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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Dordogne

Pour naviguer dans les pages du département, cliquer d'abord sur la page à consulter
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Genèse et organisation de la Résistance
Les forces en présence
Les terrains de parachutages
La chronologie de la répression et des combats
L'inventaire des maquis
Chronologie en décembre 1943
Chronologie des combats
et exactions:
Janvier 1944
Février 1944
mars 1944
avril 1944
mai 1944
juin 1944
Jusqu'au 14 Juillet 1944
Suite de la chronologie
de la répression et des combats:
15-31 juillet 1944
Août 1944
Les colonnes infernales SS:
La division Brehmer
Brehmer ou l'épouvante nazie:
combien de suppliciés?
La division "Das Reich"
Bilan des exactions
de la 2ème SS Panzer Division et du
1er passage du Kampfgruppe "Wilde"

Le retour en Dordogne
du Kampfgruppe "Wilde"

Les Kampfgruppe "Bode" et "Ottenbacher"
Quelques chiffres sur le bilan
de la résistance en Dordogne
Le casse de la Banque
de France en gare
de Neuvic-sur-l'Isle

Résistance, Maquis et Libération du département de la Dordogne (suite de la page 3)

Voici ce qu'a écrit à ce propos Anthony Cave Brun (14): "La route du rail était coupée. Das Reich n'avait plus pour se déplacer, que ses propres moyens, mais il restait à Lammerding à trouver assez d'essence pour le faire. La ligne de marche de la division l'obligeait à passer par l'un des sous secteurs de Forgeron, entre Bergerac et Périgueux. mais là, dans les pittoresques vallées de la Dordogne, de la Vézère, de l'Auvézère , de l'isle et de la Dronne, le maquis avait tendu quelques-uns de ses pièges parmi les plus retords. Les maquisards de Philippe de Gunzbourg étaient partout. dans les villages de tuiles rouges et de pierre brune, sur les affleurements de granit suspendus au-dessus des routes, près des vieux ponts dans les ruines gauloises et romaines, dans les cavernes et les grottes de cette partie de France où Richard Coeur de Lion avait, dit-on, été mortellement blessé. Il se livrait là à des embuscades audacieuses, semaient des mines qui ressemblaient à de la bouse de vache, canardaient les tankistes , debout dans leurs tourelles, retardant leur progression en truffant les routes d'assiettes renversées qui ressemblaient, vues du périscope des chars, à des bosses de mines affleurant le sol."

Philippe de Gunzbourg n'était autre que "Philibert", à la tête du réseau Prunus, qui dispensait à profusion armes et explosifs dans le sud-ouest pour le compte du SOE de Buckmaster, et dont la tête était mise à prix par la Police allemande. Voici une traduction de l'hommage qui lui a été rendu à sa mort, le 19 juillet 1886, par l'Angleterre:
"Le Baron Philippe de Gunzbourg, dont le courage est connu et ses exploits accomplis avec la section française du S.O.E. pendant la deuxième guerre mondiale, est mort le 10 juillet. "Fils d'un banquier russe et d'une mère française, de Gunzbourg ne s'est jamais senti à l'aise dans le monde juif cosmopolite de ses parents, et, en tant que jeune homme, il était un play-boy et un rebelle. Quand l'armée française l'a démobilisé en 1940, il a rejeté toute idée sécurisante d'émigration et a choisi au contraire d'acheter une ferme près d'Agen dans la zone non occupée. Dès 1941, il a établi le contact avec un émissaire britannique de la section française du SOE et a commencé à travailler pour l'organisation."
"En 1943, alors que les Allemands avaient occupé la totalité de la France, sa participation s'était développée et il a envoyé son épouse Antoinette, leurs deux enfants et leur bonne d'enfants anglaise en sécurité en Suisse."
"Sous le commandement de George Starr, un des agents les plus connus du SOE dans le sud-ouest de la France, de Gunzbourg a assumé la responsabilité du secteur autour de Sarlat, de Bergerac et du Nord du Lot-et-Garonne. Il s'est montré un organisateur exceptionnel, réunissant tous ceux qui l'entouraient dans une force combattante efficace et mettant en échec les tentatives des Allemands de la détruire. Son œuvre a porté ses fruits en juin, 1944, au moment du débarquement en Normandie, quand les Allemands ont dû sans tarder envoyer leur 2ème SS Panzer Division (Das Reich) vers le champ de bataille de Normandie en traversant sa zone.
"Casernée au voisinage de Toulouse à D+1, la division das Reich a été prévue pour atteindre le front des combats où ses chahs lourds les plus nouveaux auraient pu avoir un effet décisif à D+3.
Dans ces circonstances, la division a subi un tel harcèlement des maquis de de Gunzbourg, et des autres Maquis SOE-implantés plus au nord, que son mouvement s'est allongé à dix-sept jours - un retard d'importance stratégique à un moment où les alliés combattaient violemment pour consolider et tenir leurs têtes de pont. et où, ils considéraient avec une inquiétude considérable l'intervention d'une nouvelle division de première classe, blindée et pleinement équipée au profit de la défense allemande. "Au lieu de cela, avant même l'arrivée de la division das Reich à l'arrière des lignes allemandes près du champ de bataille à D+17, les qualités et le moral au combat de beaucoup de soldats avaient été minés par les attaques des guérilleros.
"Beaucoup estimaient que la MBE de de Gunzbourg's (décernée à titre militaire) ne lui reconnaissait qu'un rôle limité dans ces événements.
"Après la guerre, il a consacré beaucoup de temps et des ressources considérables aux problèmes de ceux qui avaient été ses compagnons d'armes; et en dépit d'une position considérable parmi les gens du pays, il n'a jamais cherché à briquer de fonctions politiques. (…)"
A signaler, que Philibert est aussi le créateur de "France-Prune", plus connue actuellement sous la marque de "Maître Prunille".

