'a pas donc rapporté les nouvelles de l'arrivée de la 2ème Pz, qui était apparemment sans influence sur l’idée de Montgomery de concentrer dorénavant les blindés allemands sur le front britannique autour de Caen de telle sorte que les Américains puissent provoquer une percée plus à l’Ouest; mais il était quelque peu trompeur de sa part de prétendre que la 2ème Pz Division «est soudainement apparue».

«Ultra, a écrit Ralph Bennet, avait indiqué sa progression vers sa zone de concentration à seulement trente-cinq miles de là, le 12 juin – c’est-à-dire bien avant que son infanterie ait été identifiée la première fois en action. Son arrivée a comblé la lacune maladroite du front allemand qui avait rendu possible la tentative de débordement de Caen par Caumont, et forcé la retrait de la 7ème Division blindée de Villers-Bocage, et conduit à un ralentissement provisoire de la progression britannique qui avait refusé à la RAF les terrains d'aviation qu'elle comptait occuper à ce moment et provoqué des remarques injustifiables de Tedder évoquant une «crise» (0730/12 KV 7707 1701/12).» Les activités du Ier SS Panzer Korps et des divisions le composant (Pz Lehr, 12ème SS Panzer, 21ème Pz, 716ème Divisions et Brigade Werfer n°7, selon un ordre du 11 juin) autour de Caen, et plus particulièrement entre Troarn et la mer, à l'Est de Caen étaient mises régulièrement à jour, ainsi même que les mouvements plus lointains de la 116ème Pz.

Un événement majeur était à ce moment la concentration à grande échelle de chars allemands depuis le D-day. Le message décrypté était daté du 15 juin 1944 et concernait le 1er SS Panzer Korp (comportant les divisions récapitulées et le 101ème bataillon de panzers lourds- par exemple tous les blindés maintenant en action, excepté les 2ème Panzer et 2ème SS Panzer divisions cette dernière en transit dans le centre et l’Ouest de la France). Comme c’est souvent le cas dans des matières de cette sorte, le message était difficile à décoder et il était déjà émis depuis cinq jours avant d’être décrypté et diffusé. En résumé, il révélait que ce Corps d'armée de Panzers disposait de 129 chars Mark IV et quarante-six Marks V (des chars "panther") immédiatement utilisables, ainsi qu'environ soixante-dix canons antichars lourds; vingt et un chars Mark IV, dix-huit Chars Mark V et 30 Marks VI (tigres) étaient en réparation légère, deux Mark IV et huit Mark VI étaient en réparation longue (la 12ème SS Panzer avait récupéré quelques chars utilisables pendant les quatre jours précédant son retour). Quelques jours plus tard, un complément à ce rapport opérationnel a annoncé trois approvisionnement successifs (pour les 19, 20 et 21 juin) par le même Corps, révélant une pénurie de canons lourds, d'infanterie, de canons antichar et de mines, et rapportant une diminution des moyens de transports motorisés.

Naturellement, il n'y eut pas le moindre chuchotement dans Ultra sur la conférence du 17 juin 1944 entre Hitler, von Rundstedt et Rommel au PC de Margival près de Soissons, une entrevue qui s'est tenue dans une atmosphère «quelque part entre la confusion et le chaos», selon le général Speidel. Mais des nouvelles courantes utilisables pour les prochains jours de bataille filtraient annonçant l'arrivée imminente depuis la Belgique de la 1ère SS Panzer Division (avec environ 100 chars dont la moitié de Panthers) pour remplacer la 716ème Division au sein du 1er Corps de SS Panzer. Cette division devait s'insérer à la frontière entre le 1er Corps de SS Pz et la 2ème Division de Pz du XLVIIème Corps de Pz.

Les dures batailles autour de Caen (5)

S'il y a avait une leçon que le Maréchal Montgomery avait tiré de sa victoire à El Alamein, où l'aviation anglaise en Méditerranée avait réussi à empêcher l'approvisionnement des forces de Rommel, c'est qu'il ne faut laisser aucun répit à l'ennemi. Et c'est bien cette règle que Monty va appliquer dans la bataille perdue de Villers-Bocage.

L'affrontement de Villers-Bocage

L'un des objectifs essentiels de l'Armée britannique (1er et 30ème Corps d'Armée) était de capturer Caen afin de disposer le plus tôt possible d'un port pour faciliter le débarquement des troupes et celui de l'Armée allemande sera justement de s'y opposer à tout prix afin de barrer la route de Paris et celle du Nord de la France. Or, la conquête de Caen avait été prévue par les planificateurs de Neptune dès le 6 juin 1944 au soir. En complément, la 51ème D.I. britannique, qui devait débarquer dès le 10 juin, devait développer la tête de pont sur l'Orne et boucler l'encerclement de Caen par l'Est que des attaques incessantes des Allemands tentaient de rompre par l'Est.