Bilan des exactions de la 2ème SS Panzer Division et du passage du Kampfgruppe Wilde en Dordogne

Du 8 au 14-6-1944: Des unités de la division "das Reich" ont traversé le département de la Dordogne. Mais dans le même temps, le Kampfgruppe Wilde de la 11ème SS Panzer division, parti de Libourne le 11 juin a également traversé le département, en empruntant la route Périgueux pour se rendre dans la région de Donzenac au nord de Brive le 20 juin 1944.Voici un récapitulatif des opérations qui paraissent y être liées et qui sont intervenues pendant cette période (15) les opérations imputables à la colonne Wilde étant spécifiées:
La localisation marquée d'une croix gammée des attaques et crimes commis
par la 2ème SS Panzer Division et le Kampfgruppe Wilde(11èmeSS Panzer Division)
Le numéro d'ordre est celui du classement chronologique correspondant à l'ordre de la liste ci-après, les opérations attribuées à la colonne Wilde étant signalées par un W .
  1. Combat de Groléjac (le 8-6-1944) contre les SS avec le groupe AS Corrèze. Ils ne sont que 19 hommes commandés par Roger Gerrand et Joffe Camille (Marcel Malatray, Louis Coquil et JB Thières sont tués au combat) et rejoints par le maquis AS Alberte (9 hommes) commandé par Lucien Dubois (nommé la veille sous-préfet de Sarlat) auxquels se joignent des villageois. 7 patriotes sont passés par les armes.
  2. Combat (le 8-6-1944) à Cazoulès (Hubert Yves, lieutenant FFI mort au combat)
  3. Combat du groupe AS Alberte commandé par H. Beylot à Rouffillac face à la division DasReich.
  4. Combats (probablement avec le groupe AS Alberte) (le 8-6-1944) avec le groupe de combat "Wilde" opposant à Carsac-Aillac. Cette bataille rangée, souvent appelée bataille de la borne 120 entre Carsac et Neynac a opposé 180 FFI à quelque 600 SS. 13 otages de 17 à 80 ans sont massacrés.
  5. Combat de St-Pierre d’Eyraud (le 9-6-1944) (Jean Lamolie, 14 ans, tué au combat).
  6. Combat (le 9-6-1944) à Thenon de la 223ème Cie FTP (Ranoux Paul y participe).
  7. Combat (le 9-6-1944) au Fleix (Camille Georges, instituteur, morts au combat).
  8. Début le 9-6-1944 des combats de Mouleydier. Les Allemands engagent 88 blindés et des canons contre les maquis Soleil et la population. Vers 10 h le 11-6-1944, suite des combats de Mouleydier (Jacques BAUER, Diaz Navarro, morts au combat) alors que les maquis Soleil convergent vers Bergerac, ils sont arrêtés par une concentration massive de troupes nazies, juste au moment où les maquis de l’A.S. abandonnent le secteur sous le commandement de Guérin, chef de groupe AS. Le 12ème bataillon FTP commandé par Dessalien, ou «rasemotte» , capitaine à 17 ans engage le combat. Les combats sur Mouleydier, malgré le soutien des bombardiers alliés dureront jusqu’aux 21 et 23 juin 1944 dans la ville martyre qui sera totalement incendiée.
  9. Combat (le 9-6-1944) au Lardin-St-lazare de la 223ème Cie FTP (Présence de Géraudy François).
  10. Combat (le 9-6-1944) au pont de Coutou (Camille Georges, mort au combat).
  11. Combat (le 9-6-1944) du maquis Bertrand à Miramont-de-Guyenne (Louis Frétillères, mort au combat).
  12. Une attaque (le 10-6-1944) des GMR du maquis en forêt de Vieillecourt conduira à l’arrestation de 10 maquisards du groupe FTP Tarzan.
  13. Une équipe de Jetburghs est parachutée à Ste-Nathalène.
  14. Un état-major dit inter-allié est installé d’abord à La Vitrolle de Limeuil, puis à Lapoujade d’Urva. Il est dirigé par Jacques Poirier, responsable du SOE en Dordogne et a pour objet de coordonner l’aide des alliés aux résistants.
  15. Terrasson est occupée le 10-6-1944par la division "Das Reich". Si le Maire, Georges Labarthe évite un bain de sang à la population, la ville paye un nouveau tribut aux SS de das Reich: la rue Margontier, l'hôtel de ville et les archives disparaissent dans les flammes. Fernand Limouzy, capturé les armes à la main (1er bataillon FTP) par un élément de la division Das Reich est pendu à un balcon. La 221ème Cie FTP sous les ordres Pierre Goumet combat les SS.
  16. Combat le 10-6-1944 à Monbazillac (René Kempf, mort au combat)
  17. A Fossemagne (le 11-6-1944), Jean Deltreuil est assassiné par les SS de "das Reich".
  18. Combat le 11-6-1944 de Lesparat à Boulazac (Schwartz, Georges Joyeux, Faure André, morts au combat) engagé par le maquis l’Ancêtre Karl.
  19. A Mussidan (déjà ville martyre), des maquisards engagent le 11-6-1944 un violent combat contre un train de soldats allemands. (Blanchard, Fabric, Le Roy, Rode, Saussac, Vorion et William trouvent la mort dans cette action. Le Kampfgruppe Wilde passe à l'attaque et reconquiert le terrain. En représailles, Hambrecht, soutenu par les bicots (Ben Keddi Haddou est qualifié de bourreau de Mussidan) fait passer par les armes le lendemain 52 personnes plus 2 maquisards (dont Bienfait André, Blaes Léon, Bondieu Gabriel, Raoul Grassin, fusillés le 12-6-1944. Le maire Grassin est fusillé en tête des 54 otages. Plusieurs d’entre les phalangistes, repérés après la libération seront traduits en cour martiale et la sentence sera exécutée sur le champ. Parmi les otages de Mussidan sont fusillés le 12-6-1944 dans la rue, avec une extrême sauvagerie: Bourson Paul, Camille Bousquet (Sourzac) Cavazutti , Clovis Longuaud, Joseph Hermann, Lucien Herskowitz, André Gros, Marcel Giraudon,Giraud, Maxime Gardillou, Jean Flayac, Eugène et Félicien Folny, Roger Eyraud, Roger Delebret, Raymond Diebolt, Georges Duluc et René (17 ans), René et Ray Dumonteil, Jean Dupuy, Georges Duteuil, otages.
  20. Jean Faucher de La Bachellerie est abattu le 11-6-1944 par les nazis.
  21. Entrés à partir du 8 juin 1944 en Dordogne par les marches de l'Est du département, les éléments de "das Reich" ont mis en moyenne trois jours pour atteindre Périgueux en traversant la moitié du département. Les embarquements en gare de Périgueux se font à partir du 12 juin à midi pour s'achever le 14 juin au soir en une quizaine de rames dirigées vers Angoulême et Poitiers (1, pp. 300 à 305) (ndlr.Les rames de trains TCO allemandes ne dépassaient pas 400 hommes, et pour les trains transportant des blindés dépassaient rarement 300 hommes, par mesure de sécurité. Ce sont donc au maximum quelques 5.000 hommes et leurs équipements qui ont pris la direction de Poitiers). Encore faut-il observer que de nombreux chars (60 p.100) et des half-tracks (30 p.100) étaient en difficulté... faute de pièces détachées... Or, à la gare de marchandises de Poitiers, les chasseurs bombardiers et les bombardiers alliés vont copieusement arroser les convois de blindés (ndlr: le traitement des gares de triages par les bombardiers alliés associaient à des bombes incendiaires au phosphore à des bombes de 500 kg à une tonne destinées à déformer les aiguillages qu'il était indispensable de déposer et de changer. Pour retarder ces changements, ils larguaient également des bombes à retardement, voir des bombes à fragmentations). Au point qu'une fois arrivés en Normandie, bien plus tard (voir les pages consacrées à la Basse-Normandie), les éléments de "das Reich" devront être placés en réserve, voir pour certains en reconstitution d'unités combattantes.
  22. Arrestation le 12-6-1944, à Eglise-Neuve-de-Vergt, de Marie Dupuy, agent de liaison du maquis. Elle est fusillée le lendemain à Limoges.
  23. Eclancher M. est fusillé le 12-6-1944 à St-Astier. On peut penser que cet acte est imputable aux SS du Kampfgruppe Wilde
  24. Au hameau des Piles (hameau d’Antonne), des éléments du Kampfgruppe Wilde combattent le 12-6-1944 contre des FTP du groupe l'Ancêtre Karl auquel se joint le groupe Ricco (Marcel Gibertie blessé). Les Allemands abattent 12 otages (toute la famille Frydman, Antonne et Trigonant, Damis, ). Les maisons du bourg sont incendiées sur l’ordre du SD Hambrecht avec l’aide des bicots et 14 victimes sont exécutées. Valentine Bussière, 23 ans, agent de liaison de l’état-major FTP est également massacrée aux Piles très probablement par la colonne Wilde.
  25. Surpris par une patrouille allemande, Marcel Delord est fusillé le 12-6-1944 à Rossignal (Chalagnac).
  26. Combat le 13-6-1944 de la Ribeyrie (Lembras) du maquis ORA Joseph (Baillardi, Leblave, Constant Fardil, morts au combat) Ils sont rejoints le lendemain par le groupe Bir Hakeim et par Lucien Marcou pour l'ORA.
  27. Sur la place Montaigne à Périgueux, la Gestapo torture et achève le 13-6-1944 avec une sauvagerie raffinée 5 jeunes raflés dans le secteur de Mareuil qui agonisent lentement à la vue de la population maintenue à distance (Marcelin Besse, Marcel Descout, Maurice Dufour, Roger Pignon et Albert Viaud).
  28. Du 14 au 19 juin 1944, une colonne blindée du Kampfgruppe Wilde, occupe Bergerac. Toujours est-il que le le 14 juin, un combat a eu lieu à La Ferrière, avec l'exécution de plusieurs patriotes à Gageac-Rouillac parmi lesquels Roger Lolivet.
  29. Le 15 juin 1944, des unités issues du Pz.Gren.Rgt.111 (dépendant du Kampfgruppe Wilde) ratissent le secteur de Corgnac avant de quitter le département en direction de Brive. On ignore les résultats de ce ratissage.
D'une façon certaine, on sait les colonnes de la 2ème SS Panzer Division et celle du Kampfgruppe SS Wilde venue en Dordogne pour empêcher l'encerclement de la précédente en Corrèze avec pour seconde mission des opérations toujours qualifiées de police ont causé en moins d'une semaine la mort au combat de 15 maquisards, celle de 111 personnes parmi lesquelles une grande majorité d'otages, auxquels s'ajoute l'arrestation de 10 personnes par les G.M.R. Deux constatations s'imposent: la première, c'est que les SS étaient pressés par le temps et que donc ils avaient beaucoup moins de temps à consacrer aux opérations de police, la seconde c'est que cette fois, ils trouvent des points de résistance des maquis notamment à Mussidan, où, on le sait, les soldats allemands ont eu des morts qui ont été vengés par l'exécution de 54 otages exécutés. Il est clair que le commandement des SS était contraint de faire des choix entre bataille rangée ou opération de police. Un seul hameau, celui des Piles près d'Antonne sera incendié par les SS de Wilde tandis qu'à Terrasson, grâce à l'intervention du maire, la population est épargnée contre la destruction par incendie de la Mairie et de toute la rue Margontier.