Donc le 9 juin 1944, alors que le 1er Corps d'armée britannique butait au nord de Caen sur des défenses bien organisées et retranchées derrière des fossés antichars soigneusement minés au nord de Caen et soutenus par les chars de la 21ème Panzer, la 30èmeème Corps britannique tâtonnait entre Bayeux et Caen (c'est à dire à l'Ouest de Caen) pour découvrir un trou béant dans les défense allemandes en direction du Haut d'Andrieu, de Tilly-sur-Seule et de Villers-Bocage.

Le 30ème Corps s'est donc engagé dès le 9 juin dans le corridor de Tilly-sur-Seulles avec l'intention de trouver l'ennemi vers le sud et de traverser Tilly-sur-Seulles en direction de Villers-Bocage, en employant initialement la 8ème brigade blindée, qui devait être suivie par la VIIème Division blindée (alors en cours de débarquement). Le matin du 9 juin, le Haut d' Audrieu avait été conquis et l'avance s'est poursuivie vers le triangle routier à l'est de Tilly.

Or, dès le 10 juin 1944, les chars de la 8ème brigade blindée auxquels la 7ème brigade blindée britannique avait emboité le pas ont trouvé devant eux des chars de la 12ème SS Panzer Division et également de la Panzer Lehr. Les chars de la 7ème Division qui étaient entrés péniblement en bataillant dans Tilly-sur-Seules le même Jour en ont finalement été chassés le 12 juin à la suite d'une contre-attaque allemande très dure.

Le matin du 12 juin, la progression du 30ème Corps avait atteint la ligne générale La belle Epine-Lingevres-Tilly-Fontenay-le-Pesnel-Cristot-Bronay (NdR:il s'agit probablement de Brouay). Dans ces villages, l'ennemi avait établi des points d’appui forts avec un système coordonné des défenses antichars soutenues par des détachements d'infanterie et de blindés. La deuxième Armée britannique a donc décidé de regrouper ses forces et de lancer la 7ème Division blindée sur une nouvelle ligne d’attaque sur l’axe Subles-la Butte-La Paumerie-Amayé-sur-Seulles, en progressant avec rudesse le long de la frontière inter-armée du Vème Corps d'armée U.S., pour balayer vers le sud le flanc droit de la 50ème Division et entrerait sur Villers Bocage par l'ouest. La 7ème Division blindée devait donc s’emparer de la hauteur au nord-est de Villers-Bocage en contournant la commune par le sud, et la 50ème D.I. devait lui emboiter le pas. Mais cela impliquait de contourner le secteur sensible de Tilly par un cheminement devant se poursuivre vers l'est en direction d’Evrecy et d'une hauteur entre l’Odon et l‘Orne. En cas de succès, cette attaque menacerait les forces ennemies couvrant Caen sur le nord et le nord-ouest.

L’avance dans l'après-midi progressait bien, et les chars de tête ont atteint Livry, à environ trois miles au nord-est de Caumont à 1745 heures, à ce moment là, les unités principales étaient à environ trois miles à l'arrière. A la nuit tombée, les principales troupes, qui avaient accompli l’offensive vers le sud, commençaient à rouler vers l'est. Au matin suivant, le secteur de Villers-Bocage était atteint et la ville a été envahie, alors que des patrouilles étaient envoyées à l'est et au sud. Pendant cette manœuvre peu de résistance avait été rencontrée de la part de la Panzer Lehr, mais le 13 juin, la 2ème Division de Panzer, qui venait d'Amiens et avait été affectée au secteur de Caumont pour stabiliser le front devant les Américains, est arrivée inopinément à Villers-Bocage.

Le vaste champ de manœuvre de la bataille de Villers-Bocage
Carte construite avec Google Map.
De part et d’autre, on fût très étonné de trouver l'autre dans la ville; les contre-attaques ennemies sont venues du sud-ouest et du sud-est et il y a eu quelques combats lourds dans certains quartiers isolés. À 1800 heures, les britanniques ont décidé de se retirer de Villers Bocage vers l'éminence à environ deux miles à l'ouest de la ville et ceci a été accompli avec succès. Après quoi d'autres contre-attaques ennemies ont encore été cassées grâce on le sait à l’appui feu des canons de la marine britannique et du Vème Corps d’armée US. Pendant ce temps, la 50ème Division avait lancé sa progression vers le sud, mais elle s'est heurtée à une opposition dure et peu de progrès ont été faits au delà de la route de Balleroy-Tilly.