Le choix des éléments statistiques des exactions attribuées à la 2ème SS panzer Division a été fait en fonction de critères de localisation et de stratégie. Ce n'est en effet pas par hasard, si au lieu de traverser le département de la Dordogne en un jour, la 2ème SS Panzer Division en a mis 5, pour finalement atteindre partiellement Poitiers. Pour se dégager, l'etat-major allemand a dû faire appel à la 11ème SS Panzer Division en formation près de Bordeaux.

C'est dans ces circonstances que le sabotage des voies ferrées et la bataille du harcèlement contre une partie de la 2ème Panzer SS s'est révélée si efficace pour les alliés que le SOE a délégué une équipe de Jedburghs et des officiers de liaison pour la mieux coordonner. Il est évident que les exactions commises la police allemande, Hambrecht en tête, la phalange, la milice et les GMR en vue de trouver des renseignements militaires sont intrinsèquement liés à la présence en Dordogne des deux divisions blindées SS, dont une partie (de l'ordre de 30%), non équipée était au demeurant restée à Montauban. Il parait vraisemblable que, stratégiquement, devant les retards que la 2ème SS panzer avait accumulé en Corrèze, son état-major a cherché à se frayer un chemin via Périgueux et Angoulême. Manifestement le commandement de la Division a finalement dû renoncer à cette solution, ... pour devoir atteindre Poitiers via Limoges! Et la colonne "Wilde" est venue lui prêter main forte en Corrèze. Ainsi, beaucoup de temps, de matériels et des hommes ont été perdus. Mais l'enjeu était tel que les alliés n'ont pas hésité à alléger leur parapluie aérien sur les troupes en Normandie pour venir soutenir les maquisards périgourdins, qui, il est vrai ne disposaient pas d'artillerie lourde ou non.

Quoiqu'il en soit, le bilan du passage des colonnes de SS en Dordogne a du faire apparaître aux habitants du département que, comparé au bilan du passage de la division Brehmer marqué par une certaine passivité des périgourdins, il y avait, somme toute, tout à fait avantage à prendre les armes, ne serait-ce que pour défendre sa peau ou celle de ses proches. La radicalisation de la lutte contre l'occupant cumulée avec les attaques opiniâtres des alliés, qui résisteront avec succès aux tentatives allemandes impuissantes à les rejeter à la mer vont donc susciter un afflux considérable de maquisards candidats à la Résistance.

Le retour en Dordogne du Kamfgruppe "Wilde" (11ème SS Panzer Division)

L'un des meilleurs spécialistes français sur l'histoire des blindés et des fortifications allemands en France durant la deuxième guerre mondiale est un libraire, passionné d'histoire A. Chazette, qui a créé un forum spécialisé sur le sujet. Le chapitre qui suit est en grande partie inspiré des renseignements historiques donné lors d'un forum sur son site, renseignements recoupés par ailleurs par d'autres sources consacrées à la libération de la Dordogne.

Après avoir subi de lourdes pertes en 1943 à Bjelgorod et Kriwoj-Rog et s'être échappée de l'encerclement par l'Armée rouge à Korsun., la 11ème SS Panzer Division a été casernée à Libourne en vue d'être reconstituée et restructurée avec des éléments de la 273ème Panzer Division de réserve. Comme cela a été le cas partout en France dans les divisions allemandes venant de Russie, il s'agissait non seulement de rééquiper les unités en matériel neuf, parfois sorti des usines françaises, mais encore d'y amalgamer des jeunes conscrits de 17 et 18ans, cooptés pour servir dans les divisions SS dans les rangs de la jeunesse hitlérienne. Ce Kampfgruppe (groupement de combat) Wilde était justement placé sous les ordres de l’Oberstleutnant (Colonel) Wilde également commandant du Pz.Gren.Rgt.111. Entièrement mécanisé, il regroupait, afin de lutter contre les maquis et de venir soutenir la 2ème SS Panzer division, les 1er et deuxième bataillons du 111èmerégiment de Panzer Grenadiere, et des éléments de Panzer Jäger armés de 12 pièces de 7,5 cm (Pak 40), de 4 pièces de 10,5 cm, de 4 pièces de 10,5 cm et d'une batterie de 4 pièces de 10 cm (K1). L'un des problèmes posés par les activités de cette colonne et que la colonne concurrente Bode a hélà exercé ses talents en Dordogne pratiquement dans le même laps de temps.

Du 20 au 26 juin 1944, les détachements SS de Wilde opèreront en Corrèze où ils perdont 67 SS (et leurs équipements) et occuperont brièvement Salignac-Eyvignes le 22 et Terrasson le 23. Mais à partir du 26 juin, les SS de Wildese sont scindés en trois sous-groupes, dont l'un opèrant en Dordogne, va être sévèrement accroché par les maquisards périgourdins:
La localisation marquée d'une croix gammée frappée d'un W des attaques et crimes commis
par les détachements SS du Kampfgruppe Wilde(11èmeSS Panzer Division)
  1. Le 25 juin 1944, le bourg de Salignac est à nouveau investi par un premier détachement et les exactions commencent; la Gendarmerie et de nombreuses habitations sont alors incendiées.
  2. Le 26-6-1944: le détachement du Kamfgruppe Wilde est vraisemblablement responsable des méfaits suivants:
  3. Le 27 juin 1944,
  4. Le 28-6-1944:
  5. 29-6-1944:
  6. Le 01-7-1944: alors que l'état-major interallié s'installe, d'abord à Vitrolle, puis très vite à La Poujade afin de coordonner sous la direction de l'officier du S.O.E. Jean Poirier, l'aide des alliés (Parachutages, assistance et soutien aériens, bombardements des troupes ennemies...), le Kamfgruppe Wilde décroche et rejoint Cahors et Montauban via Lalbenque. Le 4 juillet, le PC du 111ème Panzer Regiment Grenadiere est installé à 17h00 à Villeneuve sur Lot.
Quelles premières conclusions peut-on tirer des opérations du second passage des détachements SS du Kampfgruppe Wilde en Dordogne, détachements qui ont parfois été confondus avec ceux du kampfgruppe Bode appartenant lui aussi à la 11ème SS Panzer Division.

Au bilan du second passage dans le département de la colonne Wilde, il y a 47 morts au combat et 71 personnes exécutées. Il y a également les incendies des villages de Salignac, Carsac, le pillage de Molières et les massacres et déportation massives au village de Sarliac. Des manifestations qui, on le sait, avaient pour objet de venger des SS morts au combat.

Là encore, il paraît évident que les détachements SS de Wilde agissaient sur renseignements de police sans aucun doute fournis à la police allemande par ces bons Français qui n'hésitaient à se débarrasser de leurs voisins en les dénonçant. Mais cette fois, certaines des opérations se sont montrées coûteuses. Après quelques jours d'actions coups de poing bénéficiant de l'effet de surprise, la colonne conçue pour faire la chasse aux maquisards par des coups de main éloignés de ses bases a montré ses limites devant la hargne de ses ennemis d'autant plus ivres de vengeance que les SS reproduisaient de façon non symbolique mais sur une échelle moins vaste la terreur de la division Brehmer qui l'avait précédée. Bref, le chasseur risquait de se transformer soudainement en lapin. Telle est sans doute la raison pour laquelle la colonne Wilde a du quitter son champ d'opérations, avec du matériel qui avait beaucoup servi et commençait à montrer des signes de fatigue. Le fait est d'autant plus remarquable que la colonne Bode, utilisant les mêmes méthodes agissait dansle même sens au même moment.

Le Kampfgruppe "Bode" et "Ottenbacher" (11ème SS Panzer division)

Ce groupement de combat devant opérer dans le Bergeracois est mené par le Major Karl Bode commandant le bataillon de Panzer 11. Caserné à Castillon, le Kampfgruppe Bode qui relève de la 11ème SS panzer Divion a fait mouvement dès le 18 juin en direction de St-Foy la Grande. Il est constitué d’une compagnie d’état-major (Stabskompnie), de trois compagnies de combat (Aufklärungskompanien), complété par une compagnie de service (Versorgungskompanie), le tout motorisé sur half-tracks semi chenillés armés pouvant se déplacer à plus de 50 km/h sur route (autonomie de 300 km) et sur camions. Sa puissance de feu est appréciable: 7 canons de 75mm, 10 avec mortier de 8,14 cm, 3 pièces de 3,7 cm Pak 36 tractées, et 8 Pz-Wagen armés de canon de 2 cm KwK.

Le 18 juin 1944, le Kampfgruppe dépasse Ste-Foy la Grande et investit Bergerac dans la soirée non sans avoir perdu quelques véhicules ayant sauté sur les mines posées par le groupe (A.S.) Loiseau.

Les maquisards du groupe FTP "Soleil" qui pensaient pouvoir libérer Bergerac très rapidement se sont concentrées autour de Mouleydier, alors que les maquis de l'AS (groupes Alexis, Cerisier, Marsouin, Loiseau, Bertrand, Leduc, Pistolet et Max), dépourvus d'armes anti-chars et de communications avec les FTP se retirent. Quoi qu'il en soit, les FTP et FFI maintiennent la pression jusqu'au 22 juin, jour de l'assaut allemand, qui avait reçu des renforts (il s'agit d'une unité de la 11ème SS panzer Division commandée par l’Oberleutnant Otto Schulze-Roeder), contre les positions des maquisards reconnues préalablement par un avion d'observation.

Les maquisards doivent décrocher malgré le soutien de quelques chasseurs bombardiers anglais et perdent une trentaine d'hommes, tandis qu'une dizaine de maisons restent seulement debout à Mouleydier incendié. Dans cette affaire, les SS semblent tout de même avoir perdu quelques 200 hommes. La victoire des SS est amère et ressemble assez à une bateille à la Phyrhus. Le Kampfgruppe "Bode" va rester en Dordogne jusqu'au 16 juillet 1944, date à laquelle il se retirera vers Villeneuve-sur-Lot. Il paraît vraisemblable, s'agissant de reprendre le contrôle d'un département dans lequel la police allemande et ses auxiliaires français zélés avaient de plus en plus de difficultés à se déplacer que des détachements de la colonne Bode ont assisté la gestapo dans ses expéditions punitives. Or, les colonnes de Bode entièrement motorisées étaient équipées pour se déplacer et intervenir rapidement dans un rayon de 60 à 80km autour de Bergerac.