Le 14 juin, la 7ème Division blindée tenait une ligne depuis l'ouest de Villers-Bocage jusqu’à la frontière inter-armée près de Caumont et était en contact avec la 1ère Division d'infanterie des Etats-Unis. Pendant l'après-midi, une série d'attaques dures de l'ennemi s'est développée, et pendant que la 50ème Division tenait la ligne La Belle Epine-Tilly-sur-Seules, la position exposée de la 7ème Division blindée était devenue insoutenable. Des ordres de retraite ont été donnés sur une profondeur d'environ cinq miles vers le secteur de Parfouru-l'Eclin sur l’Aure. En soirée, deux colonnes ennemies ont lancé des nouvelles attaques et le combat très dur qui a suivi a été soutenu par des tirs d'artillerie, y compris l'appui des canons du Vème Corps U.S. et des bombardiers. Le désengagement a commencé à 2300 heures et a été accompli avec succès pendant la nuit. Le bilan pour le combat du jour déclarait 40 chars hors d’usage alors que des pertes très lourdes furent infligées à l'infanterie ennemie.

La 7ème Division blindée avait maintenant l’ordre de tenir fermement, alors que la 49ème Division (qui avait débarqué le 13 juin) et la 50ème D.I. devaient progresser vers le sud et le sud-ouest pour capturer Hottot et Tilly. Le 18 juin, ce combat s’était poursuivi pendant trois jours et les salves étaient en particulier violentes sur la ville de Tilly, qui a été capturée le 19 juin.

La version donnée par Raymond Cartier sur l'affrontement de Villers-Bocage est beaucoup plus brutale(6):
«Celui qui songe à utiliser la brèche pour tourner par l'Ouest le butoir de Tilly est le général Buchwall, commandant le 30ème Corps britannique. La VIIème Armoured déboite vers la droite , franchit l'Aure, contourne le crochet défensif allemand. Le 13, elle surgit sur les crêtes de Villers-Bocage entre dans la localité et, l'ayant traversé s'engage sur la route de Caen. Bayerlein est pris à revers.
«C'est alors que se produit un dramatique retournement de la fortune. L'avant garde de la 7ème Armoured, consistant en l'escadron londonien des Sharpshooters, fait halte à la côte 213 sur la route de Caen, au-dessus de la vallée encaissée de l'Odon. Personne ne voit surgir un détachement de 5 Tigres qui, défilant le long de la colonne surprise, comme les vaisseaux devant une ligne de frégates, incendient tous ses véhicules: 25 tanks, 14 camions blindés etc.
«D'autres chars allemands attaquent la lisière orientale de Villers-Bocage, bousculent les 8ème et 11ème hussards. Les intrus qui viennent ternir le brillant succès des "rats du désert" appartiennent à la 2ème Panzer mise à la disposition du groupe Geyr par une décision tardive d'Hitler...
«Elle devait, le 13 juin, remettre en état en état son matériel, mais l'Obersturmführer Wittman et le Hauptsturmfürher Mödin on découvert les Anglais là où ils ne devaient pas être, et spontanément, ont attaqué. Le général von Lüttwitz les a soutenus avec tous les éléments disponibles de sa division. Villers-Bocage est perdu...»
Si l'on voulait résumer la situation militaire en Normandie au 18 juin 1944, alors qu'Hitler avait lancé les V1 à l'assaut de Londres et que Cherbourg était déjà isolée du reste de la Normandie, c'est que les Allemands ne disposaient pas assez de fantassins pour constituer derrière eux de puissantes forces blindées d'attaque aptes à repousser les alliés. Les alliés eux-mêmes vont également avoir beaucoup de difficultés pour constituer leurs propres forces blindées d'attaque tant ils sont gênés par l'exiguïté de leur base de départ et par le bocage normand, ses zones inondables pas toujours praticables par les blindés et ses alignements de haies propices aux embuscades. Pour briser la défense allemande, il leur faudra utiliser l'avantage militaire et stratégique que leur donne la domination aérienne: le bombardier lourd. Une idée sur laquelle le général Bradley et l'état-major du groupe d'armée britannique travaillent depuis plusieurs semaines et à l'exploitation de laquelle Patton travaille déjà sous le contrôle de Bradley, mais qui ne pourra réaliser la percée espérée qu'après la prise de Saint-Lô.

Epsom, la tête de pont britannique sur l'Odon (19-30 juin 1944)

La capture de Cherbourg se révèlera plus coriace que prévu, et l'Arsenal ne tombera que le 26 juin 1944. Il faudra plusieurs semaines avant de remettre le port en état et d'avoir neutralisé toutes les mines posées par les Allemands.

S'agissant de la prise de Caen, la 2ème Armée britannique a regroupé les 30ème, 8ème et 1er Corps dans une opération pour la prendre en tenaille. Le plan de la 2ème Armée prévoyait le début de l’attaque principale sur le front du 30ème Corps, en tenant fermement les secteurs à droite et au centre du front, pour avancer du côté gauche et sécuriser le secteur de Noyers. Ce mouvement protégerait le flanc droit du 8ème Corps et devait être exploité vers Aunay-sur-Odon. Le 8ème Corps devait être lancé à travers le front de la 3ème Division Canadienne, en vue de forcer des ponts enjambant l’Odon et l’Orne et de gagner une éminence au nord-est de Bretteville-sur-Laize, dominant les sorties de Caen vers le sud. Les opérations avaient été planifiée en deux phases. La première, conquérir les ponts de l'Orne. Le 8ème Corps disposait de deux divisions d'infanterie et de deux divisions blindées avec deux brigades blindées additionnelles disponibles pour cette opération. Dans le secteur du 1erer Corps, l'objectif était d'assurer la sécurité de la tête de pont, et de se préparer à éliminer le saillant ennemi au Nord de Caen en nettoyant la ville, au fur et à mesure de la poussée du 8ème Corps.

La tempête, qui a sévi du 19 au 22 juin 1944 inclus en démolissant le mulberry d'Omaha, a contraint de reporter cette attaque du 22 au 25 juin en raison du retard apporté au débarquement du 8ème Corps d'Armée britannique. Dès le 23 juin toutefois, la 51ème DI britannique a capturé Saint-Honorine en résistant à une contre-attaque féroce de la 21ème Panzer.

Le 25 juin 1944 à 0415 du matin dans le brouillard en direction de Rauray. L'attaque par la 49ème Division avec la 8ème brigade blindée sous son commandement a débuté par une progression régulière du côté droit, jusqu'à Tessel Bretteville atteinte dans l'après-midi et des patrouilles ont été menées à travers les bois vers le sud. Pourtant les britanniques ont rencontré une opposition considérable, principalement des 12ème SS Panzer et Panzer Lehr, sur leur gauche à Fontenay et leur progression a été stoppée. À 2100 heures, une nouvelle attaque appuyée par de chars était réussie et Fontenay tombait vers minuit malgré une résistance.

Au matin du 26 juin, l'attaque sur Rauray a été reprise depuis l'éminence de Tessel Bretteville, mais la progression a été bientôt arrêtée par une résistance féroce et le fait que le pays était peu adapté aux chars. Les blindés ont donc été désengagés et remis en ligne quand la brigade a atteint les quartiers périphériques de Rauray avec l'infanterie en appui rapproché. Un combat féroce dur s’est poursuivi tout au long de la journée suivante, et l'ennemi a monté plusieurs attaques de chars à partir des sud et du sud-ouest. Le 28 juin, Brettevillette était capturée, puis un peu plus tard reperdue à la suite d'une contre-attaque de la 2ème SS Panzer Division.

S'agissant du 8ème Corps, l'attaque a été lancée à 0730 heures le 26 juin sous la conduite de la 15ème Division. L'ennemi était bien camouflé dans un pays difficile, et les champs de mines étendus couvraient ses positions. Malgré le mauvais temps très pluvieux et les nuages bas, et des combats très durs, des progrès ont été accomplis pendant le jour, en particulier autour de Cheux. Vers la fin du jour, les troupes de tête étaient bien au sud du village avec des patrouilles à Grainville-sur-Odon, un bataillon établi dans Colleville et des éléments de la 11ème Division blindée étaient dans Mouen.

Le 27 juin, les opérations se sont poursuivies avec l'objectif de contrôler l’Odon. Pour ce faire, la 11ème Division blindée britannique a traversé l'éminence dans la région d'Evrecy-Esquay afin de fixer ultérieurement une tête de pont de l’autre côté de l’Orne. Après des combats confus dans la matinée, le noyau principal de la résistance ennemie s'est concentré dans la région de Grainville, graduellement contournée. Tard dans l’après-midi l'infanterie traversait l'Odon. Finalement les blindés ont rejoint l'infanterie sur la rive est du fleuve après avoir découvert un pont intact à environ un mile à l'ouest de Baron.

Tôt le matin du 28 juin, le gros de la 11ème Division blindée a traversé l'Odon et s'est déplacée vers Esquay et vers la hauteur dominante, la colline 112, que l'ennemi tenait avec des détachements de Panzer et des canons antichars. Vers le milieu de l’après-midi les chars anglais investissaient la zone du point 112 et encerclaient le nord-est d'Evrecy, mais l'ennemi combattait férocement et à la fin du jour, les blindés anglais ont été retirés de la tête de pont sur des positions d'isolées en hauteur. Outre plusieurs attaques lancées pour épuiser la résistance allemande sur les flancs de l'axe de progression du Corps, une deuxième tête de pont a été constituée sur l’autre rive de l’Odon dans le secteur de Gavrus.