La localisation marquée d'une croix gammée frappée d'un B des actions militaires et crimes commis
par les Kampfgruppe Bode et Ottenbacher (11èmeSS Panzer Division)
Voici le détail des opérations durant la période allant du 22 juin au 16 juillet 1944:
  1. le 18-6-1944:
    1. Le soir, arrivée à Bergerac du Kampfgruppe «Bode» de la 11ème SS Panzer en Dordogne.
    2. Combat au Fleix du Groupe AS Jean (Georges Boudou, mort au combat).
  2. le 21-6-1944:
    1. A Lalinde, 300 réfractaires au S.T.O. sont dénoncés à la Gestapo par des collaborateurs. 20 patriotes sont fusillés et 7 autres déportés.
    2. Combat des Tuilières (Jean Grenier, mort au combat Noël Georges et Louis, Henri Langlade, Robert Lavari, Ponterie Gonthier, Henri Gaumard sont pris et fusillés à St-Germain et Mons).
    3. Combat de Mouleydier du groupement Bode avec le groupe AS Sam (Bonnat, Borderie, Bouysset Jean, Robert Lamarque, René Julien, Gabriel Guimbaud, Jean-Robert Grillety, morts au combat). Le FFI blessé Eugène Grollier est jeté encore vivant dans une maison incendiée.
    4. Combats à Pressignac-Vicq (Baron H., Bernazeau, Burgin Karl, Maurice Rousseau, Gustave Mondou,Labasque, Fernand Lucas, André Houbre, Guy Hugon, Benjamin Goldenberg, Didier Gauville, André Farges, Albert Ehretsmann, Emile et Georges Dalibon, Robert Dreyfus, André Dumas, Georges Dupuy, morts au combat). En tout, on dénombre 42 victimes dont des civils du village. Le village est incendié et 7 des habitants déportés mourront dans les camps.
    5. Combat à St-Germain et Mons (Bronsard Robert , Emile Fourcroy, François Diot, tués au combat). Pierre Frances, Gustave Dondard et Antoine Engler, sont capturés et fusillés.
  3. le 22-6-1944 (colonne de la Pz.A.A.11 assistée par des membres du SD et la Hilfspoleizei):
    1. Combat de la Feuillade (à Coursac camp du maquis Jean-Bart) de l’AS Rolland (Aubry, Alfred Priss, morts au combat). A la suite de ce combat, le groupe AS Pichardie doit être reformé.
    2. Combat du groupe Marianne à Vergt (De Kessling, mort au combat).Gaston Bloch, otage fusillé à Vergt.
    3. Combat de Breuilh du groupe « Mercédès » (André Pluvieux, Gilbert Nozière, Gaston Guinaberts, André Dussolier, Marcel Duval, tués au combat).
  4. Le 23-6-1944: Combat des FFI de St-Georges de Blancaneix (Maurice Bonnet, mort au combat).
  5. le 24-6-1944 (le bataillon Pz.A.A.11, qui ratisse également le secteur ouest de Beaumont) :
    1. A Siorac, au carrefour de routes de St Cyprien et Le Coux, les FTP de Soleil tendent une embuscade à 35 blindés et 1.500 soldats de la colonne Bode. Desbert ouvrier agricole et Marcel Desplat, combattant de l’AS du Coux, est exécuté au barrage du Coux par les Allemands.
    2. Combat de la Ménuse à St Félix-de Reilhac mené par un groupe de soutien de Combat créé en septembre 1943 (Louis Brun, Marc Gay, Roger Dumonteil, morts au combat). 5 hommes ou femmes de ce groupe sont capturés et fusillés (dont Bost Gérard, Maurice Lasserre à Journiac).
    3. A St-Cyprien, 500 SS de Bode incendient deux maisons et libèrent les collaborateurs détenus dans l’ancienne abbaye de St Cyprien. Pierre Jeannins et Eugène Drapick sont fusillés en représailles. Fabre Georges, du groupe Max, arrêté à St-Cyprien et fusillé à Monplaisant.
    4. Bode et son unité tuent, pillent et incendient ensuite Sainte-Alvère.
    5. Les maquis occupent le camp de Mauzac où une centaine de miliciens sont retenus puis transférés dans l’ancienne abbaye de St-Cyprien.
  6. Les 25 et 26-6-1944:
    1. une colonne intervient dans le secteur d’Audrix et une seconde dans le secteur de Bergerac ,sous les ordres directes de l’état-major du Generalleutnant Ottenbacher dépêché sur place.
    2. Le kampfgruppe "Bode" tue et pille et au Bugue et à Montignac.
    3. Le 26-6-1944, Louis Desplat, en mission FFI est capturé à Cénac, torturé, et achevé au pont de Vitrac.
    4. les SS de Bode sont également à St-Cybranet, où ils exécutent trois personnes.
  7. Le 27, une partie de la Pz.A.A.11 est engagée à St-Cyprien et Castelnaud :
    1. Combat de Mayac d’un groupe FTP contre un détachement de la colonne "Bode".