Le 29 juin, les opérations ont continué à élargir la tête de pont de l'Odon et à stabiliser finalement le couloir en prélude à l’attaque lancée par la 11ème Division vers l’Orne. Dans le corridor, la progression a été accomplie par la 15ème Division à travers la voie de chemin de fer proche de Grainville et, plus au sud, vers la route principale de Noyers-Caen. Sur sa gauche, la 43ème Division traitait l'opposition déterminée dans les bois et les vergers environnant l'Odon et dans la soirée une brigade était à l'est du fleuve. À ce stade de l'opération, l'ennemi a fait un effort déterminé pour rétablir la situation. Il a engagé une forte contre-attaque à partir du sud-ouest, avec une attaque à cheval sur le fleuve Odon et sur la route de Noyers-Caen ; les détachements ennemis ont également infiltré la zone vers Cheux. Un combat coriace s'est poursuivi le long du flanc droit du saillant du Corps et le pont au sud de Gavrus a été perdu. Vers le soir, la situation s'est graduellement améliorée et l'ennemi a été éliminé après avoir ensuite soutenu de lourdes pertes.

Pendant le jour, les 1ère et 2ème SS Panzer Divisions ont été rencontrées, et des éléments de la 9ème SS Panzer Division avec des éléments de reconnaissance de la 10ème SS Panzer Division, tous les deux sur le front Est, sont également intervenus. Il y avait maintenant des éléments d’au moins huit divisions de Panzer sur l’extrémité droite étroite de vingt miles du front de la seconde Armée entre Caumont et Caen. En foi de quoi, on a décidé que les groupes B des Corps devraient se concentrer pour l'instant sur la terre gagnée, et le regroupement a commencé avec l’objectif de retirer nos blindés dans la réserve prête pour renouveler des attaques.

Dans le secteur du 1er Corps les divisions ont poursuivi leur activité offensive et réalisés quelques gains locaux, mais il n'y avait plus aucune progression principale, parce que les opérations du 9ème Corps n'avaient pas progressé suffisamment en profondeur pour menacer les défenseurs ennemis au nord de Caen, qui continuaient à combattre obstinément. L'ennemi avait investi les 21ème Panzer, 12ème SS et Panzer Lehr Divisions dans une série d'attaques désespérées mais non coordonnées pour reconquérir les plages, et celles-ci avaient échoué.

La prochaine étape était évidemment de tenter d’isoler la tête de pont jusqu'à ce qu'une force blindée vraiment forte puisse être concentrée pour une attaque décisive. Cependant, en raison des retards imposés par les attaques aériennes et les sabotages, cette concentration de blindés allemands en Normandie demandait une quinzaine de jours pour y parvenir (ndr: et une concentration suffisante d'infanterie qui ne se produira jamais). Dans la période du 13 au -30 juin 1944, cinq divisions supplémentaires -2ème Panzer, 1ère SS, 2ème SS, 9ème SS et 10ème SS ont été rassemblées pour y être impliquées. La présence de sept divisions de Panzer (avec des éléments d’une huitième) - deux-tiers des blindés ennemis, en France- le long d'un front de 20 miles donne une certaine idée de l'âpreté des combats dans la dernière semaine de juin, et l'importance que l'état-major allemand attachait à empêcher l'isolement de Caen.

Le 29 juin 1944, justement, le lendemain de la mort par crise cardique du chef de la VIIème Armée, le général Dollmann, les deux maréchaux Rommel et von Rundstedt sont convoqués à Berchtesgaden par Hitler. Pour les humilier, Hitler leur interdit de prendre le train ou l'avion, ce qui leur impose 24 heures de route en voiture, avec le risque d'être mitraillé par les "jabos", punition suivie d'une attente en antichambre de 6 heures d'horloge. Tout cela pour leur annoncer que le plan adopté le 20 juin 1944 pour que trois corps de blindés attaquent à la soudure des fronts américains et britanniques afin de repousser les alliés à la mer est annulé, et que les armées allemandes confinent les alliés en Normandie, en attendant que les armes V détruisent l'Angleterre.(6) Or, au même moment, et sans s'être concertés avec leurs chefs, d'une part, Geyr von Schweppenburg demande l'évacuation du saillant de Caen, et le général Paul Hausser, premier général SS à accéder au commandement d'une armée allemande, demande le recul du front normand jusqu'à Saint-Lô et Villers-Bocage...

De Gaulle à Bayeux(9)

La proclamation d'Eisenhower
au peuple français

cliquer sur le lien
Le jour même du débarquement, le général Dwight D. Eisenhower, en tant que Commandant suprême du Corps expéditionnaire allié a lancé une adresse aux peuples de l'Europe occidentale, dont une adresse au "Peuple de France", qui n'a été communiquée au général De Gaulle que le 4 juin 1944, à l'occasion d'un déjeuner auquel assistait Churchill. Il est évident que ce texte est un compromis entre les directives reçues de Roosevelt et le souci de ménager l'intransigeance de la susceptibilité du général De Gaulle dès qu'il s'agit de la liberté de s'administrer de la France.(8)

De Gaulle va en effet s'employer, d'une part, à se faire reconnaître comme représentant du gouvernement provisoire de la France libre, et à saboter le projet allié de l'AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories) qui prévoyait, entre autres, la diffusion d'une monnaie propre aus territoires occupés par les alliés. A ce propos, De Gaulle manoeuvrera pour mettre la presse des pays alliés de son côté. Le 11 juin 1944, il laissera volontiers diffuser une information par l'Agence française d'Information de Londres qui avait recueilli la veille son avis sur la coopération entre les alliés et la future administration française qu'il entend mettre en place:
«Actuellement, il n'existe aucun aucun accord entre le Gouvernement français et les gouvernements alliés au sujet de la coopératio,n de l'administration française et des armées alliées en territoire libéré...
«D'autre part, l'émission en France d'une monnaie soit-disant française , sans aucun accord et sans aucune grantie de l'autorité française ne peut conduire qu'à de sérieuses complications...»

Et au lieu d'envoyer les 170 officiers de liaison avec les organisations de résistance les administrations françaises dans les états-majors alliés, De Gaulle n'enverra le 8 juin 1944 que 20 officiers placés sous la houlette du colonel Chandon avec le titre "d'officiers de liaison générale et d'observation". Il faut dire que De Gaulle est plus qu'agacé car ses moyens de communication, notamment avec le gouvernement provisoire d'Alger, sont interdits sauf s'ils passent sous le contrôle des alliés... La situation est telle que Churchill, interpellé le 14 juin 1944 aux Communes sur sa politique à l'égard de la France, éludera toute réponse à cette délicate question...

Et c'est justement le 14 juin 1944 que De Gaulle embarque à Porthmouth à bord du tropilleur "la Combattante" qui arbore à son grand mât le drapeau tricolore frappé des initiales du général De Gaulle. Quatre heures plus tard, le général emprunte un "duke" qui va le déposer au Calvaire de Courseulles-sur-Mer où il sera accueilli par un simple détachement de la garde écossaise commandé par le capitaine Tissot et quelques officiers de la marine britannique. Toutefois, De Gaulle a son plan: il emmène comme noyé dans sa suite, François Coulet, qu'il a fait venir de la Préfecture de Corse, qu'il a l'intention de désigner comme Commissaire de la République régional de Normandie avec 25 millions de Francs en billets de banque français enfermés dans une cantine militaire... afin de faire face aux premiers besoins des administrations françaises, ainsi que le Commandant Duroc, qui sera désigné comme secrétaire général de la Police.

Tandis qu'une partie de sa suite se rend à Bayeux pour y investir, entre autres, la sous-préfecture, De Gaulle se rend au PC de Montgomery qui le reçoit, tel un chef militaire sûr de sa victoire et invite De Gaulle à prononcer quelques mots devant son état-major. De Gaulle accepte volontiers et glisse dans son discours «j'amène avec moi le commandant Coulet qui s'occupera de l'administration à Bayeux.» Après quoi, De Gaulle se rend à la sous-préfecture dans une relative discrétion, les habitants de Bayeux ayant afflué place du Château, où sa présence a été annoncé pour 16 heures.

Vers 15h30, De Gaulle rejoint ses fidèles parmi lesquels le général Kœnig, l'amiral Thierry d'Argenlieu, Palewski, Thierry d'Argenlieu, de Boislambert, le colonel Rémy, de Chévigné, Pierre Laroque, Maurice Schumann, le commandant de Courcel, et François Coulet, appelé à prendre la succession du sous-préfet Rochat nommé par Vichy. Il s'agit ni plus ni moins que de roder la première prise de possession sous l'autorité du Gouvernement provisoire de la République française d'une portion du territoire métropolitain... Ce petit coup d'Etat accompli, De Gaulle se rend à la place du château, sous les acclamations de la foule, où une estrade avait été dressée par une poignée de résistants, et après s'être fait présenté quelques personnalités de la ville dont le maire, Dodeman, l'évêque et le président du Tribunal d'instance, il prononce la courte allucution suivante:
«Nous sommes tous émus en nous retrouvant ensemble, dans une des premières villes libérées de la France métropolitaine; mais ce n'est pas le moment de parler d'émotion. Ce que le pays attend de vous, à l'arrière du front, c'est que vous continuiez le combat aujourd'hui, comme vous ne l'avez jamais cessé depuis le début de cette guerre et depuis juin 1940. Notre cri maintenant comme toujours, est un cri de combat, parce que le chemin du combat est aussi le chemin de la liberté et le chemin de l'honneur. C'est la voix de la mère patrie... Je vous promets que nous continuerons la guerre, jusqu'à ce que la souveraineté de chaque pouce de terre soit rétablie. Personne ne nous empêchera de la faire.
«Nous combattrons aux côtés des alliés, avec les alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la liberté, et la victoire de la France.
«Je vais vous demander de chanter avec moi notre hymne national, La Marseillaise.»