  8. du 28 au 30 juin un sous-groupement de la Pz.A.A.11 patrouille le long de la route Marmande - Bergerac et est engagé dans le secteur d’Issigeac-Beaumont. Bilan 20 morts.
  9. 7-7-1944:
    1. Jean Blondel, maire de St-André-d'Appelles, fusillé à Bergerac pour avoir déposé un drapeau tricolore sur la dépouille d'un résistant.
    2. Exécution aux Eyzies de Jean Grandet , lors du passage d’un détachement de la colonne "Bode".
    3. Combat de Pineuilh du groupe A.S. Martin (Bottgen J., Léo Grandet, morts au combat).
  10. Le 9-7-1944:
    1. Combat de Beaumont-du-Périgord du groupe AS Pinson qui perd son chef Pierre Loiseau, chef de l’AS Dordogne sud.
    2. Combat de l’AS Marcel à La Cropte contre le groupement Ottenbacher (11ème SS Panzer Division).
    3. Combat de l’AS Lavaud de Thiviers à Nanthiat contre le groupement Ottenbacher.(11ème SS P. D.). Henri Buisson et Jean Lolivet, capturés par le groupement Ottenbacher au pont des Mauroux (Nanthiat) sont fusillés. Est également fusillé à Nanthiat, André Gibert du maquis FTP Ricco.
    4. Combat à Sarrazac du groupement FTP Ricco contre le groupement Ottenbacher. Henri Dubreuil est fusillé, et Raymond Goinaud et Esthève René sont fusillés par les Allemands au Moulin de Betoule).
    5. Poursuite du Combat du maquis FTP Rico de La Sarlandie (à Payzac et Lanouaille ) contre une colonne allemande , probablement contre le même groupement de la 11ème Panzer Division. Baumgarten, Brenière Maurice, Pierre Dupuis, morts au combat.
    6. L’aérodrome de Roumanières, tenu par les allemands est plastiqué par une équipe de 9 maquisards du groupe Loiseau. L'opération conduite par Dagnon va contribuer à entraver la maintenance et les déplacements des colonnes de Bode: l'essence y est stockée et la maintenance des engins de la 11ème SS Panzer division y est assurée. Les Allemands ne seront délogés de l'aérodrome de Roumanière que le 21 août 1944.
    7. Le 9-7-1944 : Lavergne est brûlé vif dans sa ferme à St-Avit–Senieur.
    8. Georges Laroubine, abattu par les Allemands à Eyzerac.
    9. Roger Célérier, officier FFI est exécuté près du pont de Corgnac-sur-Lisle après avoir été torturé par des miliciens.
    10. Georges Expert, 25 ans est abattu au lieu-dit Sarlandie à Lanouaille.
  11. Le 10-7-1944 : Charles Faerber (68ans) fusillé par les Allemands à Eyzerac.
  12. Le 12 juillet, une partie de la Pz.A.A.11 (colonne Bode)ratisse le secteur de Sarlat.
  13. Le 14-7-1944, la Pz.A.A.11 est de retour à Périgueux: Massacre de 10 maquisards du Groupe Veni dans une ferme proche de Ste-Sabine (dont Angély, Caminade Raoul, Théodore Langenus, Louis Galvaing, Georges Dubé).
  14. Le 16-7-1944 des éléments de la Pz.A.A.11 entrent en action à Villeneuve sur Lot et à Bergerac: Arrestation de Gaston Daguin (ORA) déporté et mort à Buchenwald.
  15. Le 18-7-1944: avant de quitter le département, l’un des kampfgruppe relevant de la 11ème SS Panzer division attaque le camp de Martel (du maquis Ancel à Marsaneix). Gérard Chabenat, Chabot Guy, Gustave Nievenglowski, Claude Nozières , Simon Foppolli, Albert Fournier, tombent au combat.
Le bilan de l'épouvante que les colonnes "Bode" et "Hottenbacher" ont tenté de semer en Dordogne s'établit ainsi de façon certaine à 52 morts au combat, 90 civils tués ou passés par les armes, 43 personnes arrêtées qui ont probablement grossi l'effectif des otages détenus dans les geôles du 35ème, et 307 déportés. Il s'y ajoute les incendies (probablement précédés de leur mise à sac) des villages de Sainte-Alvère et de St-Cyprien, des pillages et massacres au Bugue et à Montignac.
Mais les pertes de ces colonnes mobiles SS sont probablement appréciables. Et leur départ sans tambour ni trompette seulement parsemé d'une vingtaine de morts le long de leur retraite pour se reformer à Villeneuve-sur-Lot ressemble à s'y méprendre à celui de la frousse du désir de vengeance des maquisards et résistants. Il ne restait plus alors aux maquisards périgourdins qu'à affronter les quelques 2.000 hommes des garnisons allemandes, alors qu'ils étaient eux-mêmes beaucoup plus nombreux.