Affirmer à la calme population rurale de la Basse Normandie qu'elle n'a cessé de combattre depuis juin 1940, pourrait assez apparaître comme une galéjade. Mais, dans la réalité, ce discours constituait effectivement pour De Gaulle le meilleur moyen de lui rallier l'ensemble de la population, celle qui, en sa grande majorité, n'avait pas perçu la grande clairvoyance de l'Homme du 18 juin 1940, (10) pour se rallier au "maréchalisme". Et ce ralliement, de caractère quasiment absolutoire, était de nature à impressionner le commandement allié et les chefs d'Etat de l'alliance. C'est très exactement la répétition du mécanisme qui se déclenchera lors de la libération de Paris, où De Gaulle va acquérir la stature et la notoriété d'un homme politique incontournable.

De Gaulle devant la foule à Bayeux
cliquer sur le lien
Au premier plan devant De Gaulle à gauche,
le général Kœnig, à droite Robert Schumann.
Après quoi, le général De Gaulle a bien du mal à se frayer un chemin pour se rendre à Isigny, où il parviendra vers 17 heures dans la cité sinistrée, où les habitants acclament De Gaulle depuis les ruines de leurs maisons alors que les américains se battent à environ quatre kilomètres de là. Pourtant des ruines qui hantent le carrefour de la Grande Rue avec la rue de la mairie, jaillit une véritable forêt de drapeaux tricolores.

Là encore, De Gaulle est appelé à prononcer une allocution, juché sur une voiture hyppomobile, qui lui sert de podium improvisé:
«Je suis très heureux de voir rassemblée ici la population chère et meurtrie de notre chère et meurtrie ville d'Isigny. Je sais quelle souffrance a traversée Isigny. Ce sont les souffrances que chaque parcelle de la France devra traverser avant d'atteindre la libération. Mais je sais comme vous, que cette épreuve ne sera pas inutile. C'est grâce à cette épreuve que nous ferons l'unité et la grandeur de la France. Je veux qu'avec moi, vous ayez au cœur un sentiment d'espérance et qu'avec cette espérance, vous chantiez La Marseillaise.»
Avant même que le général De Gaulle ait entonné les premières mesures de l'hymne national (NdR dont le chant était interdit par l'occupant allemand et considéré comme séditieux pendant l'occupation hors la présence du Maréchal) la Marseillaise avait jailli de toutes les poitrines de la foule...

Le général De Gaulle se rendit encore à Grandcamp où il prononcera sa troisième allocution de la journée avant de reprendre le chemin de Courseulles-sur-Mer et de l'Angleterre sur la Combattante.

Mais l'épisode le plus important sera joué au lendemain de son départ, par François Coulet qui s'est adjoint Raymond Triboulet comme sous-préfet de la République à Bayeux. Coulet a en effet commencé son mandat de Commissaire régional de la République en faisant placarder dans les villes visitées par le général De Gaulle, la proclamation gouvernementale suivante:

Aux populations libérées

Le Gouvernement provisoire de la République française m'a confié la charge de le représenter et d'exercer les droits de la souveraineté française dans les territoires libérés de la région de Rouen.
A tous ceux qui, depuis quatre ans, ont poursuivi sous la menace de l'ennemi et de ses complices la lutte pour la libération du pays, j'apporte le témoignage de la reconnaissance de la nation.
A tous ceux qui ont subi et subissent chaque jour encore la souffrance de la guerre, j'apporte l'assurance et la sollicitude du Gouvernement.
La guerre continue.La bataille de la France se poursuit au milieu de nous. Au-delà des lignes, les combattants de l'intérieur harcèlent l'ennemi sans ralâche avec un courage et une ardeur qui font l'admiration du monde. Il faut qu'ils soient notre inspiration et notre exemple. Les Français déjà libérés par l'effort gigantesque des Armées alliées, ont le devoir de mettre, eux aussi, toutes leurs forces au service de la lutte pour la libération et la grandeur de la France. A nos amis britanniques et américains, vous devez apporter toute l'aide en notre pouvoir, fraternellement unis dans un même combat pour un même idéal.
Tout cela, le général De Gaulle vous l'a dit hier en parcourant nos villes et nos villages libérés. Nous marcherons ensemble dans la voie qu'il nous a tracée.