Quelques chiffres sur le bilan de la résistance en Dordogne

Jacques Lagrange chiffre comme suit les chiffres des pertes humaines en Dordogne (2):
  1. En 1943 : 15 résistants tués , 5 blessés et 102 prisonniers.
  2. Du 1-1-1944 au 6-6-1944 : 91 tués, 21 blessés, 55 prisonniers.
  3. Jusqu’au 20-8-1944 : 354 tués, 155 blessés, 59 prisonniers.
  4. Mais il indique par ailleurs le chiffre de 778 civils passés par les armes durant l'oppression nazie, chiffre qui inclurait les Juifs exécutés sur place.
  5. Pour sa part, l'ennemi aurait subi 1437 tués, auxquels il faut ajouter 117 GMR (Groupe mobiles de réserve) ou miliciens.
Pour apprécier ces chiffres, il convient d'évaluer les effectifs des résistants ou maquisards. Jacques Lagrange rappelle quels sont les effectifs de combattants volontaires recensés officiellement:
  1. au 1er juillet 1942: 28 officiers, 46 sous-officiers, 790 soldats.
  2. au 1er juillet 1943: 113 officiers, 306 sous-officiers, 2.388 soldats.
  3. au 1er janvier 1944: 200 officiers, 396 sous-officiers, 5.118 soldats.
  4. au 1er juillet 1944: 582 officiers, 1.340 sous-officiers, 17.926 soldats et 3.800 divers.
  5. au 1er juillet 1944: 833 officiers, 2.168 sous-officiers, 23.955 soldats et 5.850 divers se répartissant ainsi:.
    1. 20.960 résistants engagés à l'A.S.
    2. 8.034 aux FTPF
    3. 2.457 à l'O.R.A.
    4. 1.355 relevant à la fois de l'O.R.A. et de l'Armée secrète.
Face à ces maquisards en chemises, il y avait quelque 2000 soldats allemands encasernés dans le département, auxquels s'ajoutait la milice, recrutée essentiellement dans le service d'ordre de la légion, soit pour la Dordogne 442 francs-gardes obéissant à Joseph Darnand et au commandement régional allemand, les GMR au nombre de 220 casernés à Périgueux obéissant à Vichy, et une poignée de collaborateurs aux ordres du SS Michel Hambrecht ainsi que la Hilfpolizei constituée par une grosse vingtaine de phalangistes nord-africains venus de Paris (environ la moitié d'entre eux n'ayant pas réussi à fuir avec l'armée allemande sera exécutée à la libération du département). Bien sûr, viendront s'ajouter aux troupes allemandes statiques, les colonnes infernales SS que l'on vu à l'œuvre ci-avant.

Le bilan de la Résistance en Dordogne
(carte levée en 1963 par M. G. Morquin pour le Comité d'Histoire de la 2ème Guerre mondiale)
Un autre bilan partiel a été cartographié en 1963 par M. G. Morquin. Cette carte qui est exposée au musée de la Résistance de Bergerac dresse le bilan suivant qui porte sur quelque 148 communes de la Dordogne: On ne peut tenir rigueur à l'auteur de cette carte d'avoir ignoré l'importance des assassinats et les quelque 1700 déportations de juifs résidant ou réfugiés en Dordogne (15), l'administration préférant ignorer le problème. Néanmoins cette carte offre l'avantage de montrer que quasiment tous les "pays" du département ont été touchés par les exactions de la soldatesque SS. Les incendies de quelques 4.300 maisons et la destruction de plusieurs hameaux et villages sont de nature à avoir provoqué une véritable levée en masse engendrée pour effacer la terreur et l'épouvante qui avaient été semé avec tant d'opiniâtreté par les hordes D'Hitler. Aujourd'hui encore, on trouve sans peine des traces pour ne pas dire des blessures dans l'esprit des êtres qui ont vécu cette période ou de leurs descendants.

Face aux exactions nazies, les maquisards ne sont pas restés inactifs:
  1. du 1er janvier au 6 juin 1944, ils ont procédé à 152 exécutions de gestapistes, miliciens légionnaires,...
  2. du 6 juin au 20 août 1944, ils ont procédé à 176 exécutions.
  3. Après cette date, 54 condamnations prononcées judiciairement ont été appliquées.

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Notes sur les Sources:
  1. «1944 en Dordogne», de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux.
  2. "Dictionnaire de la Résistance en Dordogne" de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux
  3. "Les résistants, l'histoire de ceux qui se refusèrent" de Robert Ballot aux Editions Larousse (p. 79)
  4. Terrasson et vous.
  5. Le massacre de Saint-Orse.
  6. Terrasson, dans le Périgord noir.
  7. Histoire de la ville de Terrasson.
  8. CHARLES LOUIS MANGOLD, alias "BROSSARD", alias "COMMANDANT VERNOIS"
  9. le cénotaphe du mur des fusillés à la caserne du 35ème.
  10. France d'abord, Dordogne (A.N.A.C.R.)
  11. Rachel Goldefer raconte et témoigne des crimes de Sainte-Marie-de-Chignac, répertoriés"7 AV 59" aux archives départementales.
  12. Le blog du site aschkel consacré à la Dordogne.(cliquer d'abord sur Documents, puis ensuite sur Caisse 7)
  13. L'autorisation d'intégrer les éléments relevés par le blog d'Aschkel dans l'inventaire des faits de résistance en Dordogne a été obtenue des responsables du site Aschkel. Ces évènements font en effet à l'évidence partie intégrante de l'Histoire de la France.
  14. "La guerre secrète, ou le rempart des mensonges, le jour J et la fin du IIIème Reich", par Anthony Cave Brown, (Editio Pygmalion, p. 300).
  15. Pour plus de détails, on peut consulter un ouvrage de Bernard Reviriego intitulé "Les Juifs en Dordogne. 1939-1944. De l'accueil à la persécution", édité en 2003 par les Editions Fanlac. les noms de de plus de 1700 juifs résidents ou réfugiés de Dordogne qui ont été déportés y sont indiqués.
  16. Rappelons pour mémoire que le massacre d’Oradour-sur-Glane (en Hte-Vienne) a eu lieu le 10-6-1944.
  17. 26 juillet 1944: le Hold-up des FFI, article paru dans "La vie du rail" du 3 juillet 2000.


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modifié le 27 avril 2015.