Bayeux, le 15 juin 1944

François Coulet,
Commissaire régional de la République

Après le départ du sous-préfet Rochat, remplacé le même jour par Raymond Triboulet, François Coulet attend de pied ferme la réaction de l'armée d'occupation anglaise en se gardant bien de se présenter aux Civils affairs. Une première démarche du Major Goodings a lieu à la demande du général Lewis. Elle ne donne rien. Quinze jours plus tard c'est le général Lewis en personne et son état-major qui se rendent à la Sous-Préfecture de Bayeux, où Lewis rencontre Coulet. Le général Lewis déclare tout en fixant Coulet du regard: «Voici quels sont nos plans, et comment nous entendons mener notre action dans le pays que nous avons libéré. Nous entendons ne pas nous mêler de l'Administration française et nous voulons que l'ordre règne. quant à vous, nous savons que vous êtes ici sans l'accord de nos gouvernements et nous acceptons votre présence et celle de vos collaborateurs, mais à titre provisoire.» A quoi Coulet répond du tac au tac dans un Anglais impeccable: «Cette guerre est aussi la notre; nos amis sont les mêmes; nos méthodes sont presque semblables. Quant à ma présence ici, elle ne dépend pas de vous. J'ai reçu du général De Gaulle l'ordre d'être ici et je ne sortirai d'ici que sur son ordre... » a-t-il conclu en se levant pour signifier la fin de l'entretien.

Le colonel Chandon, qui avait raccompagné le général Lewis et son état-major, est alors revenu vers Coulet pour lui glisser dans l'oreille:«Ils sont très contents, vous parlez très bien l'Anglais!...»

Le général de Gaulle, alors nommé
général à titre temporaire
Beaucoup de thuriféraires du Général de Gaulle ont souvent oublié la vision que de Gaulle avait eu dès 1934 dans le «Fil de l'épée» des rapports entre l'Armée, le peuple et les politiques dans la Guerre de mouvement moderne. Il en a tiré portant deux enseignements prémonitoires, qui ont, en définitive, toujours guidé son action dès le 18 juin 1940 jusqu'à la reconstitution du pays, voire postérieurement alors qu'il craignait pour la France une troisième Guerre mondiale à laquelle il entendait préparer le pays. Ainsi, a-t-il écrit-il notamment dans le dernier chapitre du «Fil de l'épée» (11) intitulé (La Politique et le soldat, III):
... «Au début de la lutte la collaboration est des plus simples, car le sort du pays ne dépend que de la conduite des opérations. La conduite de la guerre est donc bornée au travail diplomatique pour nous procurer des alliances nouvelles, nous ménager de futurs concours, et à l'action morale en faveur de l'union sacrée.... le cractère de crise brutale que revêt la guerre de mouvement confère au commandement militaire la plupart des attributs propres au gouvernement.
«Mais celui-ci, les fronts une fois fixés, repasse au premier plan. C'est le peuple qu'il faut mettre en ordre. Lever des effectifs, mobiliser l'industrie, administrer le moral des citoyens, s'accorder avec les Alliés, telle est la grande Affaire.» Et à l'égard des élites militaires ou politiques, Charles de Gaulle s'est fait beaucoup plus intransigeant dans la dernière phrase de son ouvrage qui a, en réalité, guidé une bonne partie de sa vie politique: «Ceux-là, en dépit du tumulte et des illusions du siècle, qu'ils ne s'y laissent pas tromper: il n'y a pas dans les armes de carrière illustre qui n'ait servi une vaste politique, ni de grande gloire d'homme d'Etat que n'ait dorée l'éclat de la défense nationale.»





Notes sur les Sources:
  1. Se reporter à «Ultra in the West», par Ralph Bennet, p. 74, de l'Edition Hutchinson & Co Ltd, 3 Fitzroy Square.
  2. Se reporter à la page web «D-Day 1944, Air Power Over the Normandy Beaches and Beyond,» Richard P. Hallion, Air Force Historian.
  3. «Normandy to Baltic», par le Maréchal Montgomery, pp. 54 à 56 de l'Edition Hutchinson & Co Ltd, 3 Fitzroy Square, London.
  4. .
  5. Se reporter à «Ultra in the West», par Ralph Bennet, pp. 80 à 82, de l'Edition Hutchinson & Co Ltd, 3 Fitzroy Square.
  6. Ce chapitre est inspiré par le chapitre VIII du livre du Maréchal Montgomery «Normandy to Baltic», Edition Arrow Books Limited 1961. Nous laissons au lecteur le soin d'apprécier les propos du Maréchal.
  7. Voir «La seconde guerre mondiale» par Raymond Cartier, Edition des Presses de la Cité, Paris, p. 324).
  8. Voir «La seconde guerre mondiale-1942-1945» par Raymond Cartier, page 333 de l'Edition de la librairie Larousse et Paris-Match, Paris
  9. Sur ce point, il convient de se référer à l'excellente analyse de l'historien Robert Aron dans son «Histoire de la Libération de la France» (tome 1), pages 96 à 100 de l'édition Fayard en livre de poche, par exemple).
  10. Voir le chapitre III de l'«Histoire de la Libération de la France» (tome 1) de Robert Aron.
  11. On peut également prendre connaissance de l'allocution radio diffusée du 22 juin 1940 du général De Gaulle sur le site de l'INA
  12. «Le fil de l'épée», par le général de Gaulle, édition Michèle Trinckvel.





Page précédente

Page suivante







dernière mise à jour le 28 avril 2015.